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En Marche ou "le retour des sans-culottes aux bourses pleines"
©Gilles BASSIGNAC / AFP

Bonnes feuilles

Nul ne sait où il va, s'il ne sait d'où il vient. Tel est l'enjeu de l'histoire : apprendre à observer le passé pour mieux comprendre le présent et tenter d'anticiper l'avenir. Une tâche rendue possible parce que l'histoire se répète - au moins deux fois, sinon plus. "La première fois comme une tragédie, la seconde fois comme une farce" , précisait Karl Marx. Nous pouvons en rire, mais la farce perd de son mordant s'il s'agit de vivre à nouveau les moments les plus sombres de notre histoire. Extrait de "L'histoire se répète toujours deux fois" de Dimitri Casali et Olivier Gracia, publié aux Editions Larousse. 2/2

Dimitri  Casali

Dimitri Casali

Dimitri Casali est Historien, spécialiste du 1er Empire et ancien professeur d’Histoire en ZEP, il collabore régulièrement avec la presse écrite, la radio et la télévision. Il est auteur d’une quarantaine d’ouvrages notamment : La France Napoléonienne (Albin Michel 2021), le Grand Procès de l’Histoire de France, lauréat du prix des écrivains combattants 2020 (Robert Laffont 2019), du Nouveau Manuel d’Histoire préface de J-P Chevènement (La Martinière 2016), de l'Altermanuel d'Histoire de France (Perrin), lauréat du prix du Guesclin 2011 ; l'Histoire de France Interdite (Lattès 2012). Par ailleurs, il est le compositeur du « Napoléon l’Opéra rock » et de l’« l’Histoire de France l’Opéra rock », spectacles musicaux historiques et éducatifs.

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Olivier Gracia

Olivier Gracia

Essayiste, diplômé de Sciences Po, il a débuté sa carrière au cœur du pouvoir législatif et administratif avant de se tourner vers l'univers des start-up. Il a coécrit avec Dimitri Casali L’histoire se répète toujours deux fois (Larousse, 2017).

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Pour « marcher », la République peut aujourd’hui miser sur l’ambition de ses députés surdiplômés, surfiscalisés, surclassés, qui troquent bien volontiers leurs ambitions entrepreneuriales contre un titre plus prestigieux car hier inaccessible. La « révolution politique macroniste » est digne de la révolution bourgeoise de 1830 dans ses causes, avec une même volonté : en finir avec les vieilles dynasties politiques entachées d’immobilisme et de conservatisme. Les électeurs, las des promesses électorales de leurs députés historiques, se sont tournés vers de jeunes amateurs, aux visages inconnus et aux promesses floues, dignes représentants d’une société civile aisée nourrie au libéralisme et à la mondialisation. La jeune garde du président bourgeois connaît l’entreprise parce qu’elle en vient. Karl Marx, le premier, imaginait la révolution comme la victoire d’une classe dominante sur une autre ; Emmanuel Macron, lointain descendant de la génération de 1789, inaugure une nouvelle abolition des privilèges en appelant à ses côtés les aristocrates déchus des républicains et du PS, prêts à renier leur famille politique et à troquer leur honneur pour quelques fonctions ministérielles.

L’abstention record du second tour de l’élection présidentielle et des deux tours des élections législatives révèle toutefois une victoire plus marketing que populaire, avec une majorité de Français qui a préféré abdiquer que de confier les pleins pouvoirs au nouveau président fraîchement élu. La faible représentativité de l’Assemblée, tant par l’hégémonie sociale de ses élus que par les maigres suffrages obtenus, nuance la pleine victoire de La République en marche, toujours menacée par des partis extrêmes et une rue en constante ébullition. Si le président en marche est parvenu à envahir le pays légal, il a fort à faire pour tenir le pays réel. Quand le chef suprême détient les armes exécutives, réglementaires et législatives, il lui reste la rue à maîtriser. Les velléités toutes personnelles, voire quasi autoritaires, d’un président réformateur par ordonnance ont tout à craindre du pouvoir populaire. Comme Louis-­Philippe, Emmanuel Macron confisque la démocratie représentative entre les mains de sa jeune garde libérale et mondialiste tout en excluant les classes moyennes et populaires de sa puissance jupitérienne. La République en marche est un régime où l’on croise « les gens qui réussissent et ceux qui ne sont rien1 ». La révolution politique de 2017 a tout à craindre d’une révolution populaire aussi féroce que ses aînées. Le peuple en marche, « ceux qui ne sont rien », est aujourd’hui la seule chose qui peut faire trembler La République en marche.

Extrait de "L'histoire se répète toujours deux fois" de Dimitri Casali et Olivier Gracia, publié aux Editions Larousse. 

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