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Vrais faux milliards : pourquoi le grand plan d'investissement du gouvernement est en réalité bien modeste
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Ce lundi 25 septembre, le premier ministre Edouard Philippe a présenté le plan d'investissements du gouvernement, qui figurait au cœur du projet d'Emmanuel Macron, pour un montant de 57 milliards d'euros.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : Alors que le gouvernement est attendu sur le plan du redressement des finances publiques, quel sera l'impact annuel d'un tel plan d'investissements sur les déficits ? Comment est-il financé ?

Philippe Crevel : On en sait désormais un peu plus sur ce à quoi va servir ce plan d'investissement. En revanche tout cela reste relativement flou sur les questions de son financement. On a à priori un recours à l'emprunt, ce qui augmentera notre niveau effrayant de dette publique. Il est probable que le gouvernement utilise des ressources de privatisation mais le problème c'est qu'ils les ont déjà affectés à d'autres objets. Enfin ils sont allés trouver au fond des trous des ressources des plans d'investissements précédant (de Nicolas Sarkozy et François Hollande) qui n'auraient pas été utilisées. L'équation budgétaire de ce plan n'est pas garantie.

Ce montant de 57 milliards laisse apparaître une utilisation de crédits déjà existants. Quel sera le montant "d'argent" frais, en termes annuels, de ce plan d'investissements ? Faut il y voir réellement un "plan de relance" ? 

N'est pris en compte que le payement des intérêts des emprunts qui sont souscrits par la France. Aujourd'hui, ces taux d'intérêt sont faibles, donc les intérêts à payer seront relativement modestes. Ensuite, ils vont certainement utiliser un effet de levier pour financer certaines opérations avec un système bancaire. Ce qui devrait réduire un peu l'impact en matière de couts de crédits. Donc avec ces 57 milliards répartis sur les cinq années, le coût pour le budget de l'État au niveau annuel sera de quelques centaines de millions d'euros au début hors amortissement du capital. Rien d'effrayant, mais ça ne va pas dans le sens de la réduction de la dette publique qui est de 97%.

Le plan de relance de 57 milliards sur cinq ans est à peu près égal à 2% du PIB, ce qui fait donc 0.4% du PIB chaque année. Si l'on respecte l'équation mise en place, on observe bien que les derniers plans de ce type ont des effets assez faibles, modestes sur l'économie française pour le moment (on n'a toujours pas senti les effets des mesures de François Hollande).

Dans quelle cohérence budgétaire ce plan peut-il s'inscrire ? Entre promesses d'économies d'une part et investissements d'autre part, quel est l'effet global de la politique budgétaire du gouvernement ? 

Le gouvernement fait le pari d'une relance par l'offre. Il est vrai que l'OCDE comme le FMI indique que les pays avancés ont trop réduit ces dernières années l'investissement. Et qu'il est nécessaire de le relancer pour améliorer la croissance. Ici le gouvernement s'appuie sur l'analyse de ces deux organisations internationales. Néanmoins, elles indiquent aussi qu'il faut être vertueux au niveau des dépenses publiques et qu'il faut commencer par nettoyer et assainir les finances publiques et diminuer les dépenses courantes. Emmanuel Macron n'a pour le moment écouté que la moitié du message de l'OCDE.

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