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Polémique sur la com' du MEDEF : et si on osait regarder en face la catastrophe de l'enseignement de l'économie en France
©Reuters

Si l'école faisait son travail, j'aurais du travail

Avec des SI on mettrait l'education en bouteille ! Le moins que l'on puisse dire c'est que l'agence de communication du medef qui a conçu la campagne concernant l'ecole, ferait mieux de retourner... à l'école ! " si l'école faisait son travail , j'aurais du travail !"

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Le slogan est bêtement provoquant et sans talent .

Toutefois on voit bien  ce qui a pu susciter ce pseudo constat qui tombe  à côté de la plaque. Oui, le medef et les patrons en général sont excédés de constater que l'enseignement prodigué aux enfants et ensuite aux étudiants ne les préparent pas au monde de l'entreprise. Même dans les fondamentaux de l'éducation, rien n'est fait pour leur donner l'esprit d'entreprendre et pire, pour leur inculquer le principe de responsabilité individuelle qui seul peut ouvrir les portes de toutes les aventures professionnelles .

 Dans nos entreprises arrivent des jeunes qui n'ont aucune idée de la notion de "client" ,de la relation à l'autre , qui ne comprennent pas ce que peut être une obligation de moyens, qui ignorent tout de l'urgence, d'une exigence professionelle  qu' ils n'ont jamais appréhendée; cela  finit par installer en France la culture du "c'est pas moi qui m'en occupe", nous  sommes les Ponce Pilate de la réussite !

Voila pour l'état d'esprit, qui est accompagné  d'un enseignement économique dont on préférerait presque qu'il soit absent des programmes. Généralement la conquête des droits sociaux et la lutte syndicale y ont la plus large place, le marché est plutôt un mal, la concurrence la mère de tous les maux et le chef d'entreprise n'a pas le beau rôle  ...d'ailleurs si nos jeunes veulent devenir entrepreneurs, la première de leur motivation est de ne pas avoir d'autre patron qu'eux même .

Viennent ensuite les programmes . Le refus d'un enseignement classique , des humanités de jadis,  aurait pu se traduire par des innovations intéressantes. Nenni , l'enfant sous prétexte d'être au centre du système, a perdu estime et respect pour le maitre. On se focalise  dont  des recherches sémantiques d'une pauvreté qui n'a d'égal que le ridicule et l'inefficacité. On ne se lasse pas du ballon,  traduit en" référentiel bondissant" .Ce n'est pas la faute des professeurs qui eux- mêmes vivent en vase clos, au sein d' une armée qui invente inlassablement de nouveaux programmes que de toutes façons ils n'arrivent pas à appliquer, pas manages( horrible mot) mal payés, sans perspectives d'évolution ...

La fac, elle, prépare certainement à beaucoup de choses mais bien peu à l'entreprise, un stagiaire met de trois à six mois à comprendre le milieu où il évolue;nous n'avons pas de jeunes formés à pourvoir la pluspart des postes dont nous avons besoin ,etc.ne parlons même pas de l'APB ? Application post bac ., un cauchemar !

Il est évident que tout cela doit changer, mais c'est tout un état d'esprit du pays qui est responsable .Ce que le raccourci de la campagne de pub ratée du Medef ne laisse pas entendre...cela ne vaut toutefois pas ces cris d'orfraie  et a le mérite d'ouvrir un vrai débat : qu'elle est la finalité de l'école? Pour commencer il faudrait que le corps enseignant et son ministère acceptent que l'entreprise soit, sinon la finalité, du moins un objectif majeur  de l'éducation prodiguée.

La pluspart des professeurs que j'ai interrogés me disent clairement qu' ils ne sont pas là pour " livrer aux patrons des employés  prêts à l'emploi" sic.

Ils ont, dissent-ils , une plus noble approche de leur métier...

Donc oui, un enseignement plus adapté du CP à l'université permettrait un employabilité infiniment meilleure, donc moins de chômage

Dommage ! La pédagogie ne se fait à coup de slogan publicitaire.

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