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Largués ? Malgré la crise en Europe, cette décennie pourrait être celle de la plus forte croissance mondiale du 21eme siècle
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Rugissantes années 10

La nouvelle répartition de la croissance mondiale entre pays développés et pays émergents jette une lumière crue sur la nécessité pour l'Europe de retrouver de la compétitivité.

Denis Ferrand

Denis Ferrand

Docteur en économie internationale de l’Université Pierre Mendès France de Grenoble, Denis FERRAND est Directeur Général de Rexecode où il est notamment en charge de l’analyse de la conjoncture de la France et des prévisions macroéconomiques globales. Il est également vice-Président de la Société d’Economie Politique. Il est membre du Conseil National de l’Industrie et du Conseil d’Orientation pour l’Emploi au titre de personnalité qualifiée. Chroniqueur pour Les Echos, il est chargé du cours d’analyse de la conjoncture à l’Institut Gestion de Patrimoine de l’Université Paris-Dauphine et pour le Master APE de l’université Paris-Panthéon Assas.

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Le centre de gravité de l’économie mondiale poursuit son déplacement vers l’Extrême-Orient et vers le sud. Alors que dans les années 1990, les économies des pays membres de l’OCDE avaient été à l’origine d’un peu plus des deux tiers de la croissance mondiale, cette proportion est tombée à seulement un tiers durant la période 2000-2008. Un exercice de prospective récemment publié par le FMI retient que cette proportion ne sera plus que de l’ordre d’un quart durant la décennie 2010. La contrepartie est bien entendu la montée du poids des économies émergentes et, au premier rang d’entre elles, des BRIC dans la croissance mondiale. 44 % de la croissance du PIB mondial a pris racine au Brésil, en Russie, en Chine et en Inde au cours de la période 2000-2008.La croissance de ces quatre pays a même été responsable de la moitié de la croissance mondiale observée au cours des deux dernières années.

Cette modification dans la répartition de la croissance mondiale va se poursuivre. Elle n’interviendra toutefois pas en raison d’une nouvelle accélération du rythme de croissance des BRIC ; la plupart des prévisionnistes retiennent même plutôt une hypothèse de décélération de ces économies depuis les rythmes très élevés observés durant les années 2000.Elle le fera surtout en raison du poids que ces économies ont désormais acquis dans le paysage mondial. En 1995, le poids des BRIC dans le PIB mondial (en volume) était de 15 %. Il est monté à 17 % en 2000. Il a bondi à 27 % en 2011, principalement sous l’effet du doublement du poids de la Chine dans l’économie mondiale intervenu entre 2000 et 2011. La frégate s’est transformée en porte-avions. Ses mouvements, même s’ils sont moins amples (une croissance un peu moins vive) ont désormais un effet plus massif sur l’activité globale. Une arithmétique de base le montre : une croissance de 9 % d’une entité qui représente 7 % du PIB mondial (en 2000) exerce une contribution de 0,63 point à la hausse du PIB mondial. Si cette entité croît de 8 % alors qu’elle représente (en 2011) 15 % du PIB mondial, elle voit alors sa contribution à la croissance mondiale doubler. En conséquence, même si la croissance des économies émergentes venait à ralentir, ce qui est probable, la croissance mondiale au cours de la prochaine décennie pourrait s’avérer être la plus forte de celle observée au cours des trois dernières décennies.

Cette déformation de la répartition de la croissance mondiale revêt un double enjeu. Le premier est bien entendu celui de l’accès aux matières premières et du coût de cet accès. Le cours du baril de pétrole (Brent) se situe déjà à un record, alors que la zone euro et le Japon, deux poids lourds de longue date de l’économie mondiale,  connaissent une situation de quasi-récession, que la consommation de produits pétroliers n’a jamais été aussi faible depuis 15 ans aux Etats-Unis et que la production mondiale de pétrole est au plus haut. Ces circonstances qui, il y a encore cinq ans, auraient précipité une chute des cours n’ont pas empêché l’envolée de ces derniers. La raison en incombe à la demande chinoise et indienne dont la fringale de matières premières pousse les prix à la hausse, hausse qui pourrait venir menacer la poursuite de l’expansion mondiale de l’activité qui s’opère.

Le second enjeu est plus directement européen et plus encore français. La nouvelle répartition de la croissance mondiale jette une lumière crue sur l’exigence de compétitivité à l’exportation de notre système de production et sur la capacité de notre économie à se projeter hors des frontières communautaires depuis son territoire de compétences. C’est ce chaînon de la compétitivité qui a été manquant au cours des dernières années. C’est lui qui doit être refaçonné pour retrouver une trajectoire de croissance qui est bien plus au grand large qu’elle ne saurait reposer sur les rivages d’une Europe battus par les soubresauts de la crise des dettes souveraines.

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