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Abolissons le principe de précaution. Ou coulons avec lui !
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Les entrepreneurs parlent aux Français

On ne se précipite pas vers l’avenir, en faisant un pas en arrière à chaque innovation.

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Une main qui tremble ne peut tenir le gouvernail du leadership mondial. On ne se précipite pas vers l’avenir, en faisant un pas en arrière à chaque innovation. La France mérite un avenir qui lui est refusé par ce  stupide principe de Précaution, qui ruine les volontés d’innovation d’un peuple qui, pourtant, brille par sa créativité.

L’innovation se nourrit d’un carburant essentiel qui se nomme le risque. La précaution, impose une longue hésitation, incompatible avec le rythme auquel vit le Monde. Le temps que nous tournions notre langue dans notre bouche, les autres nous ont ôté le pain de la bouche. Notre avenir s’obscurcit à chaque précaution inutile. Nous avons fait de la sécurité un objectif au lieu d’en faire un simple moyen, et la France se perd en normes illusoires et hypocrites, qui transforment la société en une mosaïque d’interdits, qui nous prive de liberté et de réussite. Le corollaire de la sécurité, la norme, sera bientôt la seule chose qui soit en croissance en France. Nous aurons bientôt sécurisé ces 2 seuls éléments: la détresse économique et la pauvreté.

Alors Mr le Président, supprimons le principe de précaution.

Pourquoi ? Et en quoi cette proposition serait-elle corroborée par les faits ? Bienvenue dans l’univers de la frilosité et du recul. Bienvenue dans un pays qui aime tuer sa capacité de créativité, son talent, et dont le futur se conjugue un peu plus chaque jour, au passé.

Tout d’abord, retenons que "tous ceux qui font de la précaution un principe, font de la réussite une exception ». L’innovation fait tourner le monde, et la précaution est son ennemi. Un homme, une entreprise, un Etat, qui n’innove plus s’endort et se trouve bien vite remplacé par plus éveillé que lui. C’est ce que nous vivons, depuis que Jacques Chirac, persuadé que la France était irréformable, et dont les 2 mandats furent marqués par l’urgence à ne rien faire, laissant place à « un immobilisme en marche », nous a légué cette bombe à retardement, ce terrain miné, sur lequel viennent mourir chaque jour innovateurs et explorateurs de l’économie Française.

Enfin, prenons quelques exemples récents et navrants, pour ne pas dire, scandaleux.

-Aux USA, pour ouvrir un entrepôt et obtenir les autorisations nécessaires à sa sécurité, il faut en moyenne moins de 8 jours. En France, tenez vous bien, il faut 92 jours ! Un investisseur bien informé, aura vite fait de comprendre que son développement prioritaire devra se faire dans le pays qui lui permet d’aller à la vitesse de ses concurrents. Pas en France.

Le responsable ? Le principe de précaution. Il a « grevé» l’ouverture de tout établissement, de l’obligation réglementaire d’obtenir tellement d’autorisations d’organismes différents, qui, de plus, n’interviennent que de façon chronologique et jamais parallèle (sinon cela serait trop simple), que prendre un entrepôt devient un combat technocratique au lieu d’être un marqueur de notre croissance. Complexifier la volonté d’un investisseur de s’installer en France arrange certainement les fonctionnaires en charges de ces organismes, mais assez peu les chômeurs qui se satisferaient bien volontiers des emplois à créer dans ce secteur.

- A Miami, entre autres, il n’y a pas besoin d’un permis bateau pour conduire un hors-bord. Ainsi les bateaux sont plus nombreux et moins chers. Donc plus accessibles à tous. Aucun taux d’accident spécifique n’est à déplorer et Miami n’arrive nullement en tête des hits parades des accidentés de l’océan. En France, il faut un permis bateau, long et cher à obtenir, ce qui fait du bateau un bien rare et jamais démocratisé.

Pourquoi ? Principe de précaution ! L’humain est irresponsable par nature et pourrait blesser un malheureux nageur, ce dont le permis le préserve totalement comme vous vous en doutez. Le papier rose en main serait une garantie, une sécurité, ce que les faits ne traduisent en aucun cas.

Tous ceux qui ont pris le risque absolu, dans notre pays, de s’aventurer dans la profession de restaurateur, vous expliqueront le cauchemar que représente l’épais maquis de réglementation qui s’abat chaque jour, comme le malheur sur le monde, sur les courageux entrepreneurs de cette profession. Ainsi, cette activité, qui fait la fierté de la France, qui fait rayonner sur les écrans du monde, le talent de nos compatriotes, achève de plus en plus souvent sa course en se fracassant sur une norme stupide et excessive. Notamment sur les dates de conservation ou les conditions de stockage (Ce qui conduit de plus à un gâchis alimentaire indécent quand des millions meurent de faim sur terre).

Nous pourrions laisser s’exprimer le talent et le sens de la responsabilité de nos cuisiniers brillants, afin qu’ils continuent à être incités et aidés, à promouvoir notre savoir-faire. Mais non. Nous avons préféré les ensevelir sous une tonne de normes et décisions fluctuantes. La sécurité d’un jour a remplacé l’assurance d’un avenir.

Nous pouvons mettre cet état de fait au débit de plusieurs facteurs :

La dictature du journal de 20H. Les politiques aiment légiférer à partir de la consternation provoquée par quelques incidents isolés, évoqués par le journal du soir. C’est la Loi du journal de 20H, dont nous devrions interdire d’écoute aux politiques de tous bords, car il les pousse à ce réflexe stupide de faire d’une exception isolée, la règle du lendemain pour tous. Idem pour les accidents de la route, qui doivent à la première larme des foules, entraîner une avalanche de nouvelles mesures sécuritaires pour l’ensemble des conducteurs français. Au final, toujours autant d’accidents, des budgets sécurité routière qui seraient tellement mieux utilisés sur des sujets plus cruciaux, et un conducteur transformé en vache à lait pour gendarmes endormis, qui passent plus de temps à remplir les poches de l’Etat que les prisons. Les voleurs courent. Les automobilistes « escargotent ».

Allons plus loin, pour comprendre comment des diamants à l’état brut, des innovations majeures, capables de nous donner un leadership mondial sur des sujets clés, doivent quitter la France, pour échapper au principe de précaution.

Prenons Carmat. Cette fantastique innovation française, cette performance hallucinante, qui a permis à une association tellement rare, pour ne pas dire jamais vue, entre 2 mondes qui s’ignorent au pays des chapelles et des baronnies, entre ingénieurs et médecins, de faire naître un produit fou. Un cœur artificiel. Capable de redonner la vie à ceux que la nature a abandonné. A redonner l’espoir d’une vie normale à des hommes (et bientôt des femmes) que l’insuffisance cardiaque condamne à une vie sans saveur ou à la mort. A rendre à des familles entières un père à nouveau heureux de ce que la vie réserve à ceux qui ont le bonheur d’avoir une santé de fer. Plus de 50 millions d’investis en presque 15 années, et un succès qui a permis à des patients dont l’espérance de vie se comptait en jours, de pouvoir marcher, vivre, sortir pendant des mois, parfois plus.

On imaginerait que la France, fière, se dise que ce produit consoliderait notre domination mondiale dans le secteur de la santé. On pourrait imaginer qu’elle s’empresserait de donner à Carmat, la capacité d’installer largement, sur tout patient qui meurt de l’attendre, ce précieux cœur qui le ramènera à la vie. On pourrait imaginer, que la preuve faite que le décès des patients n’est plus jamais dû au cœur, mais à l’état des patients, notre pays mette le paquet pour rendre « banal » la production et la pose de ce prodige de technologie au service de la vie.

Et bien non. Principe de précaution. Prendre le risque de quelques décès, l’emporte sur la qualité de vie qui serait rendue au plus grand nombre. Qu’un patient vienne à mourir, et il aura plus d’impact que les centaines qui auront retrouvé le chemin d’une vie normale. Encore l’effet « journal de 20H ». Un simple décès potentiel, permet à la précaution de nous priver d’inonder le monde entier, de cœurs made in France, « made in génie français ». Et accessoirement, de contribuer au rétablissement d’une balance du commerce extérieur qui aurait pourtant besoin d’un bon cœur de remplacement.

Alors Carmat, va devoir, la mort dans l’âme, aller chercher à l’étranger, l’investissement et la mise en œuvre que son pays de naissance lui interdit. La précaution, ce mal français, qui fait que les français ne sont jamais prophètes en leur pays. Encore une fois, la précaution fait de la réussite une ombre qui s’éteint sous le feu de la peur et du manque de courage.

Un dernier exemple pour la route ? Moins vital, mais tout aussi symptomatique. L’inventeur de ce système qui permet, comme dans « Ghost Buster », d’être maintenu en l’air, au dessus de l’eau, par un harnais et un moteur qui vous permet de jouer au Jésus du dimanche. Ce système, dont la version la plus récente est une invention française, a une application récréative qui pourrait être utile dans un pays touristique comme la France. Mais également mille applications militaires ou industrielles. Vous imaginez immédiatement et spontanément, que chaque administration et politique française, s’est alors ruée sur cette opportunité de faire de la France, le leader mondial de cette technologie ? Et ramener des devises à la France ? Oui ?

Eh bien non !!! On lui a gentiment dit d’aller flotter sur l’eau, mais ailleurs. Et il est parti aux USA, où son produit a été immédiatement homologué et qu’il a décliné et vendu comme des petits burgers au lieu de le vendre comme des petits pains… Si jamais un accident était survenu, les petits fonctionnaires de la lâcheté auraient risqué un blâme, et comme disait Coluche, au bout de 10 blâmes, ils risquaient un avertissement.

Monsieur le Président, vous qui voulez conduire la France autrement. Vous qui avez décidé, avant votre départ du précédent Gouvernement, le principe du droit à l’expérimentation, afin de contrer une petite partie des effets de ce principe stupide. Vous qui pensez que la France a du génie et qu’il faut libérer la croissance, libérez nous d’un principe, dont la Constitution elle-même a honte, qui la rend obèse et obsolète, et nous prive du fruit d’un talent dont la France a bien besoin. Soyez la Reine des Glaces de la constitution françaises et chantez avec nous « Libérez, délivrez … ». Nous sommes prêts à chanter avec vous.

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