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139 millions d'€ à gagner : voilà de combien vous auriez réellement besoin pour arrêter de travailler
©Le tirage de l'Euro Million, c'est ce soir

Super cagnotte

Ce mardi 19 septembre, la nouvelle cagnotte de l'Euro millions atteindra 139 millions d'euros.

Philippe Crevel

Philippe Crevel

Philippe Crevel est économiste, directeur du Cercle de l’Épargne et directeur associé de Lorello Ecodata, société d'études et de conseils en stratégies économiques.

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Atlantico : En excluant un tel pactole, en prenant en compte l'achat d'un logement, et en imaginant la situation d'un gagnant remportant la somme de 3 millions d'euros, à quel niveau de vie une telle personne pourrait prétendre, et ce, sans rogner sur son capital ?

Philippe Crevel : Pour trois millions d’euros, tu n’as plus rien ! Pas tout à fait faux même si cela peut aider de gagner un tel montant…

Avec trois millions, notre heureux gagnant décide de s’acheter un bel appartement ou la maison de ses rêves. S’il opte pour le 6ème arrondissement à Paris (100 mètres carrés) ou pour une maison de 150 mètres carrés à Porticcio en Corse avec vue sur la mer, il devra débourser au minimum un  voire deux  millions d’euros. Il lui reste alors de un à deux millions. Quand les taux d’intérêt étaient de 4 à 5 %, il pouvait sans prendre le moins risque et sans toucher au capital récupérer 6000 euros de revenus par mois en ayant placé deux millions en  capital sur le fonds euros d’un contrat d’assurance-vie. En 2017, il gagnera un peu moins de 3000 euros, une fois les impôts payés. C’est un peu plus que le revenu moyen français mais cela ne permet pas de changer de vie. En outre, il aura du mal à trouver un assureur acceptant qu’il investisse à 100 % en fonds euros. Il devra prendre un minimum de risques mais il pourra gagner plus. S’il souhaite arrêter de travailler à défaut d’être déjà à la retraite, il faudra qu’il cotise à la Sécurité sociale et qu’il se paie une complémentaire santé. Au niveau ISF, il a intérêt àprivilégier les placements financiers qui seront exonérés à partir du 1er janvier 2018. Au niveau de l’immobilier, en revanche, il ne pourra pas y échapper s’il opte pour une résidence principale à 2 millions (il bénéficie néanmoins d’un abattement de 30 % sur sa résidence principale). La logique voudrait qu’il choisisse la location.

Pour valoriser son patrimoine, le bienheureux pourra acquérir des parts de Sociétés Civiles et Placements Immobiliers qui procurent de 4 à 5 % de rendement. En règle générale le capital est investi dans des fonds de commerce et dans les bureaux. Il pourra loger ses SCPI dans son contrat d’assurance-vie afin de bénéficier du régime fiscal attractif de ce produit. Mais attention, le régime fiscal devrait changer le 1er janvier 2018. Il devra donc placer son argent avant cette date. Après, s’il verse plus de 150 000 euros sur son contrat, le taux passera de 23 à 30  sur les revenus qui en seront issus. S’il opte pour de la pierre papier, il est probable qu’elle soit soumise à l’Impôt sur la Fortune Immobilière.

Par souci de diversification, il pourra également placer une partie de son pactole sur des titres étrangers via ou non des organismes de placements collectifs ainsi que sur des titres de différents secteurs d’activité. Il aura intérêt à ouvrir un Plan d’Epargne d’Actions qui ne sera touché par la réforme de la Flat Tax. Dans le PEA, les revenus et les plus-values sont exonérés d’impôt sur le revenu, ne supportant que les prélèvements sociaux. Néanmoins, pour bénéficier de ce régime attractif, le PEA doit avoir au moins 5 ans d’existence. Il pourra aussi avoir un compte titre qui sera assujetti sur option à la Flat Tax à 30 % à partir du 1er janvier 2018. Cette taxe remplacera le barème de l’IR et les prélèvements sociaux qui devraient passer de 15,5 à 17,2 % toujours au 1er janvier prochain du fait de l’augmentation de la CSG.

Si notre gagnant a une appétence immobilière, il pourra opter pour des opérations Malraux qui permettent d’acquérir des logements en cœur de ville dans des secteurs sauvegardés. Il pourra ainsi se constituer un patrimoine de qualité en bénéficiant d’un amortissement fiscal intéressant. Il peut également investir dans de l’immobilier avec un objectif de location saisonnière (bénéficiant d’un important abattement), par exemple sur la côte atlantique, la Côte d’Azur ou la Corse avec un rendement de 6%.

Globalement, il peut espérer en combinant sécurité et risques calculés générer un revenu tournant autour de 5000 euros sachant que dans les prochaines années, le rendement des fonds euros de l’assurance-vie baissera ce qui l’obligera à s’exposer davantage aux risques. Mais, évidemment, le patrimoine immobilier locatif restera soumis à l’ISF.

Et dans le cas d'une personne remportant une somme de 10 millions d'euros, et ce, toujours en considérant l'achat d'un logement ? Quel serait son niveau de vie ?

10 millions d’euros est la bonne somme pour changer de vie. En supposant qu’il décide d’acheter une belle résidence autour de 2 millions d’euros, il reste encore à notre gagnant 8 millions d’euros. Il aura intérêt à bien prendre en compte les réformes fiscales à venir. Il aura intérêt à ne pas trop se charger en immobilier et privilégier les titres financiers.

Son objectif sera sans nul doute d’avoir des revenus récurrents sans trop toucher à son patrimoine.

S’il décide de rester en France, les contraintes fiscales vont commencer à se faire sentir. Par ailleurs, la tentation avec un tel gain serait de minimiser la prise de risque. Dans les années 2000, en mettant tout sur des produits obligataires, notre champion aurait pu espérer empocher environ 30 000 euros par mois. Aujourd’hui, il ne trouvera pas en France d’assureur prêt à lui prendre la totalité de son pactole. Il devra accepter de placer au moins 30 % en unités de compte. Avec un rendement moyen des fonds euros qui devrait être de 1,5 / 1,6 % en 2017 et avec des UC qui peuvent rapporter en moyenne 4 %, notre gagnant peut gagner au moins 10 000 euros en net. Au niveau de l’assurance-vie, il pourra souscrire un contrat de droit luxembourgeois. Ces contrats offrent la possibilité d’accéder à plusieurs devises, à une multitude de fonds et bénéficie d’une forte protection qu’en France. Le souscripteur reste propriétaire des fonds versés quand en France il n’est qu’un créancier de la compagnie d’assurance.

Mais avec 8 millions, le gagnant devra de toute façon diversifier son patrimoine. S’il aime l’immobilier, il devra opter pour le statut de loueur en meublé professionnel. Il pourra aussi développer une résidence hôtelière qui lui permettra d’échapper à l’ISF.

Avec un tel gain, il devra consulter plusieurs spécialistes. Il devra surtout ne pas tomber dans  les pièges à gogo, diamants, parchemins.

En se débrouillant bien et en ne puisant pas trop dans son capital, notre gagnant peut donc espérer gagner entre 10 000 et 17 000 euros par mois. En prenant un peu plus de risque, il doit pouvoir obtenir plus de  25 000 euros soit 300 000 euros nets par an. Il peut donc arrêter de travailler, s’offrir des voyages aux Antilles, à la Réunion et en Polynésie en prenant des billets en business class

Enfin, dans une situation où le gagnant remporterait une somme de 50 millions d'euros ? Quel serait son niveau de vie ?

50 millions d’euros, les problèmes commencent.  Il faut jongler avec des sommes importantes avec les impôts. Avec une telle somme  que notre gagnant pourra s’arrêter de travailler ou du moins travailler pour son plaisir. Il pourra louer Saint Emmanuel Macron qui devrait supprimer l’ISF sur les placements financiers et instituer la flat tax. Avec l’ISF encore en vigueur, la facture aurait atteint plus de 600 000 euros avant optimisation fiscale. Certes, avec 50 millions, il y a de la marge mais à compter du 1er janvier 2018, s’il place tout sur des produits financiers, ce sera zéro.

Mais que faire avec une cinquantaine  de millions d’euros,  notre chanceux pourra s’offrir durant 3 à 4 ans la suite royale l’HotelPresident Wilson à Genève (45 500 euros la nuit). Dans le même esprit, il pourra s’offrir plus de 3800 aller-retour Paris-Sydney en première. Il pourrait rêver de s’acheter un jet privé. Pour un GULFSTREAM G550, il devrait dépenser tout son magot. De ce fait, il ne pourrait guère l’utiliser. Certes, les premiers modèles de jet d’occasion sont accessibles à partir de 8 millions de dollars.

En jouant des différents systèmes fiscaux et en répartissant sur différents placements, tout en créant une structure professionnelle en charge de ses investissements, notre gagnant doit récupérer net d’impôt plus de 300 000 euros par mois soit près de 150 fois le revenu moyen français.

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