Nikki Haley : la femme qui contribue à sauver l'administration Trump de l'intérieur en... lui tenant tête<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Nikki Haley : la femme qui contribue à sauver l'administration Trump de l'intérieur en... lui tenant tête
©NICHOLAS KAMM / AFP

Ambassadeur à l'ONU

Nikki Haley, Ambassadeur des Etats Unis aux Nations Unis, portera la diplomatie de Donald Trump lors de cette semaine d'Assemblée générale. Depuis l'investiture du nouveau Président, Nikki Haley, a su gagner la confiance de ses interlocuteurs au fil des mois, fait remarquable dans une administration qui a été marquée par une certaine instabilité.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

Voir la bio »

Atlantico : Comment Nikki Haley est elle parvenue à bâtir cette réputation ? Quelle est son importance aujourd’hui dans le dispositif ?

Gérald Olivier : A lire certains médias américains, Nikki Haley serait en route pour la Maison Blanche... Le poste de Secrétaire d'Etat n'étant qu'une brève étape sur son chemin. Toutefois justement ne brûlons pas les étapes.

Il se trouve qu'au printemps et jusqu'au début de l'été, chacun à Washington était convaincu de la démission imminente de Rex Tillerson et de son remplacement par Nikki Haley. Cette démission n'est pas intervenue. A présent elle est annoncée pour décembre, avec toujours N. Haley pour reprendre la fonction. Nous verrons. Donald Trump a remis de l'ordre dans la Maison Blanche, Tillerson a pris certaines distances. Il a un job a assurer, qui n'est pas de diriger la diplomatie américaine, mais de réformer le Département d'Etat pour en réduire les coûts de fonctionnement. Tant que ce job n'est pas accompli, il  restera et Nikki Haley attendra. Néanmoins c'est bien une des figures montantes de l'administration Trump, qui a réussi à gagner la confiance du président Trump alors qu'elle avait été très critique du candidat Trump. 

Elle l'a fait en défendant à la fois les positions du président et sa politique. Avec une méthode très simple. Récompenser les amis. Sanctionner les adversaires. Elle sait que le monde, et l'ONU, sa principale institution globale, ne peuvent pas se passer des Etats-Unis, ni financièrement, ni militairement, ni même en termes de "leardership", donc Haley en tant que représentante des Etats-Unis à l'Onu prend note de qui soutient les Etats-Unis et qui ne les soutiens pas, non pas simplement au sein du Conseil de sécurité, mais surtout au sein de l'Assemblée générale. Et peu de nations osent s'opposer ouvertement aux postions de Washngton. Elle a ainsi obtenu que 120 nations adhèrent au plan de réforme américain Elle a aussi beaucoup calme les craintes de ses vis à vis concernant les intentions réelles du président Trump.

Après les départs de Steve Bannon et de Sebastian Gorka, une ligne diplomatique plus "claire" semble s'être imposée. Dans quelle mesure Nikki Haley peut elle s'inscrire dans cette "ligne" présidentielle ? Quelle est son influence ?

Haley a un rôle là où l'Onu a un rôle. Par exemple sur la question nord coréenne, et sur la question iranienne. Mais les deux personnages clés en matière  de politique étrangère sont le général Mathis la secrétaire à la Défense, et le général H.R. Mc Master le conseiller à la Sécurité nationale. Par contre obtenir que le Conseil de Sécurité vote deux fois à l'unanimité des sanctions contre la Corée du Nord constitue un gage de ses compétences et de son influence.
Nikky Haley  a gagné sa popularité lors des frappes américaines contre la Syrie, suite à l'attaque chimique menée par les forces du régime de Bachar el Assad à  Khan Shaykhune a printemps. C'est elle qui est montée en première ligne au Conseil de sécurité de l'Onu, un peu comme Collin Powell en 2002, mais avec plus de succès, et comme Adlai Stevenson lors de la Crise des missiles de Cuba en 1962. Elle a fait jouer l'émotion et préparer l'opinion à une riposte américaine et tout au long de cet épisode elle a été en phase avec le président Trump.
Un peu comme lui elle peut avoir un langage dur et brutal mais se montrer conciliante. Elle a beaucoup critiqué Valdimir Poutine et l'attitude des Russes aussi bien en Ukraine qu'en Syrie, mais elle n'a jamais cessé de parler à ses interlocuteurs russes... Idem sur l'Iran. Elle a dénoncé le régime islamique iranien pour les activités terroristes qu'il mène depuis trente ans, mais elle est également parvenu à contenir es ardeurs bellicoses du président et (pour l'instant) à préserver le soutient de l'administration au traité sur le nucléaire de juillet 2015 alors que Trump, candidat,  avait promis de l'annuler.

Alors qu'elle avait été critiquée par Donald Trump lors de la campagne électorale, puis choisie par le Président, en quoi l'ascencion de Nikki Haley peut elle réveler un écart entre les propos, les tweets de Donald Trump, et le contenu de sa diplomatie ?

Il faut vraiment dépasser les tweets de Donald Trump. Ces tweets sont comme les promesses de campagne  des hommes politiques, elles n'engagent que ceux qui les écoutent et les tweets de Trump n'engagent que ceux qui les lisent. Les Tweets du candidat Trump hier et du président Trump aujourd'hui sont d'abord une façon de se défouler, d'évacuer sa colère, son émotion, sa rancœur parfois. Ils sont presque thérapeutiques.  Ils ne constituent pas l’énoncée d'une politique encore moins d'une stratégie. Si vous voulez les prendre au pied de la lettre c'est votre problème, pas celui de Donald Trump. Ni des Etats-Unis. La stratégie et les positions officielles des Etats-Unis sont détaillées dans des documents officiels émanant de la Maison Blanche, du CSN, du DoD, etc mais  pas du seul DT.

Ensuite les tweets de Trump ont une fonction en terme de politique intérieure, ils lui permettent de toucher directement son public (ses électeurs au delà de ses "followers") sans passer par les média classiques, c'est à dire sans être filtré, ou pire détourné, en aucune manière. Trump accuse les média de détourner systématiquement ses propos. Avec ses tweets c'est lui, et personne d'autre, qui contrôle le message. Cela entretient aussi une posture combattive importante, qui est d'apparaître en "rebelle", en "outsider", de continuer de se défier de l'establishment alors même qu'en tant que président, il est devenu l'establishment !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !