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Pourquoi les JO devraient être l'occasion d'envisager la suppression de la municipalité de Paris
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(Grand) Paris 2024

Paris sera ville organisatrice des Jeux Olympiques de 2024. L'occasion d'envisager la mise en œuvre du Grand Paris.

Atlantico : Alors que de nombreux sites sont localisés hors de Paris intra-muros, quelles pourraient être les conséquences sur la structure de la ville de Paris ? Peut-on considérer les JO comme un levier de mise en application concrète du Grand Paris ?

Laurent Chalard : Contrairement à ce qui se passe habituellement dans le domaine culturel ou sportif, où Paris intra-muros concentre très largement les évènements à caractère international, les Jeux Olympiques de 2024 se distingueront par la présence d’un plus grand nombre d’évènements sportifs organisés en banlieue que dans Paris intra-muros, avec un village olympique et un centre des médias, noyaux de la vie olympique, qui se situeront en banlieue, en l’occurrence respectivement dans la Plaine-Saint-Denis et au Bourget, ce qui n’était pas le cas dans le schéma de la candidature aux Jeux Olympiques de 2012 face à Londres, où le village olympique devait se développer en intra-muros dans le quartier des Batignolles. On peut donc dire que les Jeux Olympiques de 2024 seront réellement les Jeux Olympiques du Grand Paris, ce qui constitue une bonne nouvelle pour le développement de la métropole.

Dans ce cadre, les Jeux Olympiques constituent un levier certain pour le projet du « Grand Paris », car ils vont permettre l’accélération du déroulement des travaux des grands projets de transports, dont le métro du Grand Paris Express, en banlieue, et obliger les élus franciliens à réfléchir globalement, à l’échelle de la métropole, et non plus uniquement à l’échelle de Paris intra-muros et de quelques communes limitrophes vivant sous sa dépendance.Ce serait donc logiquement l’occasion d’en profiter pour faire, enfin, émerger une entité institutionnelle métropolitaine qui tienne la route, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

Quelles sont les faiblesses actuelles du Grand Paris, dans son aspect institutionnel ? Quelles seraient les solutions envisageables permettant de répondre au défi institutionnel du Grand Paris ?

Aujourd’hui, le Grand Paris se caractérise par une fragmentation institutionnelle très forte (rien que dans l’unité urbaine définie par l’Insee, il y a plus de 400 communes !) et un empilement des structures (communes, intercommunalités, départements, métropole du Grand Paris, région Ile de France), qui rendent complexe le gouvernement de la métropole, puisqu’il existe beaucoup trop d’acteurs pour faire émerger un consensus global, d’autant qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les collectivités locales, permettant à celles de rang supérieur (comme la région ou la métropole du Grand Paris) d’imposer leurs vues à celles de rang inférieur (les communes). A l’heure actuelle, la métropole du Grand Paris, censée résoudre le problème, est une « coquille vide », sans budget et sans pouvoir, alors que les intercommunalités reposent sur des périmètres purement politiques et non d’aménagement du territoire. Finalement, il semble n’exister que deux réels acteurs métropolitains, que sont la région Ile de France, représentée par Valérie Pécresse, et la municipalité de Paris, représentée par Anne Hidalgo, comme en témoignent les évènements internationaux, où le « couple »s’affiche ensemble pour faire la promotion de la métropole-capitale. Il s’ensuit une concurrence entre les deux institutions, qui ne facilite guère la gestion de la métropole.

La seule solution envisageable pour résoudre le défi institutionnel du Grand Paris est une solution, qui peut paraître radicale au premier abord, mais logique si l’on effectue une comparaison avec l’organisation administrative des autres grandes métropoles de la planète. En effet, il n’y a que dans l’agglomération parisienne que l’on retrouve une opposition aussi forte entre un intra-muros concentrant la richesse et le pouvoir, géré administrativement par une seule institution, la municipalité de Paris, qui se comporte en « principauté », et un extra-muros, fragmenté en une multitude de communes. Or, pour faire disparaître cette fracture, une seule solution existe, la suppression pure et simple de la municipalité de Paris et son démantèlement en plusieurs communes-arrondissements s’étendant de part et d’autre du Périphérique. Parallèlement, la métropole du Grand Paris reprendrait les pouvoirs d’orientation et de stratégie globale en terme d’aménagement urbain et de développement économique sur un territoire plus vaste que celui actuel, correspondant grosso modoà l’unité urbaine de l’Insee, alors que la région Ile de France conserverait ses compétences et verrait son périmètre étendu à des départements voisins, largement dépendants de la métropole, comme l’Oise ou l’Eure-et-Loir, lui permettant d’assurer une harmonie (et une péréquation) entre la zone urbaine dense et les zones périurbaines de morphologie rurale, qui gravitent autour.

Quels sont les principaux points de blocage à une révolution institutionnelle ? Comment la municipalité de Paris peut-elle s'inscrire dans cette construction ?

Le principal point de blocage tient aux égoïsmes territoriaux, jalousement entretenus par les petits (ou grands !) marquis de la région, dont aucun n’est prêt à se débarrasser de son fauteuil de maire (ou de conseiller départemental) pour l’intérêt général, en l’occurrence celui de la métropole. Cela sous-entend que sans intervention forte du Président de la République, le seul disposant d’une légitimité et d’un pouvoir suffisamment important pour faire passer une réforme contre la volonté des élus locaux franciliens, la fragmentation institutionnelle et l’empilement des structures perdureront longtemps, la plupart des acteurs ayant intérêt à ce que rien ne débouche réellement et que la métropole du Grand Paris demeure ce qu’elle est, c’est-à-dire une « coquille vide ».

Concernant la municipalité de Paris, tant qu’elle existera, peu importe sa couleur politique, elle constituera perpétuellement un blocage puisque, par définition, son pouvoir repose sur l’absence de pouvoir des autres territoires. Elle ne tolérera donc jamais la constitution d’un pouvoir métropolitain fort, sauf si ce dernier venait à être issu d’une absorption/fusion de Paris avec les communes voisines, que ces dernières ne souhaitent pas, mais, qui, de toute façon, ne viendrait pas remédier à la coupure du Périphérique, la nouvelle grande commune restant divisée entre arrondissements intra-muros et anciennes communes extra-muros. Finalement, le malheur de la métropole parisienne est d’avoir en son centre une municipalité de 2 millions d’habitants, dont la puissance financière lui permet de vivre comme une « principauté », se désintéressant totalement de l’évolution du reste de la métropole. Militons donc pour sa suppression !

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