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Social, fiscal, Europe : Macron peut réussir les réformes sociales et fiscales. Mais sur l‘Europe, il va devoir affronter Angela Merkel
©REUTERS/Ralph Orlowski

Inévitable

Le logiciel Macron nécessite trois chantiers de réformes structurelles : le social, le fiscal et l’Europe. Sur l’Europe, il est complètement dépendant de Merkel.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La nouvelle société imaginée par Emmanuel Macron pour mettre la France en position d’affronter la concurrence internationale et de retrouver sa compétitivité, sa croissance, ses emplois et donc son influence internationale, passait par une refonte de l’appareil politique. Le résultat des élections a balayé les vieilles structures et en ont installé de nouvelles dont on ne sait pas encore si elles seront performantes. Une grande majorité de l'opinion l’espère, même si c’est sans beaucoup d’enthousiasme.

Cette nouvelle société implique l’ouverture de chantiers sur trois fronts : le front social, sur le front fiscal et sur le front européen.

Le chantier de la réforme sociale est bien avancé. Les architectes et les maitres d’œuvre ont convoqué cet été tous les corps de métiers. Tout le monde a examiné les plans, les a fait modifier pour arriver à un système décrit dans les ordonnances qui fonctionnera sur deux axes.

Un axe qui va faciliter la flexibilité du travail et la liberté de l'entreprise pour s’adapter aux contraintes de la modernité. Cet axe a été accepté bon gré, mal gré par la plupart des acteurs socio-économiques. Les chefs d’entreprise sont plutôt satisfaits. Ils pensent que si cet axe est bien huilé, ils gagneront en compétitivité et en développement. Les syndicats sont plus dubitatifs. Ils adhèrent à la réforme mais du bout des lèvres parce que ça dépend aussi du deuxième axe.

Ce deuxième axe doit protéger et sécuriser les salariés, mais son fonctionnement va dépendre du rôle des syndicats et de leur puissance. La sécurité au travail, la pérennité des jobs ne va plus dépendre des règles d’Etat mais d’abord de l'action des contrepouvoirs syndicaux. Or, dans un pays où la représentation syndicale ne dépasse pas 5% dans le privé, les syndicats ont du mal à se faire entendre. Il va donc falloir que les syndicats se rendent désirables par les salariés. Il va falloir qu’il développe une offre d’expertise, d’assistance et de services qui aille à la rencontre des besoins de personnels. Tous les syndicats n’ont pas compris que leur rôle principal ne sera pas de s’opposer mais de participer.

Ce sera vrai dans l’entreprise, mais aussi dans les organismes sociaux. Il va falloir que le paritarisme, auquel tout le monde tient, puisse délivrer un retour sur investissement, comme on dit dans l’entreprise. Sinon, le paritarisme sera abandonné par les salariés eux-mêmes.

Cette vaste réforme du modèle social est compliquée mais Macron et sa méthode peuvent la gagner.

La réforme fiscale va démarrer dans quelques semaines avec la présentation de la loi de finances. Le président de la République a parfaitement compris qu’il devait tenir ses promesses de campagne et en même temps préserver les objectifs budgétaires.

Il a compris aussi qu'il bénéficiait d’une conjoncture économique qui pourrait lui permettre de gagner du temps, mais au contraire, il semble vouloir profiter de ce dynamisme économique pour réformer plus vite et plus fort.

Ceci étant, il a aussi compris qu'il ne pouvait pas prendre le risque de casser la dynamique en augmentant les prélèvements. François Hollande l'a fait en début de mandat et il ne s’en est jamais remis. Par conséquent, il n’y aura pas de hausse d’impôts en 2018.

Normalement, les prélèvements devraient baisser de 11 milliards d’euros. La hausse de la CSG sera compensée par les baisses des charges sur salaire. Ce qui veut dire que les retraités (qui ne touchent pas des salaires, mais des pensions) subiront la hausse de la CSG sans contrepartie. Les titulaires de grandes fortunes financières n‘auront plus à payer l'ISF. Les propriétaires d’actifs immobiliers seront eux encore assujettis à l’ISF.

Le seul problème à risque de Macron sera d’éviter le procès en injustice fiscale avec des mesures qui seront plus favorables aux actifs riches, aux entreprises, aux investisseurs donc en raccourci, peut être plus favorables aux riches qu’à la classe moyenne. L'obstacle est très politique, mais avec la majorité qu’il a, il est franchissable.

La troisième grande réforme est beaucoup plus ambitieuse, puisqu’il s agit de changer le fonctionnement de l’Europe et particulièrement de la zone euro. Emmanuel Macron veut répondre là aux dysfonctionnements de l'espace européen qui provoquent à juste titre un phénomène de rejet de la part des populations qui n'en profitent pas. Il veut donner aux peuples européens plus de pouvoir démocratique et donc plus de contrôle. Il veut donner à la gouvernance de la zone euro plus d’efficacité pour l’ensemble des pays membres. D’où un parlement spécifique à la zone euro, d’où un budget européen et un ministre des finances.

Ça veut dire plus de coordination, plus de mutualisation, plus de solidarité etc.

Le problème dans cette réforme sera évidemment de convaincre l’Allemagne de Mme Merkel de jouer le jeu de la solidarité et de la mutualisation. Bref, ça veut dire qu‘elle devra modifier sa politique économique en acceptant moins d’excédents et plus de consommation interne ou d’investissement. Logiquement, les allemands devraient être satisfaits de cette perspective de vivre mieux, avec des infrastructures de grande qualité. Mais la grande majorité préfère la prudence de Mme Merkel à des aventures qui finiraient par obliger les allemands à payer les factures de la Grèce ou même de la France.

Cette réforme implique l’accord des allemands et pour obtenir cet accord, elle implique que les autres pays européens fassent un peu le ménage dans leurs propres maisons.

Ce double pari pour Macron est le plus risqué. C’est la mère de toutes les autres réformes, c’est la condition nécessaire à la restauration du dynamisme de tous les Etats membres. Ce double pari là, qui consiste à dire, je réforme en interne mais Berlin m'aide à finir la fin de mois en attendant que je sois en forme, ce double pari est loin d’être gagné quelque soit le résultat des élections outre-Rhin. 

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