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"Novlangue 2.0" : bienvenue dans le monde merveilleux d'Anne Hidalgo, où tout est "équitable et solidaire"... pour certains quartiers
©Reuters

Bonnes feuilles

Ce livre n’est pas un réquisitoire. Ce livre n’est pas un règlement de comptes. Ce livre n’est pas non plus une hagiographie ! C’est bien pire que cela : une enquête. Voilà donc la vérité sur l’action d’une élue qui rend invivable la vie quotidienne de dix millions d’habitants de Paris et de sa région tout en prétendant l’améliorer... Extrait de "Notre-Drame de Paris" d'Airy Routier et Nadia Le Brun, aux Editions Albin Michel (2/2).

Airy Routier

Airy Routier

Airy Routier est journaliste et éditorialiste à Challenges. Il est l’auteur de plusieurs best-sellers dont La république des loups, Le flambeur : la vraie vie de Bernard Tapie, et Vie et mort du banquier Stern.

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Nadia Le Brun

Nadia Le Brun

Nadia Le Brun est journaliste. Elle est l’auteure de La dame de pique (Éditions First) avec Alain Bourmaud.

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Pour la gourou de la secte écolo, face à l'épouvantable macho hétéro qui détruit la planète au volant d'une grosse berline – ou, pire, d'un 464 ou autre SUV urbain – et symbolise le Mal absolu, surtout s'il vote à droite (ou Macron !), son inverse représente le Bien et l'Avenir. Qui est ce Parisien rêvé ? Un piéton ou un cycliste, célibataire, de préférence de gauche, écologiste et conformiste. Les – petites – familles sont tolérées si elles ne se déplacent qu'avec le passe Navigo. En tout cas, tous se doivent d'obéir au culte de la Secte, celui d'un bonheur obligatoire, urbain et champêtre à la fois.

On exagère ? Bien sûr. Quoique…

« Face aux dégâts de la démocratie d'opinion, Paris fait le choix d'une démocratie de conviction animée par les citoyens, déclame d'une voix monocorde la visionnaire lors de ses vœux pour l'année 2016, où elle annonce le lancement d'une “carte citoyenne”, accessible à tous les résidents parisiens à partir de l'âge de sept ans indépendamment de leur nationalité ou de leur statut. » En clair, une carte accessible aux clandestins et aux sans-papiers. « Il s'agit d'une extension du domaine de la citoyenneté et de la démocratie », conclut-elle, toujours bien-pensante.

C'est une évidence : le Parisien que chérit sa maire parle une nouvelle langue, la novlangue municipale, qu'elle pratique mieux que personne. Lorsqu'on l'écoute, qu'on lit ses discours ou ses communiqués, on se rend compte que le dialogue social est toujours « constructif », qu'une conférence se doit d'être « citoyenne » et un financement forcément « innovant ». Toute plateforme ne peut être que «participative». Pour elle, « l'économie du partage » s'oppose à « l'économie de prédation ». Le Bien contre le Mal ! Et le top, mis dans sa bouche à toutes les sauces, c'est « l'économie circulaire » ! Mais quand celle-ci s'incarne dans Airbnb, au grand dam des hôteliers de la capitale, cela devient « une fraude au meublé touristique ! ». Pas question de parler de salles de shoot, mais de « salles de consommation à moindre risque ». Le 30 mars 2016, la maire annonce 545 000 euros de subventions à 107 associations et évoque la « nécessaire réduction des écarts entre les quartiers populaires et les autres territoires ». Comme si parler des quartiers bourgeois lui arrachait la langue !

« Mon projet de #Paris, capitale de la participation citoyenne inclusive & attractive, repose sur la notion d'#interculturalité#ConseilDeParis », poste la maire de Paris, le 10 mai 2017. Un internaute se moque aussitôt du « tweet le plus politiquement correct de l'Histoire : tous les mots clés y sont ! ».

De fait, dans sa langue de bois, tout est « équitable et solidaire ». Les événements qu'elle organise ne peuvent qu'être « écoresponsables ». Comme c'est la règle depuis Lionel Jospin, un socialiste n'est plus jamais « au pouvoir », mais « aux responsabilités ». On a vu qu'elle promeut les «mobilités douces » et les « déplacements apaisés ».

Quant à Paris, pas question d'évoquer les vrais problèmes de ses administrés : la douce Anne Hidalgo parle d'une «métropole inclusive et bienveillante, durable et innovante ». Loin des rats et des punaises, des listes d'attente pour les crèches comme pour les logements sociaux, des rues bloquées par surprise, il s'agit d'une « ville-monde » tour à tour « cosmopolite », « bienveillante », « refuge », « résiliente » ou « progressiste », et on en oublie. Son budget est « participatif », même s'il s'agit, bien entendu, d'un leurre. Évoquant les 34 distributeurs de seringues proposés aux toxicomanes, la maire évoque une « implantation harmonieuse » alors même que les riverains multiplient les signes d'exaspération !

Parfois, sous ses mots, perce une question : est-ce par flagornerie, condescendance, ou pour faire savant qu'elle dit se rendre à l'invitation du « wali » d'Alger ? Dit-elle le « mayor » de New York et de Londres, ou l'« alcalde » de Madrid ? Ambiguë avec le maire d'Alger, son idéologie pointe lorsqu'elle écrit, à propos de Paris, « qu'une élite ne peut pas concevoir un lieu destiné à tous, un lieu de partage, un lieu populaire ». Certains mots sont imprononçables : la pudibonde maire de Paris se refuse encore à parler de police municipale, préférant le terme de « brigade consacrée à la tranquillité et à la sécurité de l'espace public » ou de « brigades vertes ». Mais rien n'est perdu : elle évolue et a parfois prononcé le mot de « police du quotidien » ou de « police des quartiers ». On frissonne devant tant d'audace !

Extrait de "Notre-Drame de Paris" d'Airy Routier et Nadia Le Brun, aux Editions Albin Michel 

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