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Les nouveaux pères sont plus vieux que jamais et voilà ce que ça change
©Reuters

Il faut vivre vieux

Une étude publiée par le site Human Reproduction montre que l'âge des pères a connu une progression à la naissance de leur premier enfant. Ce phénomène est visible en Amérique, en Asie et en Europe sur les quarante dernières années. Cela implique des changements dans la société.

Maryse Jaspard

Maryse Jaspard

Sociologue et démographe féministe

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Atlantico : Une étude publiée sur le site Human Reproduction montre que l'âge des pères de famille ayant leur premier enfant s'est accru au cours des quarante dernières années. Ce phénomène observé sur 168 867 480 naissances aux Etats-Unis entre 1972 et 2015 est similaire dans des pays comme l'Allemagne, l'Angleterre ou le Japon. Comment expliquer ce choix des pères de retarder la conception de leur premier enfant ? 

Maryse Jaspard : Ce n'est pas un choix conscient de la part des individus. Ces derniers sont pris dans des normes sociales qui participent à retarder les naissances des enfants. L'une des explications est liée aux mères. Elle est aussi liée au décalage de l'âge des mères à la première naissance. Le décalage est de deux ans en général entre l'âge de la mère et celui du père. Cette étude est nouvelle en cela qu'elle s'intéresse pour la première fois à l'âge des pères à la première naissance. 

Ce retard n'est pas si considérable puisque dans les années 1960, l'âge des pères était de 25 pour augmenter et passer à 30 ans et plus dans les années 2000. L'âge de la première naissance dépendait beaucoup des mariages, mais depuis lors, ils ne sont plus obligatoires. 

Une autre explication tient également au fait que la période des études est beaucoup plus allongée. Les garçons et les filles sont de plus en plus longtemps scolarisés et l'entrée dans la vie active se fait plus tardivement. Il est préférable d'avoir terminé son cursus universitaire avant de s'engager dans la paternité. Enfin, le chômage n'incite pas à féconder. C'est le cas pour le taux de chômage des jeunes dans les pays européens. Voici quelques-unes des explications rationnelles mais le mode de vie des jeunes prend une part importante, leur rapport à la sexualité, à la vie de couple change également. 

En quoi est-ce que d'un point de vue sociologique, être né d'un père plus âgé peut être un bénéfice pour l'enfant ? Quels sont les points qui permettent de montrer que les enfants ayant un père plus âgé est meilleur pour leur vie, que ce soit la sécurité financière pour la scolarité, la stabilité familiale, un cadre ou l'enfant peut s'épanouir ? Existe-t-il des travaux qui vont dans ce sens ?

Des éléments comme la stabilité familiale, la sécurité financière ne sont pas automatiquement reliés à l'âge. Les divorces sont répandus et concernent un mariage sur deux aux Etats-Unis. La stabilité des couples est plus difficile à assurer. Les gens vivent en couples, mais ces derniers se font et se défont. L'arrivée d'un enfant ne peut pas être prise comme facteur de stabilisation d'un couple. Un père, s'il est plus vieux, il l'est de cinq ans au maximum. Il n'y a pas de changement considérable dans la vie affective pour les enfants. L'âge n'assure pas une stabilité de ce point de vue-là. Tout cela apparait dans l'étude des données statistiques. Les familles recomposées sont très nombreuses. 

Le fait que le père soit dans un âge plus avancé n'apporte pas de bénéfices particuliers ou de quelconques conséquences positives. Les familles recomposées peuvent permettre un décalage plus grand entre l'âge du père et du premier enfant. Des interrogations peuvent se poser quand le père a 50 ans. Cela fait qu'à 75 ans, il a encore la charge de ses enfants. Ils ont des inquiétudes quant à leurs capacités à exercer leurs tâches parentales sur l'avenir. Mais en tout, cela ne constitue pas un phénomène de société. Les impacts sur les enfants sont très marginaux.   

Observe-t-on une évolution du rôle des pères sur ces quarante dernières années ? Essayent-ils de s'impliquer davantage dans la prise en charge de leurs enfants ? Dans quel milieu socio-professionnel voit-on le plus cela ? 

Il y a une progression de ce côté-là même si elle n'est pas généralisée et si elle ne concerne pas encore tous les milieux sociaux professionnels. Les différentes études réalisées montrent que la prise en charge par les hommes de la paternité à quand même progressé de façon globale mais fragile. Mais encore une fois, ce n'est pas lié à l'âge. 

On constate ces progrès de la prise en charge des enfants pas les hommes dans les catégories des classes moyennes supérieures et les cadres supérieurs. Il faut entendre par-là, des milieux ou les hommes et les femmes sont dans des milieux professionnels pas très différents, ou les deux sont actifs comme les enseignants, les employés du secteur paramédical. Les difficultés résident dans les milieux ouvriers, moins favorisés ou les rôles traditionnels féminins et masculins sont très prégnants. Chez les cadres supérieurs, les modes de vie sont complètement différents. 

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