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Macron : le pari du "c'est à prendre... ou à prendre..."
©TIZIANA FABI / AFP

Brave ou bravache ?

Emmanuel Macron a affirmé dans Le Point vouloir réaliser 20 milliards d’économies en 2018 (10 milliards sur l'Etat, 7milliards sur la Sécurité sociale et 3 milliards sur les collectivités locales). Des sommes qui risquent de faire grincer bien des dents...

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Impopulaire pour impopulaire, autant ne pas faire les choses à moitié. C'est la philosophie qui semble inspirer Emmanuel Macron qui affirme dans le Point une détermination inébranlable, celle de réaliser 20 milliards d’économies en 2018 (10 milliards sur l'Etat, 7milliards sur la Sécurité sociale et 3 milliards sur les collectivités locales). Des sommes qui vont faire grincer des dents, voire hurler dans certains secteurs, en attendant que la "transformation" tous azimuts promise, produise les effets bénéfiques attendus...

Le Figaro qui a recueilli des précisions auprès de Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes Publics révèle ainsi que les économies de l'Etat seront concentrées essentiellement sur les secteurs du Logement, des Transports et l'Emploi. Le coup de rabot de cinq euros sur les APL n'était qu'un hors d'oeuvre ; le plat principal sera servi dans le cadre du budget 2018 puisque cette baisse pourrait atteindre 2 milliards d'euros. C'est Emmanuel Macron qui en avait expliqué la philosophie la veille dans son interview : il veut " revoir les grandes politiques publiques qui représentent les montants les plus importants et qui ne sont pas à la hauteur des dépenses engagées ou des comparaisons avec celles de nos partenaires  européens". Le président de la République affirme qu'il n'y aura "pas de coupes ni d'à coups, mais des transformations en profondeur" pour inverser une tendance profonde, remplacer "une politique de subvention de la demande" pour créer un "choc d'offre", en libérant "le droit de l'urbanisme, les procédures... le foncier public et parapublic...en mettant en place un système d'exception pour réduire les coûts" notamment dans" les zones tendues" que sont le grand Paris, Lyon et la frontière suisse, Aix-Marseille". Pour les étudiants qui seront particulièrement affectés par la baisse des APL, le Chef de l'Etat promet un gel des coûts de leurs dépenses (inscriptions, mutuelles étudiantes, restaurants universitaires).

Des coupes il y en aura pourtant, ne serait-ce que pour les emplois aidés dont la réduction drastique devrait permettre d'économiser un milliard d'euros. Ces "subventions déguisées aux collectivités locales" constituent aussi un amortisseur social en période de chômage élevé. En attendant la fluidification du marché de l'emploi promise par la mise en place des ordonnances, leur diminution brutale va provoquer des tensions entre l'Etat et les Collectivités locales. Jusqu'à présent tous les gouvernements y ont eu recours y compris ceux de droite qui avaient affirmé vouloir y renoncer en arrivant aux commandes. Les collectivités locales auront un autre motif de courroux avec le gel des projets de grandes infrastructures de transport, pourtant génératrices de développement économique. Celui du canal Seine-Nord était déjà pressenti et a déjà provoqué des réactions de colère chez les élus du Nord de la France ; ce n'était pas le cas pour le projet de liaison Lyon-Turin  dont le coût prévu n'a cessé de grimper pour atteindre 26 milliards aux dernières estimations : une nouvelle étape avait été franchie il y a deux mois avec le lancement d'une série d'appels d'offres. Le report voire l'abandon va affecter toute l'économie locale et notamment les entreprises qui devaient bénéficier de contrats de sous-traitance. Mais le  gouvernement a décidé de donner la priorité aux transports du quotidien ...

Voilà pour les premières révélations sur le budget 2018 qui s'inscrit dans la philosophie de "destruction créatrice" d'Emmanuel Macron. Mais la création-transformation sera précédée de la phase de destruction, dans laquelle on va pénétrer de plein pied avec la mise en oeuvre du programme présidentiel. Paris ne s'est pas fait un jour dit l'adage. Il n'y aura pas de vagues d'embauches grâce aux ordonnances, prévient prudemment le patronat car  il faut du temps pour qu'une réforme produise ses effets même si elle est mise en place rapidement. Contrairement à ce que prétend la  formule,  les logements ne poussent pas comme des champignons. D'ici la mise en place de ce "choc d'offre" qui devrait entrainer une baisse des loyers, d'une " vraie politique de lutte contre les discriminations, d'une vraie politique de formation, une  vraie politique de l'ouverture du marché de l'emploi, et une vraie politique d'allégement du coût du travail", il va couler de l'eau sous les ponts. La période de transition sera marquée par des tensions et "l'impatience du peuple" risque de se manifester autrement qu'à travers les sondages. Mais le gouvernement qui a toutes les cartes en mains, a aussi du temps devant lui, car l'opposition est loin d'être structurée. Il n'y aura pas d'élections au suffrage universel avant  2020; ce seront les Municipales. D'ici là le paysage politique qui a explosé en 2017 se sera peut être reconstruit voire transformé. Car aujourd'hui le PS est en miettes, LR va guère mieux. Le FN découvre les divisions internes et les Insoumis, première force d'opposition d'après les sondages, est surtout la première en paroles.  Pour l'instant.

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