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Ecoutez la poignante complainte de Nemo, le nouveau chien de l’Elysée!
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Chienne de vie

Ce labrador a été adopté par les Macron. Et il aspire à devenir orphelin…

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Ici, la vie est triste. Ennuyeuse et longue comme un jour sans os. Je déprime. J’ai du vague à larme. Et je repense aux moments de bonheur vécus au refuge d'Hermeray. Nous étions une bande de copains et de copines. Tous ensemble dans un harmonieux mélange de mixité sociale. Sans distinction de races. On aboyait dans toutes les langues. Un paradis perdu. Pleure ô mon refuge bien aimé.

Un jour, une dame est venue. Accueillie par maintes courbettes, car elle devait être importante. Elle a dit que c’est moi qu’elle voulait. On ne m’a pas demandé mon avis. Si on me l’avait demandé, j’aurai dit non. En effet, son allure ne me plaisait pas du tout. Une dégaine de mémère, prédestinée à promener en laisse un caniche poudré et frisoté. Une bourge de chez bourge.

On m’a amené dans un palais où m’attendait une gigantesque niche avec un lit à baldaquin. Mais qu’est ce que j’en ai à foutre moi, d’un lit à baldaquin? Je veux dormir dans l’herbe, sur la paille et me rouler dans la mousse. Des domestiques obséquieux m’apportent à manger dans une gamelle en argent. Et vous savez ce qu’il y a dedans? Des croquettes vegans!  Car la dame et son mari sont “in” et branchés. Moi, ce que je veux c’est de la bidoche, bien rouge, avec un os aussi gros et gras que Depardieu.

Pire encore, je suis l’objet d'assiduités insupportables. Des courtisans se croient obligés de me caresser pour complaire à mes maîtres qui sont aussi les leurs. Celui que je redoute le plus, c’est un certain Castaner. Une fille du protocole m’a expliqué qu’il était porte-parole du gouvernement. On dit qu’il est nul. C’est pourquoi, cherchant à plaire, il en fait plus que les autres. Il m’embrasse! Avec sa gueule pleine de poils!

Grâce à cette fille, j’ai eu accès aux archives canines du palais. J’ai découvert l’existence d’une Baltique, labrador comme moi. Elle avait un maître cultivé, fin et raffiné. Il lui lisait du Maurras, du Jouhandeau, du Céline. Que n’ai-je vécu à cette époque, bénie des dieux!

Le mien de maître, me fait aussi la lecture. Il me lit des pages d’un livre pour collégiens acnéiques. C’est ennuyeux, et monotone à souhait. Ça se passe sous l’eau, dans un sous-marin appelé le Nautilus. Le capitaine du submersible a pour nom Nemo. C’est ce nom, idiot et quelconque, qui a été choisi pour moi. Mon maître est fan du personnage. Et il m’a confié que son rêve était d'écrire un livre qui aurait pour titre “Vingt mille lieues sous la France”.

Que vous dire de plus? Qu’on m’exhibe comme une bête de foire. L’autre jour, mon maître recevait les présidents du Tchad et du Niger. Et il m’a traîné avec lui sur le perron de son palais pour les accueillir. Tout ça parce que je suis de la même couleur qu’eux. Non mais!

Oui, je dépéris. Je me meurs. Je maigris (vous avez déjà essayé, de manger des croquettes vegans, vous?). Ma libido est en berne. Surprise : ma maîtresse vient d’entrer. Un de ses domestiques porte une immense gamelle avec un énorme os et des entrecôtes empilées. Elle me dit “tiens, il faut que tu te retapes. Demain, tu as une séance photo pour la Une de Match”. Bouh...

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