Edito
Pourquoi la France ne parvient pas à gagner la bataille contre le chômage
Pénible retour à la réalité pour les Français qui reviennent de vacances avec les dernières statistiques du chômage.
Pénible retour à la réalité pour les Français qui reviennent de vacances avec les dernières statistiques du chômage : ce dernier a connu le mois dernier une véritable flambée avec un bond de 34 900, qui ramène le nombre des demandeurs d’emploi à plus de trois millions et demi. La petite musique douce qui berçait l’opinion depuis plusieurs mois sur l’irrésistible reprise du nombre des personnes en activité se trouve ainsi interrompue, alors que, paradoxalement, le moral des industriels se révèle au plus haut depuis 2007 et doit les inciter à se lancer dans de nouveaux programmes de développement. S’agit-il seulement d’un accident sans lendemain ? On peut chercher des raisons de se rassurer en évoquant la période marquée par des fins de contrats de stages ou de CDD , l’arrêt des recherches provoqué par la période des vacances et le flou dans l’établissement des statistiques officielles qui explique le refus de la ministre du travail de commenter les statistiques mensuelles.
Il reste qu’une question de fond est posée : l’économie a repris sa marche en avant, stimulée par la bonne conjoncture qui caractérise l’Europe. Mais la France continue de rester en retrait sur le rythme adopté par nos partenaires. Elle ne regagne pas de parts de marché sur les concurrents qui continuent à faire mieux que nous. Et certains experts n’hésitent pas à envisager une certaine accélération de l’expansion, au-delà des 1,5% envisagés, mais sans influence notable sur l’emploi, les progrès de productivité l’emportant sur le souci de procéder à des embauches nouvelles.
Emmanuel Macron faisait récemment ce constat amer : la France est le seul pays d’Europe à ne pas avoir gagné la bataille du chômage de masse. D’où la nécessité du programme qu’il a lancé, mais qui se heurte à l’hostilité quasi viscérale du pays à se réformer, chacun refusant de prendre une part du fardeau en estimant que c’est au voisin de faire les sacrifices indispensables. Face à cette détermination de l’opinion, les pouvoirs publics manifestent une certaine irrésolution, avec des retours en arrière, et d’une façon générale de atermoiements qui augurent mal des décisions finales qui seront prises. On a le sentiment que les vieilles méthodes reviennent à la surface avec la politique des coups de rabots, qui ne résolvent rien sur le fond et annoncent des changements qui s’opèrent uniquement à la marge sans aborder vraiment les problèmes essentiels. Ainsi, officiellement, le gouvernement voudrait réduire les dépenses publiques, mais au lieu d’afficher comme le Canada par exemple l’a fait dans le passé une réduction franche des crédits alloués, il continue d’accepter le maintien des déficits, en se bornant à tenter seulement de ralentir leur progression. Et c’est finalement le ministère des finances qui donne les quelques coups de canifs indispensables , où les citoyens ne voient pas la manifestation d’un véritable dessein politique. Et la France continue d’être dirigée comme autrefois par son caissier comme le disait déjà à l’époque Michel Debré, l’ancien ministre du général de Gaulle. Aujourd’hui, rien n’a changé.
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