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Racisme, antisémitisme : 
quelle image de la France ont vraiment nos voisins européens ?
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Vu d'ailleurs

La fusillade de Toulouse a fait les gros titres de la presse étrangère. Tour d'horizon des visions néerlandaises, anglaises et espagnoles sur la tragédie de Toulouse.

Ariejan  Korteweg, Hugh Schofield, Juan Pedro Quiñonero

Ariejan Korteweg, Hugh Schofield, Juan Pedro Quiñonero

Ariejan Korteweg est un journaliste néerlandais, correspondant du Volkskrant en France.

Hugh Schofield est correspondant en France pour la BBC.

Juan Pedro Quiñonero est journaliste. Il est correspondant en France du journal conservateur espagnol ABC.

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Atlantico : La fusillade de Toulouse a fait la une des journaux de nos pays voisins. Comment les médias étrangers ont-ils retranscrit l’affaire ? La France est-elle considérée comme un pays raciste et antisémite ?

Ariejan Korteweg : La fusillade de Toulouse a largement été couverte aux Pays-Bas. En ce qui concerne mon journal, De Volkskrant (quotidien néerlandais qualifié de centre gauche), nous avons consacré notre une à cette affaire. C’est une histoire qui a touché les Néerlandais car il s’agissait de juifs et bien sûr d’enfants. Nous avons vécu la même Seconde Guerre mondiale que la France. Tout ce qui touche la communauté juive est donc très sensible aux Pays-Bas.

Je ne crois pas que les Néerlandais croient que la France soit particulièrement raciste. C’est une image que les Français ont d’eux-mêmes et qui ne correspond  à aucune réalité. Il y a dix ou vingt ans, les partis d’extrême droite n’étaient pas ceux qu’ils sont aujourd’hui. Désormais, presque tous les pays européens comptent un parti d’extrême droite relativement puissant qui navigue entre 10 et 20% des intentions de vote. Le Front national n’est pas un cas isolé.

Hugh Schofield : En Angleterre, on veut faire le lien entre la tuerie et la campagne présidentielle alors que les Français ne font pas ce lien. Je trouve cela ridicule de la part des médias britanniques. Il y a clairement une volonté de mettre l’affaire sur le dos de Nicolas Sarkozy. Il existe un désir que cela soit le résultat des divisions qui règnent en France, notamment sur le dossier du halal. Par exemple, j'ai vu dans un média britannique qu'un juif orthodoxe prétendait que la stigmatisation des communautés (en référence à la polémique sur les viandes casher et halal) était à l’origine de cette tuerie.

Les Anglais pensent qu’il y a une expression de racisme ancrée en France liée à l’extrême droite. Le Front national qui mobilise 20% des électeurs est pour eux révélateur d’un racisme flagrant en France. Il y a des raisons pour le croire, ce n’est pas farfelu mais c’est exagéré.

Juan Pedro Quiñonero : J’ai le sentiment que tout ce qui se passe en France provoque des réactions immédiates en Espagne. Depuis hier matin, cela fait la une des sites internet d’information. Le quotidien ABC (quotidien espagnol qualifié de conservateur) a fait trois pages entières sur cette tragédie plus une demi-douzaine d’articles pour la version web. Cela intéresse les Espagnols en raison de la proximité et de la nature de la tragédie. La question religieuse joue un rôle très important.

Ensuite, je vous renvoie aux statistiques du ministère de l’Intérieur. On recense plus d’un millier d’agressions xénophobes ou racistes par an en France (plus de 1 000 faits racistes ont donné lieu à un dépôt de plainte en 2009). Cela fait plus de trois agressions par jour. Même s’il ne s’agit bien sûr pas d’un assassinat à chaque fois, je crois que c’est tout de même révélateur.

Pour moi, il est évident qu’il y a en France un petit racisme ordinaire. De plus, les mesures policières « anti-immigrés » sont beaucoup plus visibles. Je vais toutes les années à la foire du trône car je pense que cela donne une bonne vision de la France. Là-bas, si vous êtes « black » et que vous venez du 93, vous êtes sur que vous allez avoir droit à un contrôle…


Les agressions à caractère raciste ou antisémite sont-elles plus fréquentes dans votre pays ?

Ariejan Korteweg : L’assassinat par un islamiste radical de Theo Van Gogh était un acte raciste. Mais tout cela n’existe plus aujourd’hui, c’est de l’histoire ancienne. Les tensions entre juifs et musulmans étaient également courantes dans le pays. Des agressions violentes ont eu lieu mais cela date de plus de cinq ans. Cependant, il arrive toujours, très rarement, que des cimetières soient profanés.

A cause des évènements de Toulouse, la Belgique a élevé ces mesures de protection. Cela n’est pas le cas aux Pays-Bas. Apparemment, les écoles juives dans le pays sont assez protégées, il n’est pas nécessaire de rajouter des précautions.

Hugh Schofield : Ces phénomènes en Angleterre sont marginaux. Il y a le BNP (British National Party) un petit parti d’extrême droite qui n’a pas beaucoup de succès dans les urnes, il y a des hooligans, du racisme dans les gradins des matchs de foot… mais ça n’est pas très important, je ne le décèle pas vraiment. Pour moi le débat est un peu dépassé.

Juan Pedro Quiñonero : Je ne connais aucun exemple récent d’un équivalent espagnol à la fusillade de Toulouse. Il a existé des violences racistes contre des immigrés saisonniers qui arrivaient en Andalousie mais cela n'est plus vraiment le cas aujourd'hui.

Il se dit que les Français seraient plus racistes que les Espagnols. Je ne suis pas tout à fait sûr de cela. Les Espagnols ont très souvent tendance à parler des musulmans en termes plutôt péjoratifs.

Propos recueillis par Jean-Benoît Raynaud et Franck Michel.

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