Quand Léon Trotski démode Christian Huygens et quand le vrai chic bombé détrône le faux chiqué de mode : c’est l’actualité des montres en mode pré-aoûtien<!-- --> | Atlantico.fr
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Il aura donc fallu trois siècles et demi aux « méchaniciens » de l’horlogerie pour surpasser les principes de base établis par Christian Huygens (ci-dessus) à la fin du XVIIe siècle…
Il aura donc fallu trois siècles et demi aux « méchaniciens » de l’horlogerie pour surpasser les principes de base établis par Christian Huygens (ci-dessus) à la fin du XVIIe siècle…
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Atlantic-tac

Mais aussi le retour en toute simplicité de la petite Française, la renaissance d’une double couronne légendaire, la carpo-révolution en finesse et la fausse montre qui était une vraie valeur sous le marteau…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ZENITH : Le Trotski de la haute horlogerie a les bonnes vibrations…

Les marques horlogères suisses ont tellement abusé du mot « révolution » qu’on les croit plus tellement il s’agissait de bidonnages marketing et d’innovations sans intérêt. Pour une fois, cependant, on est tenté de prendre pour une révolution ce qui se passe chez Zenith, manufacture plus d’une fois et demi centenaire, tellement on devine dans la future Defy Lab – qui ne sera dévoilée publiquement qu’en septembre, mais dont nous offrons la primeur aux lecteur d’Atlan tic-tac – une révolution horlogère tout ce qu’il y a de plus authentique. Explication : depuis trois siècles et demi (environ 1670-1780), les mouvements horlogers fonctionnent sur les bases de principes physiques établis par Christian Huygens – soit à peu près un balancier et un ressort-spiral qui « tictaquent » au cœur de la montre. La nouvelle montre Defy Lab ne fait plus « tic-tac » : elle vibre, à la cadence hallucinante de 15 Hz, soit 108 000 alternances par heure : six à sept fois la cadence d’une montre traditionnelle, pas loin de trente fois plus vite qu’un cœur humain. Cette vibration permet à la montre d’afficher une précision et une endurance qui font de la Defy Lab de Zenith la montre la plus précise au monde pendant des jours et des jours, mais aussi, grâce aux matériaux très avancés qui sont au cœur de ce mouvement, la montre de série la plus insensible aux perturbations thermiques et magnétiques qui font enrager les horlogers depuis trois ou quatre siècles. Mieux encore : le boîtier lui-même est taillé dans un matériau hautement technologique mis au point par le laboratoire de R&D de l’horlogerie LVMH : il s’agit d’un bloc d’aeronith, un composite d’aluminium trois fois plus léger du titane tout en étant plus résistant, et même 10 % plus léger que la fibre de carbone. Plus high-tech, tu meurs ! C’est une « révolution dans la révolution ». Ne dites à Julien Tornare, le nouveau jeune CEO de Zenith, qu’il est le Trotski de la haute horlogerie : il ne l’a pas encore avoué à Bernard Arnault, le PDG du groupe LVMH ! Le vrai luxe horloger, comme toujours, c’est la très haute technicité associée à la fidélité aux codes esthétiques du classicisme horloger…

LIP : La petite Française dont le nom ambitionne les hauteurs…

Un zeste de simplicité dans un cocktail de sobriété néo-classique : les trois lettres de Lip renouent avec la tradition de la grande horlogerie française. Il y a environ quarante ans, Lip représentait l’image internationale de cette tradition, mais la coalition toxique d’intérêt syndicaux dévoyés, d’illusions idéologiques et d’opportunismes politiques circonstanciels ont abattu cette maison, qui a plutôt survécu pour le pire que pour le meilleur. Récemment reprise en main, la marque s’offre un nouveau printemps, dont cette Himalaya – réinterprétée en 29 mm – porte le témoignage convaincant : boîtier modeste, cadran sobre à trois chiffres et trois aiguilles pour quatre mots qui resitue le cœur de la France horlogère à Besançon, un joli bracelet en cuir et une marque prestigieuse. Essayez donc de trouver eux pour moins de 190 euros ! Le nouveau luxe horloger, c’est désormais la simplicité élégante alliée à l’accessibilité…

EVANT : Le plongeuse très chic sans le choc du chiqué mode…

À peu près personne ne connaît en Europe la marque indépendante Devant, dont le principal atout est peut-être d’avoir été fondé par de vrais passionnés de montres qui savent parler aux amateurs. Leur montre de plongée Tropic Diver Fumé Bleu témoigne que cette marque a tout compris du néo-chic qui parle aux nouvelles générations. On aime la taille modeste du boîtier en acier (40 mm, étanche à 300 m), qui n’est ridicule ni en ville, ni en plongée. On aime ce bleu fumé, dégradé sur les bords, qui contraste avec intelligence sous les index et les aiguilles gavées de SuperLumiNova pour rester visibles dans l’obscurité. On aime la lunette bombée et ses discrètes touches de matières luminescentes, tellement plus élégante et distinctive que les banales lunettes plates et surchargées de chiffres abscons et souvent inutiles. On aime enfin le prix (moins de 600 dollars) qui ridiculise les propositions moins attrayantes des plus célèbres marques suisses, habituées à pratiquer sans vergogne l’extorsion de fonds. Le nouveau luxe horloger contemporain, c’est l’originalité dans une identité marquée…

NOWA : La carpo-connexion dans le respect des codes « à la française »…

Les montres françaises ont encore leur mot à dire, avec leur style bien français, dans le concert des nouvelles montres connectées. Lancée avec succès sur les réseaux de sociofinancement, la montre Shaper de la nouvelle marque Nowa (design du Parisien Éric Gizard) s’affirme comme la montre hybride connectée la plus fine du monde, avec moins de dix millimètres d’épaisseur pour un concentré de fonctionnalités (traceur d’activité, alertes, etc.) qui n’excluent rien des traditions horlogères (second fuseau horaire en liaison avec le smartphone). Quarante millimètres pour le boîtier et des bracelets en cuir italien, en huit versions différentes mais avec un an d’autonomie pour la pile. Le tout pour moins de 100 euros – c’était du moins le prix des premières montres en souscription pour les early birds qui ont compris qu’ils tenaient là un oiseau rare de la nouvelle carpo-révolution. Le nouveau luxe horloger, aujourd’hui, c’est la simplicité dans la facilité connectée…

LONGINES : Ah, cette délicieuse double couronne additionnée d’un verre bombé…

Le propre des légendes, c’est d’échapper à la dictature du temps qui passe. Dans les années 1960, les montres de plongée – les seules vraies « sportives » de l’époque – ont longuement hésité entre les couronnes tournantes intérieures (sous le verre de la montre) et les lunettes tournantes extérieures (autour du verre de la montre), qui ont fini par s’imposer. Si bien que les lunettes intérieures font aujourd’hui figure de subtil détail vintage, forcément très désirable. En rééditant cette Legend Diver, Longines conforte sa mission de conservatoire des traditions horlogères : les 42 mm du boîtier en acier, le verre bombé qui protège le cadran, le bracelet en maille milanaise et le style général de la montre (double couronne, celle du haut servant à la rotation de la lunette, forme des aiguilles, police des chiffres, mouvement automatique) ont ce parfum rétro-nostalgique qui fait chavirer le cœur des générations qui montent et qui ne se serviront que très peu de cette « plongeuse » Swiss Made pour la plongée sous-marine pure et dure. Le tout sans forcer sur les prix, comme toujours avec Longines. Le vrai luxe horloger, c’est aujourd’hui la créativité ludique dans l’interprétation des codes légendaires de la montre suisse…

UN PEU DE TOUT SUR TROIS FOIS RIEN (en vrac et en bref)…

Les grandes se refuseront à l’avouer ouvertement, mais leur légitimité est de plus en plus bousculée par les néo-marques qui éclosent sur les site de sociofinancement, où elles trouvent des milliers d’amateurs qui leur apportent les millions de dollars indispensables à leur lancement et qui répondent à la vraie demande des moins de trente ans : la jeune marque suisse Sequent, dont il était question il y a une semaine dans Atlantic-tac en est désormais à près de 600 000 euros de souscription. Il y a bien une crise de l’offre (celle des « vieilles marques »), et non une crise de la demande (celle des nouveaux venus sur le marché) ! ••• Vous vous souvenez sans doute des téléphones Vertu, symbole du luxe clinquant des années bling bling et des années fric : la marque est aujourd’hui en liquidation pour avoir confondu le prix et la valeur, sinon le contenant et le contenu (un peu vide de sens) – preuve que les nouvelles générations ne prennent plus l’avoir pour l’être ! ••• C’est la mort annoncée des bracelets connectés, qui avaient ouvert la porte à l’arrivée sur le marché des montres connectées : des marques stars comme Jawbone ou Fitbit sont à présent à la dérive, les jeunes consommateurs leur préférant de loin des montres connectées plus fonctionnelles (de type Apple Watch, TAG Heuer ou Louis Vuitton) qui ressemblent ) des vraies montres et non à des gadgets électroniques condamnés à une obsolescence rapide ••• Après des années dérives incompréhensibles, la maison d’enchères Antiquorum – pionnière et leader sur le marché des montres de collection – est de retour, au meilleur niveau, et elle nous le prouve en réussissant sa vente annuelle à Monaco, où elle a réussi à tirer plus d’un million d’euros d’une montre Patek Philippe soupconnée (à tort) d’avoir appartenu au président russe Vladimir Poutine (Atlantico du 7 juin dernier) : l’info était bidon, mais la montre n’en était pas moins séduisante. Le nouveau luxe horloger, c’est aussi cette attention portée à l’ « hérédité » dans la qualité…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

Lien : https://businessmontres.com/

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