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Ce que la hausse de la croissance va changer à la politique économique de la zone euro
©Reuters

Conséquences

Eurostat a publié ce mercredi une estimation de 0.6% de croissance pour le second trimestre en zone euro, après un premier trimestre de 0.5%. Par rapport à 2015 et 2016, la reprise touche l’ensemble des pays de la zone euro.

Nadia Gharbi

Nadia Gharbi

Nadia Gharbi, économiste Europe chez Pictet Wealth Management depuis 2012. Avant de rejoindre Pictet, elle a été assistante en économie politique à l’université de Genève. Elle a obtenu une maitrise universitaire en sciences économiques, mention économie financière et monétaire, de l’université de Genève en 2011.

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Atlantico : Ce mercredi 16 août, Eurostat publiait une estimation de 0.6% de croissance pour le second trimestre en zone euro, après un premier trimestre de 0.5%. Au regard des premiers chiffres disponibles, quels sont les moteurs de la croissance actuels au sein de la zone euro ? Quels sont les pays qui en profitent le plus ? 

Ce chiffre confirme la vigueur de la reprise en zone euro. Il a d’ailleurs été légèrement revu à la hausse par rapport à la première estimation publiée le 1er août dernier (de 0.56% à 0.63%). Pour 2017, l’acquis de croissance s’établit à 1.7%, ce qui signifie que même si la zone euro ne croit pas au deuxième semestre, la croissance annuelle sera de 1.7%.Eurostat publiera le détail des composantes du produit intérieur brut le 5 septembre prochain, mais d’après les premières indications par pays, la croissance semble plus équilibrée. La demande intérieure est restée le moteur principal au deuxième trimestre. L’amélioration des conditions sur le marché du travail ainsi que la faiblesse de l’inflation ont continué à soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Les dépenses en investissement ont continué de bénéficier des améliorations de la rentabilité des entreprises et des conditions de financement toujours très favorables. Toutefois, malgré le regain des derniers trimestres, les dépenses d’investissement sont encore 9% inférieures à leur niveau d’avant-crise (T1 2008) et 24% sous leur tendance de long-terme (si celle-ci avait été prolongée après 2008 au rythme d’avant-crise). Du côté de la balance commerciale, la performance a été plus mitigée. Elle a été le contributeur majeur en France, alors qu’elle a été un frein en Allemagne et en Italie.

Par rapport à 2015 et 2016, la reprise touche l’ensemble des pays de la zone euro.L’Allemagne et la France ont vu leurs économies croître respectivement de 0,6 % et 0,5 % au deuxième trimestre. En Espagne, le PIB a crû de 0.9%, soit sa plus forte performance depuis près de deux ans. L’Espagne a d’ailleurs dépassé son niveau d’avant crise (T1 2008) pour la première fois. L'Italie a quant à elle enregistré une progression de 0,4% de son PIB, qui a porté la croissance à 1,6% sur un an, son rythme le plus soutenu depuis fin 2010.

Au deuxième semestre, l’activité économique devrait légèrement se modérer. La croissance annuelle en zone euro devrait s’établir à un niveau proche de 2% en 2017.

Selon les derniers chiffres fournis par Eurostat, si la croissance va mieux, l'inflation reste faible avec un chiffre de 1.3% pour le mois de juillet. De plus, le taux de chômage reste élevé au sein de la zone, avec de très fortes disparités entre les pays membres. Au regard de ces derniers chiffres, que peut-on attendre des prochaines interventions de la BCE ? 

Le taux de chômage a atteint en juin son niveau le plus faible depuis février 2009. Il est certes encore élevé dans certains pays mais la situation s’améliore et ce même dans les pays les plus touchés. L’Espagne a vu son taux de chômage diminuer de 26.3% (pic atteint en juillet 2013) à 17.1% en juin. Au Portugal, le taux de chômage est passé en deçà de la moyenne de la zone euro, une première depuis février 2006.Mais là où le bât blesse est que cette bonne dynamique sur le marché du travail ne génère pour l’instant pas de pression inflationniste significative. L’inflation reste faible et devrait se maintenir autour des niveaux observés actuellement. Dans le même temps, les différentes mesures d’inflation sous-jacente commencent à montrer des signes de hausses très modérés. La BCE devrait donc maintenir l’orientation accommodante de sa politique monétaire afin de « ramener durablement l’inflation à des taux inférieurs à, mais proches de 2% » comme l’indique son mandat.

La récente appréciation de l’euro complique la donne, puisqu’elle tire les prix des produits importés vers le bas. La BCE devrait donc se montrer patiente et attendre de voir l’inflation « dans le blanc des yeux » avant de retirer son soutien monétaire. Dans ce contexte, nous nous attendons à ce que la BCE réduise l'intensité de ses stimuli monétaires avec une grande prudence et flexibilité. Elle devrait étendre son programme d’actifs, à un rythme plus lent au premier semestre 2018 (40 milliards d'euros par mois au lieu de 60 milliards d'euros actuellement jusqu’à la fin de la année).La BCE pourrait d’ores et déjà donner quelques indices sur ses plans lors de sa réunion le 7 septembre prochain. Une annonce détaillée semble plus probable le 26 octobre. 

Ce 16 août, le quotidien allemand Handelsblatt révélait le soutien apporté par Wolfgang Schäuble à la politique menée par la BCE, en déclarant qu'il considérait une telle politique comme ne violant pas les règles, comme pourrait le considérer la Cour Constitutionnelle allemande. Alors que les critiques à l'égard de la BCE étaient devenues courantes en Allemagne, faut il y voir un assouplissement de position de la part de Berlin ? Comment l'expliquer, et cela pourrait-il avoir une implication pour les prochaines décisions de la BCE ? 

Il s’agit très clairement d’un assouplissement de position de la part de Berlin. Ceci arrive dans un contexte économique favorable et à un moment ou la pression sur la BCE est plus relâchée. Il se pourrait également que Berlin essaie de se positionner sur des postes clés prochainement vacants à la BCE et dans les hautes sphères européennes. Cette prise de position ne devrait pas avoir d’implication sur les prochaines décisions de la BCE. Cette dernière est tenue par son mandat de stabilité des prix et devrait donc continuer à ajuster sa politique monétaire en conséquence.

Sur le plan juridique, la Cour constitutionnelle allemande attend désormais la décision la Cour de justice de l’Union européenne. Si la plainte aboutit, la banque centrale allemande, la Bundesbank, ne pourrait(en théorie) plus participer au programme d’achat de la BCE. Cette décision pourrait prendre plus d’un an, et d’ici là le programme d’achat pourrait avoir pris fin.

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