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"Un si petit territoire" : une pépite littéraire
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Le dernier roman de Marc Bressant raconte les aventures extraordinaires de deux jeunes hommes passionnés et aventureux. Panache, amour et pouvoir mixés au grand galop, avec force, humour et élégance. Un régal.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LIVRE
Un si petit territoire 
de Marc Bressant 
Editions de Fallois
RECOMMANDATION : EN PRIORITE
THEME
Quatre kilomètres carrés sont-ils suffisants pour créer au cœur de l’Europe un état ayant seulement deux atouts : sa formidable richesse minière et sa totale neutralité face à ses belliqueux voisins ? A cet énoncé un peu sévère, certains crieront « Sauve qui peut » et n’iront pas plus loin. Ils auraient grand tort et manqueraient de découvrir une pépite littéraire.              Ce si petit territoire où ne vivent que cinq mille habitants devient, dès sa création en juin 1816, l’un des plus lieux les plus enviés du continent européen. Cette bizarre tache blanche sur la carte de l’Europe doit sa naissance et son destin à deux jeunes hommes, l’un prussien, l’autre néerlandais qui l’ont négociée pour leurs souverains respectifs. Tous deux aiment avec passion, s’enrichissent, se perdent ou se blessent sans que jamais la partie ne connaisse de répit. Dire qu’ils ont l’allant et la fougue de héros de Stendhal ne serait pas leur rendre suffisamment justice. Ils incarnent la vie aventureuse, le goût de l’immédiat qui n’exclut pas la réflexion, le plaisir des sens autant que celui de l’esprit. Et le lecteur les suit, page après page, dans ce livre qui tient du conte philosophique et des sagas comme on les aime. Quelques morts ici et là, des enfants qui disparaissent, un amour qui s’émousse ou renaît, des dialogues à l’emporte-pièce et le tour est joué en 404 pages.
POINTS FORTS
Impossible de distinguer dans ce livre où se cache la vérité et où s’épanouit le romanesque. Mené de main de maître par Marc Bressant, ce très subtil ballet sur fond d’ambition et de haute politique a la finesse et l’imprévisibilité d’une partie d’échecs entre Carlsen et Kasparov. On galope dans des chapitres de trois pages qui nous font, à chaque fois, regretter qu’ils soient si courts. Du coup, on les dévore comme on le fait de l’ensemble de ce récit fort et tendre où se croisent l’aventure, l’amour et le pouvoir. Les jeunes filles y surgissent sans que l’on puisse savoir dans quels bras elles tomberont ni quelle sincérité il convient d’attacher à leurs aveux ou leurs serments. Pas une once de passéisme ou d’impression de déjà vu dans ce roman où l’élégance de plume de l’auteur et son humour font mouche sans ostentation. Ceux qui imagineraient cette Europe d’hier bien éloignée de la nôtre feraient fausse route. Elle est la même avec ses jeux politiques où les peuples comptent si peu, ses déroutes, la pesante morgue de ses hommes d’état et, couronnant heureusement le tout, le panache des aventures individuelles.
POINTS FAIBLES
Pas trouvés.
EN DEUX MOTS
Si vous aimez les histoires, les romans, la littérature, l’envol et le plaisir, la nostalgie autant que la passion, ce livre est pour vous.
UN EXTRAIT
Ou plutôt quatre:
- Pour Natacha, il fallait passer à l’action, mettre hors d’état de nuire les salauds qui empoisonnaient la vie des gens. Pour cela, elle avait mis sa vie en jeu, deux doigts estropiés à sa main droite en portaient témoignage.
- J’ai des morts sur la conscience, reconnaissait-elle, mais ma conscience ne s’en trouve que mieux ! Les salauds ont expié et ils ne sont plus là pour recommencer leurs ignominies.
- Dix ans au moins qu’ils ne s’étaient pas croisés. Il leur fallait prendre le temps de se retrouver, bien sûr, et ce fut bonheur, mais bonheur douloureux… mieux vaut ne pas tenter de décrire les émotions belles et cruelles qu’ils ressentirent alors et qui deviendraient bouillie pour les chats une fois étalées sur une page blanche.
- Les diplomates sont des gens dangereux, fit-il, du moins quand le hasard les rend normalement intelligents.
L'AUTEUR
Diplomate et ancien ambassadeur de France en Suède, Marc Bressant, de son vrai nom Patrick Imhaus, a été président de TV5 Monde, la chaîne de télévision francophone par satellite. Il a derrière lui une carrière littéraire couronnée par le prix Giono en 2003 pour L’anniversaire et par le grand prix du roman de l’Académie française en 2008 pour La dernière conférence. Parmi ses derniers titres La Citerne (2009), Assurez-vous de n’avoir rien oublié (2010), Les deux Raoul et les autobus blancs (2012), Brebis galeuses et moutons noirs (2014), Désir d’enfant et autres nouvelles (2016). 
Un si petit territoire est son quatorzième livre.

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