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10 candidats à la présidentielle : la polémique sur les 500 signatures n'avait donc pas lieu d'être
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Campagne officielle

La quête aux parrainages a officiellement pris fin ce lundi. Après la remise en cause du système suscitée par les difficultés supposées de Marine Le Pen pour être candidate, l'annonce des prétendants à la présidentielle montre que le système en vigueur est efficace.

Didier Maus

Didier Maus

Didier Maus est Président émérite de l’association française de droit constitutionnel et ancien maire de Samois-sur-Seine (2014-2020).

 

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La querelle sur les parrainages n’a plus lieu d’être. Telle est la principale conclusion de la liste des candidats au premier tour de l’élection présidentielle. Après le chiffre record de 16 candidats en 2002 (avec les conséquences que l’on connaît sur le sort de Lionel Jospin) et un tassement en 2007 avec 12 candidats, le chiffre de 10 pour 2012 se situe dans la moyenne habituelle (9 candidats en 1988 et en 1995). Aucune grande sensibilité politique n’a été écartée de la confrontation. Certes Marine Le Pen a sans doute eu du mal à obtenir les 500 signatures, mais seul le résultat final est important. Elle est candidate et c’est tant mieux pour la démocratie.

En fin de compte seuls Dominique de Villepin et Corinne Lepage sont « victimes » du système. On peut, à titre personnel, le regretter, mais le débat politique n’en est pas sensiblement bouleversé. Ils auront intérêt à modifier leurs stratégies pour être présent lors des élections législatives ou mieux se préparer pour la prochaine compétition. Que Jacques Cheminade, dont le score de 1995 (0,27%) ne plaide pas vraiment en sa faveur, soit à nouveau candidat souligne tout simplement qu’il n’y a pas de solution idéale.

Lorsque certains, avant le dépôt final des parrainages, ont évoqué une possible modification de la procédure, ils auraient du mieux regarder les chiffres. En 2007 il y avait 44,4 millions d’électeurs inscrits ; 1% représentait donc 444 000 citoyens. Comme il est logique de penser que tous les électeurs d’un candidat ne sont pas disposés à signer une pétition populaire en sa faveur, un seuil de 1% aurait rendu difficile, voire impossible, les candidatures de Marie-Georges Buffet (707 000 voix), Gérard Schivardi (123 500 voix), José Bové (480 000 voix), Dominique Voynet (576 600 voix), Philippe de Villiers (818 400 voix), Frédéric Nihous (420 600 voix) et Arlette Laguiller (487 800 voix), soit sept des douze candidats de l’époque. Sans doute certains regroupements auraient opéré, mais le chiffres sont là. Un seuil de 2 ou 3 % serait encore pire. A ce constat mathématique s’ajoute, en défaveur de la solution envisagée, la difficulté de recueillir et, surtout, de contrôler plusieurs centaines de milliers de signatures.

Au-delà de la procédure de sélection des candidats, la multiplicité des candidatures, potentielles ou réelles, met en valeur le caractère très particulier du 1er tour de l’élection présidentielle. Il s’agit de la seule occasion pour des courants politiques peu présents dans les débats quotidiens de faire entendre leur message et, si possible, d’accroitre leur audience. Prenons l’exemple des candidats trotskistes, d’hier et d’aujourd’hui. Leurs discours, dont la continuité est évidente, n’ont que peu d’échos dans le débat politique, même au moment des élections législatives. Le premier tour de l’élection devient donc un véritable forum de l’expression démocratique des Français, avec les succès et les échecs qui en découlent.

Si les élections législatives permettaient un débat plus ouvert, il deviendrait plus aisé de critiquer le nombre (trop grand ?) des candidats à l’élection présidentielle. En l’état actuel des règles applicables, la distinction entre les partis politiques possédant une représentation dans l’Assemblée nationale sortante et les autres crée une inégalité d’accès à la propagande audiovisuelle dont il deviendra urgent de sortir, par exemple grâce à la si nécesaire question prioritaire de constitutionnalité. Il faudra, probablement attendre des jours meilleurs.

Il n’en demeure pas moins que la querelle des parrainages n’a plus lieu d’être. Elle aura néanmoins eu le mérite de faire réfléchir sur les modalités d’un véritable débat démocratique, absolue nécessité dans la République du XXIe siècle.

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