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Que la droite soit enfin elle-même ! Sarkozy devrait cesser
ses amabilités envers Mélenchon
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La semaine Goldnadel

Cette semaine, Gilles-William Goldnadel revient sur la proposition de François Hollande de taxer les riches à 75%, sur la stratégie de l'UMP envers Jean-Luc Mélenchon et sur l'arrestation du bras droit de Kadhafi, Abdallah al-Senoussi.

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel

Gilles-William Goldnadel est avocat et essayiste. Il a notamment écrit en 2024 "Journal de guerre : C'est l'Occident qu'on assassine" (éditions Fayard) et en 2021 "Manuel de résistance au fascisme d'extrême-gauche" (Les Nouvelles éditions de Passy). 

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Le Monde aura trouvé Jean-François Copé "arrogant", dans son débat qui l’opposait à François Hollande. Le Journal du Dimanche a considéré ce dernier "très moyen". Moi, je l’ai trouvé surtout ennuyeux, au point d’avoir lutté avec une belle vaillance contre un zapping libératoire.

Sur le fond, il est bien possible que le tableau comparatif des économies de dépenses adoptées par les états européens et brandi par Copé ait été meurtrier.

Une arme de destruction massive : Grande-Bretagne : 75 %, Allemagne, Espagne, Italie et autres pays européens : 50 %, proposition de François Hollande, admise par lui : 4 %.

Même les plus inconscientes de nos cigales nationales ont du en être cueillies à froid.

Même chose pour la proposition hollandaise d’instaurer une tranche marginale d’imposition à 75 % au-delà d’un million d’euros. Comme le notait Claire Guelaud dans le Monde du 14 mars, "en tenant compte des prélèvements sociaux sur les revenus du capital (15,5 %), sa proposition aboutit à un taux d’imposition de 90,5 %." Et la journaliste économiste d’ajouter, ce rappel salutaire : "c’est pourtant un gouvernement socialiste (celui de Michel Rocard) qui avait instauré en 1988 le premier bouclier fiscal. Il plafonnait l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les grandes fortunes à 70 % des revenus pour éviter, disait-il une fiscalité "confiscatoire"".

Encore plus assassin que le-tableau-qui-tue de l’arrogant de Meaux.

La stratégie de l'UMP envers Mélenchon

Je ne suis pas sûr que la stratégie sarkozienne de multiplier les amabilités envers Mélenchon sous prétexte d’affaiblir l’impétrant socialiste au premier tour, soit de très bonne politique.

Je redis, une nouvelle fois, que la meilleure stratégie pour la droite, en toutes circonstances, c’est d’être elle-même dans le débat.

Il serait, ce me semble, plus payant –parce que plus honnête– de moquer les alliances d’extrême gauche que ne craint pas de revendiquer pour l’heure, puisqu’en toute impunité, François le modéré.

Faut-il, comme souvent, laisser aux Le Pen, père et fille, l’agréable soin de faire remarquer que Mélenchon est bien mal placé pour donner des leçons d’antiracisme, venant d’un professeur admiratif des antisémites Chavez et Théodorakis ?

Leur laisser le monopole du rappel de ce que ce révolutionnaire en peau de lapin a vécu sur un train de sénateur et n’a rien à envier à son capitaine de pédalos, en matière de navigation dans un évier ?

Faut-il laisser la presse, si prompte à reprocher à certains de s’approprier Jeanne-d’Arc, dénuée de toute causticité lorsque le mandataire du parti communiste, décide de s’emparer de la Bastille ?

Arrestation d'Abdallah al-Senoussi

Ainsi, la France a-t-elle réclamé de la Mauritanie l’extradition de Senoussi, beau-frère de Kadhafi et condamné par la Cour d’Assises de Paris par contumace pour sa responsabilité dans l’attentat contre l’avion d’UTA.

La triste vérité, que je tiens à rappeler ici, est que, jusqu’à présent les Français, leur presse comprise, se sont moqué comme d’une guigne de l’arrestation du précité.

Il y a quelques années, je publiais une tribune dans Libération dans laquelle je révélais que Jacques Chirac, pour célébrer le 20e anniversaire de la Jamarya libyenne, avait mandaté Jacques Godfrain pour le représenter à ces festivités. J’ajoutais que celui-ci s’était trouvé, dans la tribune présidentielle, à quelques coudées du condamné recherché par un mandat d’arrêt. Je demandais, en comparant avec ce que faisaient au même moment les Anglo-Saxons pour obtenir –ce à quoi ils sont parvenus– la reddition du responsable de Lockerbie, que deviendrait un pays qui ne se souciait pas de la mort de 150 de ses concitoyens assassinés ?

A l’exception d’un bref reportage sur France 3, et de lettres de soutien de quelques membres des familles des victimes, mon article n’a engendré que de l’indifférence.

La triste réalité, c’est que jusqu’à une époque très récente, le colonel Kadhafi et son régime n’étaient ni pour la France, ni pour ses représentants, ni pour sa presse, un ennemi réellement détestable. Il aura fallu que ses frères arabes sonnent l’hallali, pour que le gouvernement français et son président qui l’avaient reçu en grande pompe, se sentent autorisés à participer à la curée.

Quand la France découvre la réalité du régime syrien

Même chose, pour la Syrie. Peu importe les 50 militaires français assassinés dans le camp du Drakkar, peu importe l’ambassadeur Delamare, exécuté sur ordre d’Hafez el Assad, peu importe les 30 000 morts de Hama, et je n’ose mentionner l’alliance avec le Hezbollah et l’Iran : la presse française, si vétilleuse par ailleurs, ne se sera aucunement ému de ce qu’un ministre des Affaires étrangères en exercice de François Mitterrand entretienne des intelligences très particulières avec la fille du bras droit du dictateur syrien. Là encore, la France, son Quai d’Orsay et sa presse encore plus diplomatique se seront largement calé sur la position arabe pour découvrir que la Syrie bassiste était une dictature sanguinaire infréquentable.

Désormais, et avec les mêmes critères d’indépendance d’esprit très bornés, l’heure, en Libye, en Tunisie, en Egypte comme en Syrie est au rapprochement avec les islamistes sunnites.

Est-il si difficile, au moins pour les observateurs en rien obligés au compromis compromettant, de constater tristement qu’il n’existe actuellement dans le monde arabo-islamique aucune autre alternative politique qu’entre le mauvais et le mauvais ?

Toujours s’agissant de la Syrie, ce décryptage sémiologique : samedi, 15h55, Bernard Guetta sur France Inter : "je ne suis pas, bien sur, favorable à la peine de mort, mais si on pendait par les pieds les responsables syriens, je ne pleurerai pas". Et effectivement, il ne s’est trouvé personne, parmi ceux qui vitupèrent le plus la peine capitale, ceux qui sont les plus exigeants en matière de respect des droits des terroristes à Guantanamo, pour plaindre un Kadhafi, lynché, torturé, sodomisé par des sbires ivres de haine.

Moi qui suis difficilement soupçonnable de coupable faiblesse envers les dictateurs arabes, je n’ai pas honte de dire que la fin de l’assassin m’aura choqué.

Débat sur la peine de mort mis de coté, je suis de ceux qui préfère voir Goering et Eichmann pendus à Nuremberg et à Jérusalem au terme d’une procédure légale plutôt que livrés à la vindicte de ce qu’on n’ose plus nommer la populace.

Certains s’en remettent à la justice de l’Etat, d’autres ne lui tolèrent aucun écart mais sont prêts à tout comprendre de la foule en colère.

Il parait que ce sont ceux-là, les humanistes.

Pendant ce temps, Georges Clooney manifestait aux États-Unis contre le régime islamiste soudanais, coupable de génocide envers les populations noires, chrétiennes et animistes du Sud Soudan.

N’est-ce pas ici et récemment que je constatais que les Français, noirs compris, s’en foutent ?

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