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La place de la France dans Mein Kampf
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Bonnes feuilles

Premier ouvrage à donner la priorité à la vision de la France chez Hitler, ce livre novateur présente trois originalités : il repose sur des documents de la main d'Hitler et de son entourage ; il remonte à la Première Guerre mondiale et aux premières publications du Führer ; il suit pas à pas les dernières années, à partir de 1940. Autant de traits d'une personnalité kaléidoscopique qui reflètent en creux le visage d'une France mal remise du traumatisme de la Grande Guerre et se révélant incapable de saisir le phénomène hitlérien dans sa réalité profonde. (Extrait de "Hitler et la France" de Jean-Paul Cointet, publié aux éditions Perrin. 2/2)

Jean-Paul Cointet

Jean-Paul Cointet

Professeur émérite des universités, Jean-Paul Cointet est un spécialiste reconnu de la Seconde Guerre mondiale. 

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Voyons de plus près le mécanisme de mise en œuvre du programme hitlérien dans Mein Kampf et la place qu’y prend la France. C’est pour constater tout d’abord qu’elle n’occupe en volume qu’un espace limité, y compris dans les pages consacrées à la politique étrangère. Regroupés, les passages essentiels sur la France occuperaient à peine quelques pages. Cette dernière n’apparaît donc pas au coeur de la réflexion d’Hitler, même si cela n’entame en rien sa volonté d’en finir avec elle. Il convient ici d’introduire une nuance importante permettant de situer sa véritable place dans la vision d’Hitler. La plupart des commentateurs français de Mein Kampf n’ont longtemps retenu du livre que la haine qui s’exprime à l’endroit de la France. C’est s’attarder dans le cadre étroit et familier du tête-à-tête franco-allemand. La réflexion d’Hitler est beaucoup plus large que celle d’un simple duel et s’inscrit dans un cadre géopolitique infiniment plus vaste. C’est dans le deuxième tome de Mein Kampf, publié à la fin de l’année 1926 – soit un an et demi après le premier – que se découvre une tout autre approche. Le nécessaire anéantissement de la France y est présenté non comme une fin en soi, mais comme le moyen pour l’Allemagne de renverser l’obstacle qu’elle présente sur la voie de l’expansion allemande vers l’est. Car telle est la véritable vocation du pays. Par rapport au premier tome de Mein Kampf, c’est plus qu’une nuance. Se découvre désormais une réflexion plus poussée, qui s’inscrit dans le chapitre 13 intitulé « La politique allemande des alliances après la guerre ». Très tôt, dès les rencontres suscitées par la rédaction

des traités, on pouvait constater que le bloc allié se fissurait. Les clauses des traités avaient résulté de compromis difficilement trouvés. Anglais et Américains s’étaient opposés aux thèses maximalistes des Français. Il n’y aurait ni séparation de la Rhénanie ni annexion de la Sarre à la France mais de simples régimes transitoires. La publication, fin 1919, de l’ouvrage de l’Anglais Keynes, Les Conséquences économiques de la paix, opérait un retour aux réalités économiques : l’équilibre de l’Europe exigeait une Allemagne prospère. Le refus, enfin, du Sénat américain de ratifier le traité de Versailles sonnait comme un rejet du diktat imposé à l’Allemagne. Et c’est encore la France qui était montrée du doigt.

Très tôt en Allemagne, dans certains cercles diplomatiques, économiques et militaires, s’était organisée une sourde résistance aux obligations du traité. L’occupation de la Ruhr par les Franco-Belges a achevé en 1923 de l’éclairer sur les divisions du bloc allié. L’hostilité des Anglo-Saxons suivie de la reculade française l’a convaincu de la justesse de ses vues. Hitler n’a, sur ce point, ni le monopole d’une découverte précoce des failles du traité, ni celui d’une volonté précoce de s’y opposer. Mais il empruntera d’autres voies en voyant bien au-delà.

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