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Vers un monde de rentiers :
l'Europe s'est-elle enfermée
dans une politique anti-jeunes ?
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Pouvoir gris

Entre financement des retraites et BCE centrée sur la lutte contre l'inflation et la défense des rentes et des patrimoines, le système économique européen ne mise pas vraiment sur l'avenir des jeunes générations. Sans pour autant assurer le bien-être de ses citoyens les plus âgés... Cherchez l'erreur !

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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Si l’on considère la vieillesse comme la partie du temps entre la retraite et la fin de vie alors la population européenne n’est pas vieille, en effet  avec un âge de départ à la retraite en moyenne dans la communauté autour de 61 ans et une espérance de vie autour de 85 ans, ce sont 24 années potentielles d’activité créatrice de richesses qui sont aujourd’hui entretenues par la rente.

Tout au long du XIX siècle et jusque dans les années 80 les  systèmes de retraites se sont mis en place avec une population bien plus « vieille », par exemple l’espérance de vie en France en 1930 était de 54 ans et les pensions servies commençaient à l’âge moyen de 60 ans, la France était vieille à l’âge de partir à la retraite, même si le système  de retraite était « structurellement » financé.

Avec en 2012 une espérance de vie de plus de 80 ans en moyenne en Europe et des pensions servies à 63 ans, le système des retraites épuise les nations et augmente le risque de rejet des jeunes générations face au devoir de solidarité

Il est admis par tous que la jouissance de quelques années libres de travail avec une retraite décente est un acquis légitime, fruit de l’enrichissement de l’histoire et de la hausse du niveau de vie. Sans être passéiste, nostalgique, ultra, libéral, ou avocat de la régression, force est de constater que nos préretraites à 57 ans avec une espérance de vie a plus de 80 ans exigent le versement d’une rente de 30 ans de la part d’une nation endettée  (entreprises, ménages, état) et en concurrence avec des pays où le cout des retraites n’est pas comparable.

Le défi auquel doit faire face le monde occidental est bien celui de la capacité à travailler et non pas celui du vieillissement.

Il faut donc sortir du débat infini entre jeunes et vieux, âge limite de sortie et âge d’entrée sur le marché du travail , les politiques européennes  doivent se tourner sur l’emploi et la création de richesses en ouvrant les possibilités de travail à temps partiel, à mi-temps, à la formation, à l’accompagnement et offrir la souplesse nécessaire à ce que la majorité de la population en capacité de travailler puisse le faire.

L’ensemble du système économique est tourné aujourd’hui sur le financement de la rente :

  • Les banques ne prêtent pas à des clients qui ont plus de 60 ans alors que ceux-ci pourraient créer des richesses pendant encore plus de 20 ans.
  • La BCE a pour unique objectif  le maintien de l’inflation basse, sans objectif de stimulation économique  ou d’une politique de change dynamique.
  •  !a BCE favorise le rendement  et le patrimoine, en respectant scrupuleusement  l’orthodoxie germanique qui ne supporte pas la création de masse monétaire. Seule L’ampleur de la crise a infléchi sa politique, le LTRO a sorti de la noyade le système bancaire alors que la FED où la banque d’Angleterre avaient compris la nécessité d’injecter massivement des liquidités dans une économie asphyxiée.
  • La BCE se trouve protectrice d’une Europe qui vieillirait alors que celle–ci ne fait que prendre de l’âge. Nous devons élargir son mandat au profit d’une meilleure stimulation économique.
  • Les politiques des dernières 30 années ont déployé techniques, avantages, organisations, cadres, lois, pour assurer les rentes aux citoyens, plutôt que de s’ingénier à créer des systèmes volontaires, à la carte, pour favoriser une activité plus longue et plus créatrice.. Ce sont les contrats d’assurance vie non fiscalisés, les encouragements fiscaux à l’achat de patrimoine immobilier, les franchises de droit de succession, etc.… Il est significatif de constater la stabilité du marché de l’immobilier en Europe tout au long de la plus grave crise financière. 
  • Une nouvelle politique monétaire et financière en Europe tournée sur la dynamique du crédit en faveur des entreprises, PME-PMI  où les banques ne sont pas des prêteurs à gage sur l’immobilier mais des investisseurs tournés sur l’activité économique.


Les conséquences économiques, sociales et organisationnelles sont importantes et constituent autant d’enjeux pour le futur.

L’Union européenne  a développé ces dernières années le concept de « vieillissement actif ». Cette notion implique de ne plus se heurter aux préjugés discriminants, d’actualiser et de valoriser des compétences acquises avec le temps, de pouvoir accéder à des systèmes de retraite flexibles, de se trouver non seulement en bonne santé physique et mentale mais également de pouvoir espérer vivre encore longtemps dans ces conditions. La promotion du vieillissement actif s’inscrit notamment en filigrane des deux objectifs complémentaires que l’UE poursuit :

- la moitié de la population européenne entre 55 et 64 ans devait être employée

- une augmentation progressive mais continue de l’âge effectif moyen auquel les gens s’arrêtent de travailler dans l’Union Européenne

Il manque un troisième objectif : celui de la gouvernance Européenne en charge d’une véritable stimulation économique.

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