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Les OGM dans le flou : quelqu’un sait-il ce qu’en pensent Nicolas Sarkozy et François Hollande ?
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Opinion généralement modifiée

Le biologiste Marcel Kuntz analyse la politique menée par le président de la République sur la problématique des OGM ainsi que les propositions du candidat socialiste à l'élection présidentielle.

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz

Marcel Kuntz est biologiste, directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire de Physiologie Cellulaire Végétale. Il est Médaille d'Or 2017 de l'Académie d'Agriculture de France

Il est également enseignant à l’Université Joseph Fourier, Grenoble.

Il tient quotidiennement le blog OGM : environnement, santé et politique et il est l'auteur de Les OGM, l'environnement et la santé (Ellipses Marketing, 2006). Il a publié en février 2014 OGM, la question politique (PUG).

Marcel Kuntz n'a pas de revenu lié à la commercialisation d'un quelconque produit. Il parle en son nom, ses propos n'engageant pas son employeur.

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En 2007, les OGM furent les premières victimes collatérales de la stratégie de communication du président de la République fraichement élu, Nicolas Sarkozy. Stratégie dite de la « carte postale », envoyée tous les jours aux Français, qui le met en scène, occupant ainsi le terrain médiatique. Le Grenelle de l’environnement se prêta parfaitement à cette stratégie, avec une carte postale finale montrant Nicolas Sarkozy aux côtés d’Al Gore. Les OGM furent au préalable sacrifiés, comme prix du cautionnement du Grenelle par les organisations de l’écologie politique et leur silence temporaire sur le nucléaire civil.

L’accord sur le nucléaire est manifestement caduc depuis Fukushima, et les professions de foi « écologistes » pèsent aujourd’hui peu face aux problèmes économiques de la France. Cependant, le non-intérêt de Nicolas Sarkozy pour l’agriculture demeure et, ainsi, le dossier des OGM a été laissé aux mains de Nathalie Kosciusko-Morizet, idéologiquement opposée aux biotechnologies végétales, qui s’est attachée à poursuivre l’interdiction de culture des OGM.

Arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne, annulation des arrêtés de 2007 et 2008 par le Conseil d’Etat, rien n’y fait. NKM annonça d’abord que l’interdiction, désormais illégale, sera poursuivie, puis elle chercha les raisons qui pourraient bien être avancées pour justifier cette interdiction. Une note, sensée justifier une « mesure d’urgence » contre la culture du maïs MON810 fut ainsi envoyée le 20 février 2012 à la Commission européenne. Puis un arrêté d’interdiction publié le 16 mars, soit juste avant les semailles de maïs, avant de ne pas laisser aux maïsiculteurs le temps d’obtenir son annulation en justice.

Dans une France en proie à la désindustrialisation et aux déficits publiques, le ministère de l’Ecologie a ainsi fait travailler ses collaborateurs, dont des scientifiques amis (donc ennemis des OGM,) pour concocter une note recensant de prétendus risques environnementaux liés à la culture du MON810, tandis que d’autres scientifiques ont travaillé et travailleront à la réfuter (réf. ici). Au gaspillage de l’argent public s’ajoute ainsi la désindustrialisation, organisée par l’Etat, du secteur des biotechnologies végétales.

S'il était élu, François Hollande rompra-t-il avec ses pratiques ? Rien de l’indique, étant lui-même adepte de la déraison cynique, comme le montre le deal électoraliste scellé avec les Verts sur le dos du nucléaire civil. Reste une marge de surprise : François Hollande a défendu successivement en quelques mois le programme du Parti socialiste, puis un programme différent de candidat aux primaires, puis un autre programme de candidat, pour sans doute mettre en œuvre un quatrième programme après son élection, et enfin, inévitablement après quelques mois de confrontation à la réalité, un cinquième. Alors, peut-on envisager un compromis raisonnable sur les biotechnologies vertes sous son quinquennat ? Rien n’est moins sûr…

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