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Mal des transports : tout ce qu’il faut savoir avant de partir quel que soit votre mode de déplacement
©Pixabay

Mieux vaut prévenir que vomir

Qui dit vacances, dit long trajet en voiture, mais aussi en avion, en train, voire en bus. Un calvaire pour nombre d'entre vous, mais rien d'irrémédiable. Des solutions, parfois plus originales que vous ne pensiez, existent pour s'en prémunir.

Eric Myon

Eric Myon

Eric Myon, phamarcien parisien, spécialisé en homéopathie et en phytothérapie, est le président de l'Union nationale des phamarcies de France (UNPF).

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Guy Le Moing

Guy Le Moing

Historien, Guy Le Moing est notamment l'auteur de Petite histoire du mal de mer et de ses traitements. (Marine Edition, septembre 2013)

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Atlantico : D'où vient le mal des transports ? Quel est le mécanisme physiologique qui le provoque ?

Guy Le Moing : L’origine du mal des transports a été très longue à découvrir, ce qui a entraîné de longs tâtonnements de la médecine pour porter remède à cette maladie. L’explication admise aujourd’hui est celle du « conflit sensoriel ». Je vais essayer de la résumer en quelques mots. L’homme a conscience de sa position dans l’espace au moyen de trois « sens » : la vue, d’abord, qui lui permet d’observer l’environnement, l’oreille interne qui l’informe des accélérations éventuelles, et lui donne le sens de l’équilibre. Certains capteurs de mouvements que l’on a dans les articulations des jambes, en particulier. Dès que l’enfant commence à marcher, son cerveau apprend à coordonner les informations issues de ces trois capteurs, et cet apprentissage se grave pour la vie dans son cerveau. Le mal des transports (ou « naupathie ») se manifeste dès que deux de ces capteurs, au moins, donnent des informations contradictoires (ou différentes de celles que le cerveau a enregistrées) ; c’est ce qu’on appelle le « conflit sensoriel ». Prenons l’exemple d’un enfant qui lit à l’arrière d’une voiture ; ses yeux, fixés sur le livre, lui font croire que rien ne bouge ; son oreille interne, par contre, ressent un mouvement ; il y a conflit entre sa vue et son oreille interne ; son cerveau ne comprend plus rien, et des malaises apparaissent. Le conducteur, par contre, est rarement malade, car ce qu’il voit correspond à ce qu’il ressent.

Quels sont les meilleurs moyens de s'en prémunir ?

Eric Myon : Les traitements  classiques/allopathiques :

Comme le Mercalm [Dimenhydrinate/caféïne] , le Nausicalm ou le patch à la Scopolamine.

Il s'agit d'antihistaminiques, des médicaments bien connus des personnes allergiques. Quel rapport entre le rhume des foins et le mal des transports? Aucun a priori. Ces cachets sont censés arrêter la sécrétion trop importante d’ histamine pendant la crise d'allergie. Cependant, après des tests, il est apparu qu'ils étaient aussi très efficaces pour maintenir l'équilibre interne. Comme le Viagra qui avait d'abord été mis au point pour soigner une maladie cardiaque et dont on avait découvert les effets érectiles lors de tests.

Les avantages? Ils sont disponibles dans toutes les pharmacies et ont fait leurs preuves.

Les inconvénients? Ce sont des médicaments à prendre ponctuellement et qui provoquent une forte somnolence parfois pendant toute la journée. Certains excipients comme la caféine, le gluten de blé ou le lactose sont présents dans certaines compositions pour former le cachet. Si la présence de caféine permet de contrebalancer la somnolence; ces médicaments ne sont donc pas forcément conseillés aux enfants de moins de 6 ans ou aux personnes allergiques.

L’homéopathie

Avantages : elle convient à tout le monde (y compris les enfants de moins de 6 ans et les femmes enceintes ou allaitantes.

Dans notre pharmacie les médecines naturelles sont toujours privilégiées, voici nos conseils qui seront toujours personnalisés en fonction des symptômes des patients :

Cocculus indicus 5 à 9 CH : le sujet présente des vertiges, des nausées voire des vomissements. Il a des sensations de faiblesse localisée, dans les jambes ou au niveau de la tête et ressent une amélioration de son état à la chaleur. Bien qu’il se sente très mal, il refuse l’air frais, et exige que les fenêtres restent fermées.

Borax 5 à 9 CH : les troubles surviennent dès que le véhicule fait un mouvement de descente, ou lors d’une inclinaison vers l’avant. On retrouve ces circonstances, bien entendu, en avion, mais aussi en bateau, en voiture et dans les ascenseurs. Les malades sont hypersensibles aux bruits aigus.

Tabacum 5 à 9 CH : dans les malaises de ce type dominent la pâleur, puis l’hyper salivation, les sueurs froides et enfin les nausées et vomissements. Cela correspond au malaise vagal type. On peut aussi retrouver les diarrhées avec sensation de froid. Le malade est aggravé à la chaleur, amélioré à l’air frais et en fermant les yeux.

Petroleum 5 à 9 CH : les nausées sont améliorées en fermant les yeux, en mangeant et à la chaleur. Elles sont aggravées par les odeurs d’hydrocarbures.

Ces quatre remèdes sont ceux que l’on rencontre le plus souvent dans ce type de pathologie. D’autres plus accessoires pourront néanmoins s’avérer utiles :

Theridion 5 à 9 CH : les vertiges sont aggravés en fermant les yeux.

Gelsemium 9 à 15 CH : le sujet est extrêmement anxieux et appréhende le voyage. Il peut présenter divers troubles avant le voyage allant jusqu’à la diarrhée de stress. Ce remède sera à prendre dans ce cas quelques jours avant le départ, une prise matin et soir.

Ipeca 5 CH  contre les nausées : elles peuvent être d’origine digestive ou autre ; les vomissements ne soulagent pas. Le remède n’est indiqué que si la langue est propre. La salivation est abondante, la face est pâle. Ipeca convient aux nausées de la grossesse si ces caractéristiques sont présentes.

On l’utilise si les symptômes sont améliorés par le chaud et aggravé par le froid, la chaleur humide, à l’automne.

Idéalement prendre 1 tube dose (ou 10 granules)  la veille du départ et 1 tube dose (ou 10 granules)  le matin à jeun. Puis si les symptômes reviennent prendre 3 à 5 granules toutes les heures et espacer dès amélioration. Toujours prendre l’Homéopathie : 15 minutes avant ou une demi-heure après les repas et à distance d’aliments forts en bouche (café, menthe…)

L’aromathérapie (huiles essentielles)

Il s’agit de l'essence d'une plante ou d'un arbre aromatique prélevée par distillation ou par pression le plus souvent. Pour le mal des transports, la menthe poivrée et le citron sont particulièrement indiqués.

Quelques gouttes sur un mouchoir à respirer, ou deux gouttes sur un comprimé neutre (ou dans une cuillère de miel ou sur un morceau de pain ou de sucre) et aucune somnolence à déplorer, on ne peut faire plus facile.

Le gingembre est aussi conseillé (en thé ou en capsules d’huiles essentielles)

2 capsules 3 fois par jour à commencer 1 ou 2 jours avant le départ et à reprendre si les symptômes reviennent…

Attention, comme il s’agit d’huiles essentielles, il faut toujours demander son avis à un spécialiste et savoir que sauf avis d’un spécialiste, les huiles essentielles sont déconseillées aux enfants de moins de 6 ans, aux femmes enceintes et allaitantes.

Autres alternatives

Bien sûr on peut penser à la Sophrologie, ou aux bracelets avec points de pression (acupuncture)….

Et pour les sujets sensibles, évitez bien sûr de lire en voiture, ne partez jamais l’estomac vide, ne faites pas de gros repas avant de partir, pensez à prendre régulièrement une petite collation au cours du voyage en excluant les sucres rapides et les aliments trop gras…. Enfin certains enfants se savent plus sensibles au lait ou au jus d’orange avant un départ… mieux vaut leur donner de l’eau et ils auront leur lait ou jus d’orange à l’arrivée !

Guy Le Moing : L’amiral Nelson, qui était sujet au mal de mer, donnait le conseil suivant : « Si tu veux ne pas être malade en mer, reste allongé sous un arbre ». Quand ce n’est pas possible, il faut suivre quelques conseils d’hygiène simples : s’alimenter légèrement avant le voyage, éviter le froid, ne pas lire en voiture, etc. Ceci n’étant généralement pas suffisant pour éviter l’apparition du mal, on se procurera quelques médicaments disponibles en vente libre en pharmacie (Nautamine, Mercalm ou autres). Ces médicaments sont efficaces dans les cas les plus ordinaires ; ils ont toutefois un effet indésirable fréquent : ils provoquent des somnolences. Si la naupathie résiste à ces médicaments ordinaires, mon seul conseil sera de consulter un médecin.

Y a-t-il une différence entre le mal des transports dans les différents moyens de locomotion (train, voiture, bateau) et les moyens de s'en prémunir selon le type de transport ?

Guy Le Moing : Les seules différences, à ma connaissance, résultent de l’intensité et de la durée de l’agression subie par le corps. Le mal de l’avion est rare, car les avions d’aujourd’hui sont parfaitement stabilisés. Le mal de la route est le plus fréquent, mais on a toujours, en voiture, la possibilité de s’arrêter. Le plus terrible est le mal de mer, car les mouvements sont intenses et, si la traversée est longue, s’ajoute le sentiment que « ça ne finira jamais ! ». Il va sans dire que se prémunir de la naupathie quand on va passer quatre heures dans les transports, ne relève pas des mêmes méthodes que lorsqu’on est marin professionnel et malade. Dans le premier cas, une médication légère suffit généralement, indépendamment du mode de transport. Dans le second cas, il peut être nécessaire de recourir à un traitement lourd, voire à une véritable rééducation des sens concernés. Je mettrai à part le « mal de l’espace », car, aux causes déjà signalées, s’ajoute un phénomène aggravant : l’apesanteur. Sa prévention relève de méthodes lourdes.

Y a-t-il à l'inverse des choses à ne surtout pas faire quand on a le mal des transports ?

Guy Le Moing : Ne pas lire en voiture, nous l’avons déjà dit. Eviter de trop manger avant le transport (un peu, toutefois, pour ne pas être complètement à jeun). Selon une tradition maritime, éviter « les 3 F » (la faim, le froid, la fatigue). Contrairement à certaines légendes répandues dans la marine… boire de l’alcool n’est pas une bonne idée !

L'âge joue-t-il un rôle ? Par exemple, les enfants ou les personnes âgées y sont-ils plus réceptifs et comment peuvent-ils s'en prémunir ?

Guy Le Moing : L’âge joue un rôle. Les enfants de moins de deux ans sont rarement atteints par la naupathie. Passé cet âge, ils y sont par contre beaucoup plus sensibles que les adultes (avec un pic situé entre trois et douze ans). Les moyens de prévention sont les mêmes quel que soit l’âge (sous réserve des indications propres à chaque médicament). Chez le jeune enfant et la personne âgée, des vomissements persistants peuvent entraîner un risque de déshydratation.

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