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Pourquoi  on ne pourra éviter de remettre à plat le système social français
©Reuters

Inévitable

Depuis quelques jours, les Français sont soumis à une avalanche de chiffres qui les laissent pantois. Ils ont le sentiment de revivre, comme à chaque période de début d’un nouveau mandat le scénario bien connu d’un Etat prodigue qui a laissé filer les dépenses et s’apprête à donner un tour de vis pour endiguer la montée des déficits.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Alors qu’Emmanuel  Macron ne cesse de prêcher le  recours à un autre  modèle, il  a commencé par  céder aux vieux  démons  avant  de  rectifier le tir, parce que dans un  premier  temps, il a laissé la parole à Bercy, c’est-à-dire à une administration purement comptable qui fonctionne  toujours selon les critères du passé, alors qu’une réflexion de  fond devrait être organisée pour fixer à la France  des objectifs correspondant  à l’évolution du monde. Il est vrai que le rapport de la Cour des Comptes sur l’ampleur des dérapages de la fin du quinquennat  de  François Hollande montrait qu’il y a urgence. La première réaction du gouvernement a consisté à répondre par la  sempiternelle hausse de  la fiscalité  pour boucher  les trous, sous prétexte qu’on ne  pouvait tout faire à la fois. Fort heureusement, Emmanuel Macron  a rectifié le tir, en soulignant qu’il ne fallait pas s’en tenir uniquement  à une  vision  comptable, mais  en accomplissant un effort de volonté.  Il vient ainsi de recadrer les militaires qui protestaient  contre les  économies annoncées dans leur prochain budget en soulignant qu’il était le chef des armées et que la grande  muette devait mériter sa réputation de discrétion et d’obéissance.  Un exemple qui gagnerait à être médité dans les autre domaines d’activité, où les cris d’orfraie  ont  tendance à se multiplier dès qu’il  est question  de remettre en  cause certaines  habitudes.

Emmanuel Macron  a donc finalement  fait volte-face en  remettant au premier  plan les deux réformes  fondamentales qu’il  avait prévues dans  sa campagne  et que le Premier  Ministre avait mis en  retrait, à savoir la réforme de l’ISF et  la taxe de 30% sur les revenus du capital. La France, qui était l’un des pays où la taxation était l’une des  plus élevée se situera désormais dans la moyenne européenne, alors que tous les grands  pays ont compris l’importance que joue cette taxation, avec même une  surenchère pour en réduire le montant afin de favoriser l’investissement et  la compétitivité.  

L’allègement de onze milliards  de la  pression fiscale va rassurer les milieux d’affaires qui s’inquiétaient  déjà des mouvements  en zig gaz du début du quinquennat. Ils pardonneront ce couac de départ s’ils ont le sentiment  que le pouvoir maintiendra le cap. Car Emmanuel Macron ne  peut plus revenir en arrière. Angela  Merkel  lui a fait comprendre  que c’est donnant  donnant. L’Allemagne est prête à aider la France,  à partager avec elle un certain effort  en matière de défense,  à développer  des projets communs , mais à condition que notre  pays s’engage  résolument dans  les réformes de structures que tous les autres pays ont accompli, alors que nous sommes  la lanterne rouge dans ce domaine, en donnant  l’impression d’en être encore à la  politique du  rabot.  Cela demandera du temps et un quinquennat ne sera pas de trop car il  s’agit de remettre à plat un modèle de protection sociale mis en place à la Libération,  dont le rôle a été essentiel  dans la reconstruction du pays, mais qui n’est  plus adapté au monde  d’aujourd’hui,  à internet et à la digitalisation, alors qu’au fil  du temps l’empilement du mille feuilles administratif, les  doublons , les organismes inutiles se  sont multipliés. Avec la réforme du code  du travail, qui reste encore modeste,  le  gouvernement va entrer dans le  dur cet été. Il y aura des  pleurs et  des grincements  de dents,  car  toute réforme de fond  ne peut se faire sans  déchirements avant que tous les avantages s’en fassent sentir. Mais les résultats obtenus par  nos partenaires, qui ont pris de l’avance sur nous,  devraient  donner au gouvernement le  courage de tenir  sur la voie du changement.

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