Inévitable
Pourquoi on ne pourra éviter de remettre à plat le système social français
Depuis quelques jours, les Français sont soumis à une avalanche de chiffres qui les laissent pantois. Ils ont le sentiment de revivre, comme à chaque période de début d’un nouveau mandat le scénario bien connu d’un Etat prodigue qui a laissé filer les dépenses et s’apprête à donner un tour de vis pour endiguer la montée des déficits.
Alors qu’Emmanuel Macron ne cesse de prêcher le recours à un autre modèle, il a commencé par céder aux vieux démons avant de rectifier le tir, parce que dans un premier temps, il a laissé la parole à Bercy, c’est-à-dire à une administration purement comptable qui fonctionne toujours selon les critères du passé, alors qu’une réflexion de fond devrait être organisée pour fixer à la France des objectifs correspondant à l’évolution du monde. Il est vrai que le rapport de la Cour des Comptes sur l’ampleur des dérapages de la fin du quinquennat de François Hollande montrait qu’il y a urgence. La première réaction du gouvernement a consisté à répondre par la sempiternelle hausse de la fiscalité pour boucher les trous, sous prétexte qu’on ne pouvait tout faire à la fois. Fort heureusement, Emmanuel Macron a rectifié le tir, en soulignant qu’il ne fallait pas s’en tenir uniquement à une vision comptable, mais en accomplissant un effort de volonté. Il vient ainsi de recadrer les militaires qui protestaient contre les économies annoncées dans leur prochain budget en soulignant qu’il était le chef des armées et que la grande muette devait mériter sa réputation de discrétion et d’obéissance. Un exemple qui gagnerait à être médité dans les autre domaines d’activité, où les cris d’orfraie ont tendance à se multiplier dès qu’il est question de remettre en cause certaines habitudes.
Emmanuel Macron a donc finalement fait volte-face en remettant au premier plan les deux réformes fondamentales qu’il avait prévues dans sa campagne et que le Premier Ministre avait mis en retrait, à savoir la réforme de l’ISF et la taxe de 30% sur les revenus du capital. La France, qui était l’un des pays où la taxation était l’une des plus élevée se situera désormais dans la moyenne européenne, alors que tous les grands pays ont compris l’importance que joue cette taxation, avec même une surenchère pour en réduire le montant afin de favoriser l’investissement et la compétitivité.
L’allègement de onze milliards de la pression fiscale va rassurer les milieux d’affaires qui s’inquiétaient déjà des mouvements en zig gaz du début du quinquennat. Ils pardonneront ce couac de départ s’ils ont le sentiment que le pouvoir maintiendra le cap. Car Emmanuel Macron ne peut plus revenir en arrière. Angela Merkel lui a fait comprendre que c’est donnant donnant. L’Allemagne est prête à aider la France, à partager avec elle un certain effort en matière de défense, à développer des projets communs , mais à condition que notre pays s’engage résolument dans les réformes de structures que tous les autres pays ont accompli, alors que nous sommes la lanterne rouge dans ce domaine, en donnant l’impression d’en être encore à la politique du rabot. Cela demandera du temps et un quinquennat ne sera pas de trop car il s’agit de remettre à plat un modèle de protection sociale mis en place à la Libération, dont le rôle a été essentiel dans la reconstruction du pays, mais qui n’est plus adapté au monde d’aujourd’hui, à internet et à la digitalisation, alors qu’au fil du temps l’empilement du mille feuilles administratif, les doublons , les organismes inutiles se sont multipliés. Avec la réforme du code du travail, qui reste encore modeste, le gouvernement va entrer dans le dur cet été. Il y aura des pleurs et des grincements de dents, car toute réforme de fond ne peut se faire sans déchirements avant que tous les avantages s’en fassent sentir. Mais les résultats obtenus par nos partenaires, qui ont pris de l’avance sur nous, devraient donner au gouvernement le courage de tenir sur la voie du changement.
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