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Les touristes sont revenus à Paris mais les investisseurs non. Du coup, le gouvernement met le paquet pour les attirer et ce n’est pas gagné
©Reuters/Charles Platiau

Etre à la hauteur

Finies les tergiversations, la place de Paris s’organise pour profiter du brexit et attirer les investisseurs. Objectif : devenir enfin une place financière de taille, attirant entreprises et financiers internationaux.

Aude Kersulec

Aude Kersulec

Aude Kersulec est diplômée de l' ESSEC, spécialiste de la banque et des questions monétaires. Elle est chroniqueuse économique sur BFMTV Business.

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Pour décupler l’attractivité de Paris auprès des investisseurs, le gouvernement se concentre sur 3 conditions nécessaires : social, fiscal et infrastructure.

Les touristes sont revenus en nombre à Paris, la saison va battre tous les records de visiteurs. C’est gagné. Par ailleurs, Paris s’est placée dans la short List des candidats à l'organisation des jeux Olympiques de 2024, une opération soutenue par le Président de la république, en personne. Ça peut marcher.

Mais pour Paris, et dans l’immédiat, c’est l’après Brexit qui mobilise toutes les énergies. Paris veut devenir la première place financière selon le Premier Ministre qui a pris le lead, en anglais dans son discours lors du Forum Europlace, chargé de promouvoir la ville de Paris. Objectif : démontrer la compétitivité et rassurer via les réformes annoncées. Edouard Philippe, serait donc devenu un bon VRP de la place parisienne. C’est à vérifier parce que pour l’instant le pari n’est pas gagné.

Et il y a péril en la demeure puisque, selon une étude menée par KPMG, sur 50 institutions financières ayant annoncé leur intention de quitter la City, une seule, la banque HSBC, aurait choisi Paris comme lieu d’implantation. Paris devancée par Luxembourg, Francfort et Dublin, et bien d’autres. Le patron de JP Morgan était à Paris. A Europlace, il y a rencontré les dirigeants français et salué l’arrivée d’Emmanuel Macron, sans s’avancer encore sur une prochaine décision.

« France is changing » selon les mots d’Emmanuel Macron reprenant la le titre d’une célébrissime chanson de Bob Dylan , prix Nobel depuis peu , « the times, they  are A changin !!! »

Pour vendre la destination désirable, il fallait en redorer l’image. Un exécutif et une Assemblée rajeunie, dans les corps comme dans les esprits, ont déjà rehaussé l’image de la France à l’étranger. L’ouverture du président et du gouvernement est rassurante dans l’environnement actuel. Doivent s’en suivre des mesures concrètes, qui vont concerner le quotidien des affaires des investisseurs que l’on cherche à attirer.

A la clé, 10 000 emplois pourraient raisonnablement venir à Paris. Alors, il y a du monde au guichet. Edouard Philippe, s’est affiché aux côtés d’Anne Hidalgo et de Valérie Pécresse, à la tête de la ville et de la région. Mais il faut aussi accorder les violons, tenir le même discours, avec cohérence pour changer les mentalités, les pratiques et la réputation que se traine la place parisienne. Trois chantiers.

Agir sur le coût du travail. C’est la mère des priorités et pour cause, elle aura des conséquences pour les créations d’emplois à l’intérieur du pays, comme sur la relocalisation d’emplois vers la France. A côté de la réforme générale de flexibilisation du marché du travail, dont Edouard Philippe a annoncé qu’elle sera achevée au 21 septembre, des mesures attendues comme le plafonnement des indemnités prud’homales en cas de licenciement ; d’autres mesures se destinant spécifiquement aux hauts salaires sont ajoutées. Annoncée par exemple la suppression de la tranche supérieure de taxation sur les hauts salaires, notamment payées par les banques.

Mettre en place une cohérence réglementaire et fiscale. Pas de nouvelles contraintes par rapport à celles prises au niveau européen pour ne pas alourdir encore plus la législation. Et du côté fiscal, le remodelage de l’ISF pour exempter les actifs mobiliers et la baisse de l’impôt sur les sociétés pour l’aligner aux standards européens, à 25% d’ici 2022. En évitant les couacs sur les dates de mise en place des réformes et les incessants aller-retours, comme l’épisode du weekend dernier, qui vient en rajouter à la mauvaise réputation française d’instabilité fiscale.

Enfin, dernier élément de différenciation, le match des infrastructures et de la facilité de vie.  Ce n’est pas celui où Paris est la plus à plaindre, bénéficiant déjà de réseaux de transports ; mais des annonces ont quand même été faites et prévoient l’ouverture de trois nouveaux lycées internationaux, d’une cour d’appel capable de traiter des contentieux en anglais.

De quoi, peut-être enfin remonter dans les terribles classements financiers ou pro-business qui nous accablent, la Banque mondiale ayant récemment classé la France derrière la Macédoine, la Géorgie et la Lettonie dans leur capacité à faire des affaires. 

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