Oublis
Jour de carence des fonctionnaires: les petits mensonges de FO
Jean-Claude Mailly répète souvent que les salariés du privé ne sont plus soumis au jour de carence. C'est un raccourci un peu rapide.
Éric Verhaeghe
Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.
Article publié initiallement sur le site Décider & Entreprendre, la voix des entreprises
Jean-Claude Mailly mène une très attendue campagne d'intoxication sur le jour de carence des fonctionnaires, qu'il présente forcément comme une stigmatisation. Dans son anthologie du corporatisme, il ne manque pas une occasion de répéter que les salariés du privé n'y sont plus soumis. Voilà qui mérite un petit décryptage.
En écoutant Jean-Claude Mailly parler du jour de carence des fonctionnaires, on se pince et si on se demande si on rêve ou non. L'intéressé fait aujourd'hui campagne contre le rétablissement du jour de carence dans la fonction publique avec une série d'arguments qui méritent quelques rappels.
Pourquoi Mailly n'aime pas le jour de carence des fonctionnaires
Les raisons du combat mené par Jean-Claude Mailly sont bien connues. Pour FO, la fonction publique est un terrain conquis et une place forte. Le secrétaire général de FO est donc bien obligé de se faire le porte-parole d'une base qui n'aime pas reconnaître les privilèges dont elle dispose.
Mailly évite donc de dire que la première justification du jour de carence tient au fort absentéisme des fonctionnaires. Non seulement ceux-ci ont généralement une durée du travail inférieure à celle du privé, mais en plus ils se permettent d'être beaucoup plus absents que les salariés. Une étude de 2016 a par exemple montré que l'absentéisme moyen dans les collectivités territoriales est de 9%, quand il est inférieur à 5% dans le secteur privé.
D'ailleurs le rétablissement du jour de carence par Nicolas Sarkozy en 2011 avait permis de diminuer fortement cet absentéisme.
En quoi Mailly tord la réalité
Pour justifier sa position, Jean-Claude Mailly adore répéter que le jour de carence n'existe plus pour 75% des salariés du secteur privé. Ce faisant, il sème délibérément le trouble en visant les accords de mensualisation et de prévoyance qui existent dans certaines entreprises ou certaines branches
Ce qu'il oublie de dire, c'est que ces accords sont financés par l'employeur. Ils viennent en plus des cotisations obligatoires sur la masse salariale. Et comme ils sont payants, leurs signataires vérifient quand même le bien-fondé de l'absentéisme des salariés par des contrôles médicaux.
Majoritairement, les administrations refusent de signer des accords de ce type, invoquant le manque de moyens pour le faire. Il est tellement plus simple de perdre en moyenne 5% de masse salariale due à l'absentéisme...
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