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#Plan(plan)Climat, plan innovation : Hulot, Le Maire, mêmes objectifs ambitieux, même manque de souffle concret
©Reuters

Mystère

Nicolas Hulot a présenté un plan climat supposé déployer la stratégie écologique de la France. Mais, en le lisant, on a plus l’impression de découvrir une novlangue mystérieuse qu’une politique structurée. La communication y a manifestement remplacé la politique.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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En présentant son plan climat, Nicolas Hulot a soulevé un certain nombre de questions sur son ambition politique. En creux en effet, c’est le rôle de l’État qui est interrogé, et surtout cette manie très française de s’assigner des obligations de moyens sans être tenu par une logique de résultats

Le plan climat et son volontarisme…

Facialement, le plan climat ne manque pas d’ambition, avec son foisonnement de mesures qui donne le sentiment d’un large tour d’horizon, ponctué d’expressions fortes. On y trouve pas moins de 23 axes qui sonnent bien en termes de communication.
Au-delà des mots, que signifient ces axes? Par exemple, l’axe n°20 propose de « renforcer l’ambition climatique de l’Europe ».  On y lit des phrases comme: « La France s’engage également à rassembler une coalition d’États membres disposés à renforcer sans attendre leur action nationale et supranationale sur l’atténuation, notamment en matière de tarification du carbone, mais également sur l’adaptation, la finance climat et le renforcement de capacité et à atteindre la neutralité carbone au niveau national aussi tôt que possible au cours de la deuxième moitié du siècle. »
Quelle est la portée exacte de cet axe? On comprend bien que le gouvernement annonce une ambition, une volonté. Mais quels objectifs concrets se fixe-t-il? C’est un peu vague.

… qui soulève quelques questions concrètes

Dans quelle mesure cet enchaînement de promesses cache-t-il une immense résignation face aux dérèglements écologiques? En filigrane, la rédaction du plan climat pose quand même la question.
Par exemple, l’axe 19 propose de s’adapter au changement climatique. Dans la pratique, cet axe se résume à une seule mesure: l’augmentation des financements visant à préparer certains territoires, notamment en outre-mer, au réchauffement climatique.
De combien sera cette augmentation? Pas un mot dans le plan.

L’extrême frilosité de Nicolas Hulot sur la question du nucléaire

Derrière les tralalas très bobos sur les plateformes de consultations dans tous les sens, le plan climat compte quand même un immense silence très gênant: la France n’explique pas son ambition sur son mix énergétique. Autrement dit, le plan climat ne dit pas un mot du nucléaire et n’explique pas clairement comment sera produite l’électricité dans la France de demain.

Certes, Nicolas Hulot annonce une stratégie à bas carbone qui prévoit la fermeture des centrales électriques à charbon. Certes, le plan prévoit la montée en puissance de l’énergie renouvelable. Mais il n’exclut pas, mécaniquement, un développement de l’énergie nucléaire.

On a tous bien compris, en lisant le Canard Enchaîné, qu’EDF avait financé la Fondation Hulot et avait ainsi coupé les ailes du futur ministre. Reste que le plan climat semble étrangement silencieux sur un sujet pourtant critique.

Au-delà des voeux pieux, Nicolas Hulot sait-il où il va?

On pourrait ici égrener, page après page, les promesses ou les annonces non chiffrées qui occupent un terrain fait de sable mouvant et y multiplient les incantations sans toucher à l’essentiel. Partout, Nicolas Hulot propose des mobilisations, des consultations, mais il garde le silence sur les résultats qu’il attend et il conserve un silence gêné sur l’essentiel: le maintien en l’état de la part du nucléaire à l’horizon des années 2050, dont on voit mal comment il sera financé. Les centrales françaises sont en effet, comme toutes les autres, inscrites dans la manie de l’obsolescence programmée. Et Nicolas Hulot ne nous dit pas par quoi ou comment il entend les remplacer.

La France se mobilise pour une adoption rapide des décisions législatives de mise en œuvre du cadre énergie climat 2030, dans une optique ambitieuse, à la fois sur le système d’échanges de quotas et la décision sur le partage de l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre. La France se mobilisera également pour que l’Union européenne, par son leadership, initie le mouvement du relèvement de l’ambition de ses objectifs de réduction des émissions, à la lumière des conclusions du dialogue de facilitation prévu en 2018. Elle s’attachera à faire valoir l’intégration des enjeux climatiques dans toutes les politiques européennes : politique énergétique, mais également politique agricole commune, politique des transports, politique de la recherche et de l’innovation, fonds européen de développement, etc. Elle fera valoir l’indispensable orientation des financements européens au profit de politiques durables et résilientes vis-à-vis du changement climatique et du déploiement systématique d’investissements bas-carbone ainsi que, plus globalement, leur cohérence avec la transition bas-carbone et l’adaptation au changement climatique.

La France augmentera ses financements dédiés à l’adaptation de ses territoires et de son économie pendant le quinquennat pour agir dans les territoires métropolitains et d’outre-mer sur la prévention des impacts du changement climatique, la résilience et la mobilisation des solutions d’adaptation basées sur la nature.

La lutte contre le changement climatique demande des mutations économiques importantes. Réduire les émissions de gaz à effet de serre dans un monde en croissance exige d’innover dans nos moyens de production, en particulier d’énergie, pour découpler performance économique et émissions de gaz à effet de serre. La recherche est l’une des clés et la France, qui regorge de talents, a les atouts pour devenir un pôle d’attractivité mondiale. Le développement des technologies vertes nécessitera des capitaux importants, que la place financière de Paris pourra fournir en devenant la référence mondiale en matière de développement durable. Enfin, l’État agira pour simplifier, faciliter et encourager le déploiement des filières vertes utiles à la lutte contre le changement climatique (génie écologique, biomimétisme…).

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