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Directeur exécutif au sein de Goldman Sachs et responsable des produits dérivés pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, Greg Smith a démissionné avec fracas de la célèbre banque d'affaires.
Directeur exécutif au sein de Goldman Sachs et responsable des produits dérivés pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, Greg Smith a démissionné avec fracas de la célèbre banque d'affaires.
©Reuters

Pétard mouillé ?

La presse financière anglo-saxonne reste sceptique quant à ses motivations et à l'effet de sa lettre sur l'opinion publique.

Directeur exécutif au sein de Goldman Sachs et responsable des produits dérivés pour l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique, Greg Smith a démissionné avec fracas de la célèbre banque d'affaires, et l'a fait savoir à travers une lettre ouverte publiée sur le site internet du New York Times. Sud-Africain d'origine, diplômé d'économie à l'Université de Stanford, en Californie, l'homme a pourtant travaillé douze ans pour la compagnie, à New-York puis à Londres, passant de la gestion de patrimoine au conseil financier auprès de puissants hedge funds et de fonds souverains du Golfe. Au cours de ces années, il explique avoir cru, et participé, à la vocation de conseil de la banque. Un conseil désintéressé de la notion de profit, parfois prodigué au détriment de gains pour la société, mais toujours au bénéfice des clients.

Greg Smith accuse, dans sa tribune, les dirigeants actuels de Goldman Sachs - Lloyd Blankfein et Gary Cohn - d'avoir perverti la notion de leadership au sein de la société. En d'autres termes, d'avoir conditionné la promotion de ses employés aux bénéfices qu'ils ont fait réaliser à la banque, fussent-ils réalisés au dépens des nombreux investisseurs qui forment la clientèle de Goldman Sachs. Une dérive qui, selon lui, s'ancre jusque dans les mentalités des plus jeunes cadres, et qui constituerait "la plus grande menace pour la pérennité" de cette institution financière, vieille de 143 ans. "Au cours des douze derniers mois, j'ai vu cinq directeurs généraux différents parler de leurs clients comme de marionnettes dans leurs e-mails internes", écrit-il, scandalisé. "Le succès d'une banque d'affaires, rappelle-t-il, réside dans la confiance de ses clients."

Une lettre qui suscite Outre-Atlantique des réactions mitigées...

Mais la lettre de l'ancien directeur exécutif, dénoncée par les deux patrons de la banque d'affaires dans un mémo adressé à leurs employés, a beau résonner auprès de l'opinion publique américaine, qui tient l'industrie financière comme responsable de la crise économique internationale, elle ne convainc pas bon nombre d'observateurs au sein des plus grands titres de presse anglo-saxons.

Tunku Varadarajan, éditorialiste de Newsweek International et membre de la Hoover Institution, un think tank basé à Stanford, l'université d'origine de Greg Smith, juge même les "jérémiades" du Sud-Africain cyniques et insincères. Dans une tribune pour The Daily Beast, il fustige l'hypocrisie qui consiste à faire croire à une prise de conscience tardive, après douze ans de travail pour la société et des millions de dollars accumulés, en salaire et en bonus."Goldman Sachs a connu des conflits d'intérêts depuis sa fondation, explique l'éditorialiste, et n'a jamais été une entreprise de gentils bienfaiteurs. Smith, poursuit-il, a rejoint la firme en 2000, au moment de l'éclatement de la bulle internet. Une période où, contrairement à ce qu'avance ce dernier, la banque n'était ni un modèle d'intégrité, ni de déférence envers ses clients."

Les parodies de la lettre de Greg Smith ont très vite circulé, l'une d'elles s'intitulant même "Pourquoi je quitte l'Empire", par... Dark Vador. Si l'ex-directeur exécutif était loin d'être aussi important à Goldman Sachs que le seigneur Sith l'est à l'Empire galactique de la saga Star Wars, son volte-face n'en est pas moins ridicule, selon Damian Reece, éditorialiste au Daily Telegraph. D'une part, parce que la réputation de Goldman Sachs est déjà si ternie qu'une telle lettre ne peut réellement l'atteindre. D'autre part, parce que la réaction de Greg Smith est tout autant motivée par "des opportunités perdues, des bonus manqués et la jalousie du succès de ses pairs que par une soudaine révélation morale". "A-t-il réellement combattu la culture du profit qu'il méprise aujourd'hui ?", se demande Damian Reece.

La raison du départ tonitruant de Greg Smith pourrait résider en fait dans son manque de résultats, d'après un article publié par Reuters. L'homme n'était que l'un des 12 000 vice-présidents et directeurs exécutifs que comptent la banque d'affaires. 36% des employés de Goldman Sachs partagent donc son statut. En comparaison, la société ne compte que 450 directeurs généraux. Un poste auquel Greg Smith n'a pas pu prétendre malgré douze ans de service.

Si l'un de ses amis, interrogés par l'agence en tout anonymat, décrit le Sud-Africain comme un homme "intègre", "honnête et ouvert d'esprit", un trader qui l'a côtoyé à Londres affirme qu'il était mécontent de sa situation et de n'avoir pas pu atteindre la position de directeur général, car ses résultats commerciaux n'étaient pas à la hauteur de ceux désirés par Goldman Sachs. Une société à laquelle, en plus d'une décennie, Greg Smith n'aurait pas su véritablement se conformer.

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