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Match des discours : Philippe 1 – Macron 0... mais sans conséquences politiques
©Capture d'écran Dailymotion

Parlementaire

Leur avait-on conseillé de se montrer moins timides qu'au Congrès ?

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Alors qu'à Versailles ils  ont écouté, quasiment figés jusqu'à la fin, le long discours d'Emmanuel Macron, les députés de la majorité En Marche et Modem n'ont pas semblé devoir se forcer pour applaudir le discours de politique générale du Premier Ministre à de nombreuses reprises. (55 fois d'après les spécialistes). Leur enthousiasme devait d'ailleurs être contagieux puisqu'à un  moment quelques élus LR se sont joints furtivement à eux et soixante-quinze d'entre eux ont préféré s'abstenir plutôt que de voter d'emblée contre le programme annoncé...

L'hémicycle du Palais Bourbon est certes moins impressionnant que celui du Château de Versailles, mais surtout les élus se sentaient plus en phase avec les propos d'Edouard Philippe qu'avec ceux, plus philosophiques, d'Emmanuel Macron. La vaccination obligatoire pour la petite enfance, la hausse du prix des cigarettes, la simplification de la procédure de la construction de logements, la lutte contre les déserts médicaux, le remboursement des soins dentaires et des lunettes, la réforme du bac, celle de la Justice, les 15.000 places de prison supplémentaires sont des thèmes hautement évocateurs pour les élus de terrain...A l'inverse, le renvoi à l'année prochaine voire à 2019 et au delà , de certaines promesses électorales comme la transformation du CICE en baisse des charges ou la réforme de l'ISF,le sont  également. Après avoir écouté le chef de la majorité, les députés se sont demandé si la Conférence des Territoires annoncée sera l'amorce d'une nouvelle étape de la décentralisation simplement le théâtre de cette réduction de la dépense publique promise et  que le premier Ministre s'est contenté d'effleurer dans son  propos ? On le saura très vite car pour atteindre les 3% de déficit d'ici la fin  de l'année, le gouvernement devra aller vite. Pour  illustrer sa philosophie le Premier Ministre n'a pas invoqué de grandes figures historiques mais deux de ses prédécesseurs, Jacques Chaban Delmas et Michel Rocard. Du premier qui, en 1969, évoquait déjà "la société bloquée" il dit que son diagnostic est toujours valable. Du second, qui fut un Premier ministre d'ouverture il reprend cette citation fédératrice: "Nos priorités ne sont pas scelles d'une moitié de la France contre l'autre moitié, mais celles de tous les Français. Défaire ce que les autres ont fait, faire ce que d'autres déferont, voilà bien le type de politique dont les électeurs ne veulent plus. Nous ne demanderons à personne de nous rejoindre par intérêt ni de trahir ses convictions". Edouard Philippe devançait en quelque sorte son ex président de groupe Christian Jacob Christian Jacob. En lui adressant ses " félicitations" le patron des députés L.R. canal Historique a déclaré: ..." je n'oublie pas que les jours qui précédaient votre nomination, j'étais encore votre président de groupe. Alors, ces félicitations auraient certes été plus spontanées ou plus vives si vous n'aviez pas quitté votre famille politique dans ces conditions", lui a-t-il lancé avant de lui asséner :"J'espère, mais je ne me fais pas beaucoup d'illusion qu'en vous regardant dans la glace, il vous arrive de songer à vos anciens collègues dont votre nomination a contribué à la perte", avant d'affirmer: " Votre objectif de casser la droite française a échoué. Nous sommes là et bien là. Fiers de pouvoir incarner une opposition républicaine solide, libre et exigeante. Déterminés à ne pas vous laisser le monopole d'une confrontation stérile et dangereuse avec l'extrême gauche et l'extrême droite". Mais Christian Jacob a aussi entendu le message des électeurs largement répercuté par ses collègues qui se sont vus reprocher leur opposition systématique aux gouvernements de François Hollande. Il s'est abstenu, comme 74 de ses collègues, accordant ainsi le bénéfice du doute au gouvernement, tandis que 23 d'entre eux (- les anciens sarkozystes pour la plupart), ont voté contre la confiance. Il en ira sans doute autrement le jour où il s'agira d'augmenter la CSG sur les retraites , disposition qu'ils ont combattue et continuent de combattre. Mais hier l'abstention "bienveillante" des 23 députés "constructifs" a du coup perdu de son relief, et douze d'entre eux ont d'ailleurs préféré voter d'emblée  la confiance au gouvernement. Ce sont aussi vingt trois députés Nouvelle Gauche (ex-PS) sur trente et un  qui se sont abstenus; seul le groupe de la France Insoumise (17 élus), a voté en bloc contre la confiance, emmené par Jean-Luc Mélenchon qui se veut " l'alternative au monde que représente" le Premier Ministre. Et maintenant? Ce vote est loin de  figer la configuration des oppositions, de droite comme de gauche, de demain. Il reflète simplement le désarroi des partis de gouvernement battus à la présidentielle : ils ont quelques années devant eux pour se reconstruire ou disparaitre.

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