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Et si, c'est vérifié... les parents ont bien un enfant préféré
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Bien-aimé

Être le chouchou de papa et maman peut avoir bien des avantages. Mais cette position, parfois difficile à tenir, peut mettre en péril la cohésion d'une famille.

Pascal Anger

Pascal Anger

Pascal Anger est psychologue, psychanalyste, psychothérapeute, sexothérapeute, systémicien et médiateur familial.

Il est également chargé de cours à Paris VII. 

Il est l'auteur de Le couple et l'autre, livre publié aux éditions l'Harmattan.

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Atlantico : Selon une étude menée par la sociologue Katherine Conger, plus de 70% des parents réserveraient - souvent inconsciemment - un traitement préférentiel à l'un de leurs enfants. Dans la plupart des cas, c'est l'aîné d'une fratrie qui bénéficie de ce favoritisme. Comment expliquer un tel résultat? Les parents ont-ils réellement un chouchou parmi leurs enfants?

Pascal Anger : Avant même la conception de l’enfant, il y a déjà des choses qui se jouent. Il y a déjà une construction entre les parents et l’enfant à venir. Après la naissance, vient se poser la question de comment va se construire cette relation à trois, et surtout comment se construit-elle par rapport à une lignée. En fonction de la place qu’on aura pris dans notre fratrie, et dans notre relation avec nos parents,notre comportement va varier avec nos enfants. Le premier fils, ou la première fille, c’est aussi celui avec lequel les parents vont apprendre leur rôle. Pour ce qui est posé comme question, il faut faire la part des choses entre la préférence, et la construction du lien. C'est-à-dire savoir si le lien qui unit les parents à leur enfant est plutôt négatif, ou positif. Il est essentiel de savoir ce que l'on projette dans cette enfant, Quelles sont nos propres projections en tant que parents? Nous ressemble-t-il physiquement, ou dans son caractère? En fonction de ces ressemblances, on va lui attribuer certaine facilitée ou non. C'est à ce moment que le lien va se faire en positif ou en négatif. Je ne sais pas si on peut parler de chouchou, mais plutôt d’atomes crochus. Ça peut arriver que des parents aient un préféré. Mais à quel niveau, et à quel moment? Ça peut être dangereux d’être chouchou. Il y a des bénéfices parfois pour l'enfant, mais le revers de la médaille est souvent conséquent. La relation peut totalement changer lorsque le préféré ne va plus correspondre aux projections que l’on faisait sur lui. Celui qui est le chouchou peut aussi être parfois celui qui a le plus de responsabilités.

Quelles peuvent être les répercussions sur les enfants ne bénéficiant pas de ce traitement différentiel? Quel est leur perception de cette préférence? Le chouchou est il réellement conscient de ce statut ?

Les enfants qui ne bénéficient pas de ce côté chouchou peuvent être frustrés, se sentir mal aimés. Ils risquent d'avoir des problèmes de construction d’eux-même, et de valorisation d’eux-même. Ça peut-être vécu comme un abandon. Ils peuvent avoir également des soucis de confiance en soi. Ce sont des enfants qui vont essayer de faire naître de l’amour chez leurs parents, et parfois ne jamais y arriver. Il peut être parfois conscient de son statut, et en être content. Mais il arrive aussi qu’il en soit malheureux, et tente d’en parler. Il peut en discuter au sein de la fratrie, en expliquant qu’il a conscience d’être le favori. Mais rien que partager ça avec le frère ou la soeur permet d’apaiser les choses. C’est un partage, où le favori aide son frère ou sa soeur à comprendre ce qu’il se passe.

Si les parents sont réellement enclins à préférer l'un de leurs enfants, quelles solutions leur reste-t-il pour "compenser" cette situation avec les autres enfants ?

Il reste la communication. Il n’y a rien de tel pour remettre les pendules à l’heure. Parfois, ça ne va pas se faire sans douleurs. C’est quand il y a des grosses épreuves dans la famille qu’il peut arriver que les conflits éclatent au grand jour. Ce que les thérapies familiales nous révèlent, c’est justement qu’à des moments donnés, il y a des problèmes sur la différence de traitement qui doivent être abordés, pour essayer de comprendre ce que la fonction d’avoir un chouchou apporte dans la famille. Il faut essayer de trouver des solutions pour sortir de cette impasse, car ce n’est pas confortable d’être le chouchou de la famille.

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