Georges Fenech : "Face aux Constructifs, il faut réaffirmer clairement l'ADN des Républicains mais aussi moderniser notre parti" <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Politique
Georges Fenech : "Face aux Constructifs, il faut réaffirmer clairement l'ADN des Républicains mais aussi moderniser notre parti"
©

Entretien politique

Georges Fenech s'est retrouvé au centre de la polémique entourant l'affaire Fillon lorsqu'il n'avait pas hésité à pointer du doigt les dérives de son parti. Dans son nouveau livre "Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ?", il revient sur les coulisses de la campagne présidentielle et pose le constat d'un parti en quête de réaffirmation. Entretien.

Georges Fenech

Georges Fenech

Georges Fenech, ancien juge d'instruction, a présidé la commission d'enquête parlementaire consacrée aux attentats du 13 novembre 2015 et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). Son dernier livre est intitulé "L'ensauvagement de la France : la responsabilité des juges et des politiques" (2023) aux éditions du Rocher.

Il a déjà publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Gare aux gourous (2020), mais aussi "Face aux sectes : Politique, Justice, Etat" (1999) et "Criminels récidivistes : Peut-on les laisser sortir ?" (2007).

Voir la bio »

Atlantico : Votre livre revient évidemment sur l'affaire Fillon, les tractations, les "négociations entre amis" mais aussi le courage de certains élus et leur droiture. Pourquoi était-il important pour vous de revenir sur cette affaire aujourd'hui ?

George Fenech : Il se trouve que j'ai été un acteur central dans cette affaire bien que n'étant pas dirigeant du parti et donc d'une certaine façon bien malgré moi. A mesure où je me suis exprimé, en particulier devant Fillon pour tirer la sonnette d'alarme, j'ai pu vivre ce moment de l'intérieur comme acteur, et comme intermédiaire pour mes collègues qui pensaient la même chose que moi.

J'ai donc pensé important de laisser une trace écrite, un témoignage de ce que j'ai vu, vécu et ressenti, et évidemment j'ai essayé d'en tirer des conclusions pour l'avenir. Il n'y a aucun esprit de règlement de compte dans ce livre, car je n'ai aucun compte à régler avec personne mais il m'a paru important de pointer du doigt certaines faiblesses et certaines responsabilités des uns et des autres, parfois partagées, pour pouvoir enfin avancer et rebondir. Je l'ai fait avec beaucoup d'objectivité, y compris pour mes amis.

La levée de bouclier qu'a pu provoquer le fait que vous vous soyez exprimé franchement vis-à-vis de la candidature de François Fillon a été assez violente. Plusieurs personnes de votre camp se sont positionnées contre vous. Avec le recul des élections passées comment analysez-vous maintenant ces réactions ? 

Cela me surprend car les faits m'ont donné raison; Le désastre s'est produit, on a perdu l'élection présidentielle, les élections législatives et tout cela est la conséquence de l'entêtement de François Fillon de se maintenir alors qu'il n'était plus crédible, empêtré dans des affaires judiciaires et mis en examen alors qu'il avait affirmé publiquement qu'il ne se présenterait pas s'il l'était. Aujourd'hui nous payons pour une longue période de purgatoire des conséquences gravissimes pour nous, pour le pays, de l'attitude d'un homme qui a refusé de voir la réalité en face, et nous payons le renoncement de notre famille politique qui n'a pas su réagir pour différentes raisons. Je ne vois pas en quoi on pourrait me reprocher d'être le responsable de cette déroute alors que je n'ai été que celui qui a alerté sur les risques que nous encourions. J'ai osé le dire et le dire fortement avant qu'il soit trop tard. Je n'ai pas été suivi, le résultat est là.

Selon vous l'effet de cette campagne perdue a-t-il également affecté les élections législatives ?

La déroute aux législatives était inscrite dans la défaite au premier tour à l'élection présidentielle. Ceux qui, encore après le premier tour, espéraient que le projet adopté par les primaires était toujours là pour leur permettre de l'emporter se sont lourdement trompés. Il est évident qu'en politique, on ne vote pas pour un projet, mais qu'on vote pour des individus qui incarnent ce projet. La défaite des législatives est intervenue de manière cinglante, nous avons été amputés de la moitié de nos effectifs à l'Assemblée nationale. On voit bien que c'est une descente vertigineuse, puissante et que la seule manière de redresser la barre aujourd'hui doit être évidemment de reconstruire une formation politique plus claire. Cette recomposition permettra de faire la clarté sur ceux qui partagent complètement les idées de notre famille politique et ceux qui veulent vivre d'autres aventures.

Et quel cheval de bataille comptez-vous enfourcher après cette lourde défaite ?

Moi je mènerais campagne activement pour la candidature de Laurent Wauquiez. Je pense qu'il a tous les atouts pour redresser notre famille politique. Il a pour lui évidemment déjà l'expérience du parti. Il a l'expérience gouvernementale, il a conquis la région Auvergne-Rhône-Alpes et il a pour lui aussi tout l'avenir car il incarne un saut générationnel. C'est un homme de grandes qualités intellectuelles, morales et qui est clair dans ses idées, sans aucune compromission.

Quel est votre point de vue sur le malaise au sein de votre parti, la guerre des chefs entre les irréconciliables Bertrand et Wauquiez et les diverses tractations qu'a pu connaître la droite comme avec les constructifs. Comment percevez-vous l'éclatement de votre famille politique ? Quels sont les enjeux à venir ?

L'avenir de notre famille politique passe par une consultation de nos militants. Je pense qu'il faut qu'il y ait des élections qui se déroulent d'ici la fin de l'année. Cette décision sera prise au bureau politique le 11 juillet. Il faut que nous ayons un président de notre famille politique, des responsables, des dirigeants qui soient légitimes et qui déterminent au cours de cette campagne une ligne politique qui sera la nôtre. Ligne que j'espère, en ce qui me concerne, fidèle à ses idées, sans aucun renoncement à ce que nous sommes. Il n'est pas question d'être des "constructifs", ce qui n'a aucun sens d'ailleurs car les "constructifs" ne sont que des opportunistes qui ont saisi l'occasion avec beaucoup d'arrogance et de mépris vis-à-vis de notre famille politique. Je souhaite qu'il y ait non seulement la réaffirmation de ce qui fait notre ADN, c'est-à-dire le respect de l'autorité, la défense de notre identité, la défense des minorités, l'attachement à soutenir une politique économique en faveur des classes populaires… Tout cela fait partie de ce que nous sommes et de ce que nous avons toujours défendu.

Mais j'ajoute que dans le cadre de la reconstruction de notre famille politique il faut moderniser notre parti. Il faut inventer d'autres méthodes de consultation de nos militants, de participation...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !