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Obama victime 
de la flambée du prix de l’essence
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Trans Amérique Express

Le président américain est en baisse dans les intentions de vote pour la présidentielle. La faute, en partie, à l'augmentation du prix à la pompe, que les Républicains utilisent comme argument politique.

Gérald Olivier

Gérald Olivier

Gérald Olivier est journaliste et  partage sa vie entre la France et les États-Unis. Titulaire d’un Master of Arts en Histoire américaine de l’Université de Californie, il a été le correspondant du groupe Valmonde sur la côte ouest dans les années 1990, avant de rentrer en France pour occuper le poste de rédacteur en chef au mensuel Le Spectacle du Monde. Il est aujourd'hui consultant en communications et médias et se consacre à son blog « France-Amérique »

Il est aussi chercheur associé à  l'IPSE, Institut Prospective et Sécurité en Europe.

Il est l'auteur de "Mitt Romney ou le renouveau du mythe américain", paru chez Picollec on Octobre 2012 et "Cover Up, l'Amérique, le Clan Biden et l'Etat profond" aux éditions Konfident.

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Le prix de l’essence ne cesse d’augmenter aux Etats-Unis. Il est désormais de 4,69 $ (soit 3,58 €), le gallon (4 litres) en Californie et de 3,80 $ (soit 2,9 €) en moyenne nationale. Un record qui balaye le précédent record, de 4,10 dollars (soit 3,13 €), atteint en Juillet 2008. Avant la crise. Revenu à 1,90 $ (soit 1,45 €) en 2009, à la faveur de la récession, le prix du « sans-plomb » (« unleaded ») a doublé depuis !

Aux Etats-Unis, le prix de l’essence se compose pour 71% du prix du pétrole brut, pour 15% du coût du raffinage et du transport et pour 14% de taxes (contre 61% en France). En conséquence, il est très sensible aux fluctuations du marché. D’où des poussées de fièvre, parfois brutales, comme en ce moment. Car sous l’effet combiné d’une demande toujours croissante de la part des pays émergents et des tensions internationales autour du programme nucléaire iranien, le prix du baril de brut dépasse 125 dollars (soit 95,64 €).

Mais c’est Obama que les Américains jugent responsable de cette flambée. Sa cote de popularité est en net repli.

Selon un sondage Washington Post/ ABC News, Obama a perdu 4 points en quatre semaines. Désormais, seuls 46% des Américains « approuvent la façon dont il gouverne ». Contre 50% début février. Sa gestion de l’économie suscite 38% d’avis favorables, et 59% d’avis défavorables. Sur le prix des carburants, 65% des Américains désapprouvent son action, quand seulement 26% la soutiennent.

En quelques semaines la question du prix de l’essence, qui n’apparaissait pas dans la campagne électorale, est devenue le sujet de conversation numéro un ! Les candidats républicains l’ont compris et attaquent Obama sur sa politique énergétique. Car pour eux, le doute n’est pas permis : la politique de « l’essence chère » c’est lui !

Les Etats-Unis consomment 18 millions de barils de pétrole par jour soit 20% de la consommation mondiale. Dont près des deux tiers sont importés (11,6 millions de barils /jour). Depuis Richard Nixon et le premier choc pétrolier chaque candidat à la Maison Blanche promet un plan pour renforcer l’indépendance du pays en matière d’énergies fossiles, et pour briser la dépendance envers le pétrole étranger, notamment en provenance du Moyen-Orient. Une fois élu cependant, il ne fait rien, car les enjeux et les blocages sont trop importants…

Obama n’échappe pas à la règle. A cette différence près que, plus que ses prédécesseurs, il s’est engagé dans la diversification du « mix énergétique » américain. Pour lui la solution passe par des subventions à la production de carburants et de véhicules alternatifs. Il s’est donc efforcé de mettre un terme à l’histoire d’amour des Américains pour les voitures énormes, ces forteresses de l’asphalte, de la taille d’un paquebot et qu’on appelle « gas guzzlers » tant leur consommation est gargantuesque... Pour cela il n’a pas hésité à laisser filer le prix du carburant.

Lors de son entrée en fonction, le secrétaire à l’Energie, David Chu, avait avoué vouloir « trouver le moyen de faire grimper les prix (de l’essence) au niveau qu’ils occupent en Europe ». Soit l’équivalent de 8 à 10 dollars le gallon ! Pourquoi ? parce qu’en dessous de ce seuil, les investissements dans les véhicules et carburants alternatifs ne sont pas rentables.

Barack Obama lui-même a reconnu que la hausse récente était « néfaste » non par principe, mais parce qu’elle est « trop brutale ». « J’aurais préféré un ajustement progressif » a-t-il dit à un journaliste.

Fustigeant cette « politique de l’essence chère », les candidats républicains ont promis de ramener le prix du gallon au-dessous 2,50 $. Comment ? En autorisant de nouveaux forages aux Etats-Unis. Ce qu’Obama refuse.

L’Amérique possède 2% des réserves connues d’hydrocarbure dans le monde. Sa production de pétrole brut s’établit aujourd’hui autour de 6 millions de barils/jour. Après des années de baisse (le « peak » de production remonte à 1971 avec 9 millions de barils/jour), elle est de nouveau à la hausse. Le nombre de puits en activité, n’a jamais été aussi important. Mais cette production pourrait encore considérablement augmenter. Les gains de production récents proviennent de gisements déjà connus mais dont les réserves ont été rendues accessibles par l’amélioration des techniques d’extraction, ainsi que de l’exploitation du « gaz de schiste » par « fracturation hydraulique », méthode récemment interdite en France.

Or, les Etats-Unis possèdent de nombreux autres sites pétrolifères, « on shore » et off shore », notamment en Alaska, au large des côtes californiennes et dans le Golfe du Mexique. Le gouvernement fédéral, et notamment l’administration Obama, refusent pour l’instant de donner les autorisations de forage au nom de la protection de l’environnement et parce que le puissant lobby écologique, important pourvoyeur de fonds des démocrates, s’y oppose.  

Au contraire, sous le slogan « forer ici et maintenant » (Drill Here, Drill now) qui faut écho au « Drill Baby Drill » de Sarah Palin en 2008, Newt Gingrich a promis de délivrer ces autorisations s’il est élu. De même qu’il a promis d’autoriser la construction du Keystone XL, un pipeline géant (700 000 barils/jour) devant relier les champs d’hydrocarbure du Canada au delta du Mississippi et à la région des grands lacs. Projet qu’Obama vient de différer au nom de considérations…environnementales. En dépit des dizaines de milliers d’emplois directs et indirects qu’il aurait suscités…

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