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"Je serais prêt à me retirer, mais Sarko s’oppose à ta candidature" : le jour où Fillon a déformé les propos de Sarkozy pour se maintenir coûte que coûte
©CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Bonnes feuilles

Dans ce livre en forme de journal intime écrit au fil des jours, Georges Fenech nous raconte l’affaire Fillon mais vue de l’intérieur, au plus près des événements et des hommes. Des réactions extrêmement violentes qu’a déclenché la prise de position de ceux qui demandaient le retrait du candidat à la suite du "Pénélopegate". Extrait de "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen ?" de Georges Fenech aux Editions First (1/2).

Georges Fenech

Georges Fenech

Georges Fenech, ancien juge d'instruction, a présidé la commission d'enquête parlementaire consacrée aux attentats du 13 novembre 2015 et la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (MIVILUDES). Son dernier livre est intitulé "L'ensauvagement de la France : la responsabilité des juges et des politiques" (2023) aux éditions du Rocher.

Il a déjà publié de nombreux ouvrages, parmi lesquels Gare aux gourous (2020), mais aussi "Face aux sectes : Politique, Justice, Etat" (1999) et "Criminels récidivistes : Peut-on les laisser sortir ?" (2007).

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Le 1er  mars, l’annulation en dernière minute de la venue de François Fillon au Salon de l’agriculture provoque la stupeur. Dominique Bussereau, l’air hagard, suppose « qu’un probable aléa de calendrier a dû survenir ». En direct sur France Inter, le conseiller spécial Jérôme Chartier marque sa surprise : « J’espère que ce n’est pas pour une raison de sécurité. Je ne sais pas. Je ne vais pas me livrer à des spéculations. »

Le suspense est à son comble quand tombe un communiqué annonçant la tenue d’une conférence de presse à 12 heures depuis le QG de campagne.

Sans explications, le candidat laisse courir toute la matinée les spéculations sur un éventuel retrait. Personne n’est au courant que la veille, Fillon a reçu une convocation judiciaire aux fins de mise en examen. Pour celui qui avait lancé «  Qui imagine un instant le général de Gaulle mis en examen ? », le genre de petite phrase dont la presse raffole et qui était destinée à affaiblir Nicolas Sarkozy, le pire scénario venait de se produire.

Dans l’urgence, il reçoit tour à tour Xavier Bertrand, Gérard  Larcher, Bernard  Accoyer, Valérie  Pécresse, Bruno Retailleau et Bruno Le Maire. À tous, il assure qu’il tiendra bon, et argue d’une machination politico-judiciaire qu’il se fait fort de démontrer.

Entre-temps, il appelle Nicolas Sarkozy pour lui dire aussi qu’il se maintiendra malgré sa mise en examen. Ce dernier le conforte du bout des lèvres : « Cette décision t’appartient en ton âme et conscience, je ne serai pas déloyal vis-à-vis de ta décision. » Puis il teste Alain Juppé : « Qu’est-ce que tu fais si je me maintiens ? Et si je pars ? »

Réponse gênée d’Alain Juppé : « Dans le premier cas, ça devient compliqué… », répond-il tout en se gardant bien, par pudeur, de montrer qu’il se tenait prêt, en cas de retrait. Puis, sans aucun scrupule, Fillon n’hésite pas à déformer son précédent entretien téléphonique avec Sarkozy : « Je serais prêt à me retirer, mais Sarko s’oppose à ta candidature. Je suis le seul à pouvoir empêcher l’explosion du parti », prétend-il. Silence gêné de Juppé. Apprenant cette manœuvre déloyale, Nicolas Sarkozy laisse éclater sa colère devant ses proches. Cette fois, la tournure des événements va libérer la parole de plusieurs barons qui se décident enfin à lui faire part de leurs doutes. « Tu avais dit que tu ne serais pas candidat si tu étais mis en examen, lui rappelle Bernard Accoyer. Et là, tu fais le contraire. Comment peux-tu annuler au dernier moment ta visite au Salon de l’agriculture, annoncer une mystérieuse déclaration et laisser fleurir les pires spéculations autour d’un plan B ? », déplore-t-il. 

Extrait de "Qui imagine le Général De Gaulle mis en examen ?" de Georges Fenech aux Editions First

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