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Pourquoi le chômage repart à la hausse alors que les indicateurs économiques sont passés au vert
©ERIC PIERMONT / AFP

Reprise

Le chômage repart à la hausse au mois de mai après les baisses de mars et d'avril. Une augmentation de 0,6 % (+ 22 300 chômeurs), selon les chiffres de Pôle emploi publiés le 26 mai. Explications.

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès

Pierre-François Gouiffès est maître de conférences à Sciences Po (gestion publique & économie politique). Il a notamment publié Réformes: mission impossible ? (Documentation française, 2010), L’âge d’or des déficits, 40 ans de politique budgétaire française (Documentation française, 2013). et récemment Le Logement en France (Economica, 2017). Il tient un blog sur pfgouiffes.net.
 

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Atlantico : Alors que de nombreux indicateurs économiques semblent annoncer une bonne passe de l'économie française, le chômage est reparti à la hausse dans le courant du mois de mai. Comment expliquer cette contre-performance révélée par la hausse du nombre de chômeurs de 0.8% sur les 3 derniers mois ?

Pierre-François Gouiffès : Il faut d’abord louer la décision de la ministre du travail de ne pas commenter les chiffres mensuels et de se concentrer sur les tendances de moyen terme (trois mois minimum).

Sur les mauvais chiffres de mai, il ne faut pas oublier que la France demeure dans une configuration de croissance molle quand bien même plusieurs indicateurs économiques (rehaussement de la croissance, créations importantes d’emplois nets principalement dans le secteur privé).

Il y a toutefois un caractère non intuitif à la conjonction de ces mauvais chiffres et d’un environnement plus encourageant. Un élément partiel d’explication concerne la baisse rapide depuis trois mois des sorties des statistiques pour entrée en stage de formation, alors même que l’exécutif précédent en avait un élément majeur de sa politique à compter de 2016 : 38 000 sorties en plus en 2016, 62 000 sorties en moins depuis le début de l’année.

Malgré la hausse du nombre de chômeurs, le nombre de personnes indemnisées est lui à la baisse. Comment expliquer cette différence et que révèle-t-elle de la tendance actuelle ?

Les chiffres depuis le début de l’année démontrent avant tout une stabilisation du chômage : +1,5 % pour les catégories ABC, -1 % pour les demandeurs d’emploi indemnisés. L’écart limité provient d’évolutions différentiées du fait d’une non indemnisation de certaines publics différés avant d’être indemnisés pour les entrants, épuisement des droits pour les chômeurs de très longue durée, prise en charge par la Sécurité sociale pour les demandeurs d’emploi connaissant des problèmes de santé.

Dans un tel contexte d'incertitudes, que penser des effets à venir de la Loi Travail ? Quels seront ses effets sur les différentes catégories, et notamment pour ceux qui sont au chômage ?

La promesse du candidat Emmanuel Macron était de baisser le niveau de chômage de 10 points aujourd’hui à 7% en 2022, ce qui veut dire faire la moitié du chemin qui nous sépare du niveau allemand de chômage (4 %).

Donc l’exécutif joue gros avec le projet de loi travail présenté dans quelques jours. La logique consiste principalement à réduire les frais à l’embauche par une plus grande liberté de rupture des contrats de travail et une plus grande prévisibilité de leurs conséquences : barémisation des indemnités prudhommales, réduction des délais contentieux, modalités de rupture du contrat de travail. La logique est de débloquer l’entrée dans l’emploi par le déblocage de la sortie, ce qui doit faciliter l’embauche dans le secteur privé, et donc permettre le recrutement de personnes chômage. Un défi particulièrement fort concerne les 2,4 millions de chômeurs de longue durée ainsi que les demandeurs d’emploi de plus de 50 ans dont le volume recommence à croître.

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