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Report ou maintien ? Ce que le jeu de calendrier autour du congrès des Républicains révèle des stratégies des écuries en piste
©Reuters

Quel plan ?

Entre les Républicains qui veulent repousser le congrès du parti en 2018, parce que les plaies des dernières défaites électorales sont encore à vif, et ceux qui voudraient qu'il arrive vite, les stratégies sont diverses.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico.fr : Entre les constructifs et les Républicains d'opposition, quelles sont les différentes stratégies des différentes écuries en vue du futur congrès du parti ? Du moins, que pouvons-nous attendre de ce congrès ?

Bruno Jeudy : La refondation du parti se joue sur ce congrès. La droite républicaine a évité la mort après l'élimination au premier tour. Ils ont remis à plus tard les explications qui normalement suivent ce genre de moment. Et ils auraient pu disparaître une nouvelle fois au second tour des législatives. Le résultat n'a pas été flamboyant, mais il permet de dire qu'il y a encore une opposition de droite à l'assemblée nationale et ce, même si une partie fait sécession. Les Républicains existent toujours, mais ce qui reste doit être reconfiguré. Ils doivent prendre en compte cette sécession de la droite modérée. Peut-être pas refonder le RPR d'un côté et l'UDF de l'autre, mais se reformer autour de ce clivage.
Les leaders de la droite doivent voir maintenant s'ils veulent vivre ensemble, faire campagne ensemble et se mettre d'accord sur un cadre idéologique commun. D'un côté on a Wauquiez qui incarne un sarkozysme pur et dur avec une droite identitaire, mais moins libérale, et moins européenne que ce que voulait Nicolas Sarkozy ceci dit. Et de l'autre une droite plus classique, qui cherche à mêler conservatisme et libéralisme de manière plus tempérée. On a une version plus populaire avec Xavier Bertrand, et une autre plus urbaine avec Valérie Pécresse. François Baroin, lui, a décidé de se tenir en retrait du congrès. Mais d'autres candidatures ne sont pas à exclure!

Vu la situation actuelle du parti, que peut-on redouter de ce congrès ? Ne vaut-il mieux pas le reporter comme Bruno Retailleau et Jean-François Copé le suggèrent?

Je pense que la droite redoute une guerre des chefs qui amènerait une implosion du parti, mais très certainement que certains ont quelques arrière-pensées et se voient en profiter. La droite n'a jamais su vivre sans chef. Elle a besoin d'un chef. C'est son réflexe après une déconvenue et elle n'y échappera pas cette année. Elle va se chercher un nouveau chef. Ajourner le congrès ne serait que de la procrastination!  Et puis il y a une question essentielle qui devra être à l'ordre du jour, fautil maintenir les primaires en 2022?

Les ténors silencieux du parti n’ont-ils pas intérêt à voir le congrès maintenu cet automne et voir un épisode “Copé-Fillon” se reproduire ?

Je ne crois pas trop à cette thèse. La défaite de 2017, n'est pas une défaite comme la droite en a connu en 2012, en 1988, ou aux législatives de 1997 qui avait donné lieu à la longue cohabitation avec Lionel Jospin. Là, c'est une défaite totale! Pas seulement à cause des affaires de François Fillon. Elle est due aussi à la fin d'un cycle politique marqué par la guerre de chefs entre Sarkozy, Juppé, Fillon; à une organisation de la droite qui a bloqué toute rénovation interne, toute émergence de nouvelle élite politique au sein de la droite. Elle n'a pas su trouver son Macron entre 2012 et 2017. La droite doit s'organiser pour faire émerger en son sein son Macron, c’est-à-dire celui qui leur fera gagner l'élection en 2022.
Les ténors cachés n'existent plus. Ils ont été battus. Il y a une nouvelle génération qui les a poussés à prendre leur retraite. Même en cas d'implosion, on ne les reverra pas. Ils sont morts et enterrés.

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