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Au lieu de dénoncer les 1% dont il fait partie, Bruce Springsteen devrait chanter le libéralisme !
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Rock 'n' roll

Le dernier album de la rockstar fait tranquillement ronronner l’image du chanteur engagé marxisant. Et si la révolte courageuse, ce serait plutôt de défendre le vrai capitalisme libéral ?

Daniel Tourre

Daniel Tourre

Daniel Tourre est notamment l'auteur de Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants (Tulys, 2012) et porte-parole du "Collectif Antigone". 

 

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De l’avantage de ne pas comprendre l’anglais pour apprécier les rockstars américaines.

Dans son nouvel album, Wrecking Ball (boulet de démolition), Bruce Springsteen attaque violement les « 1% » au nom des petites gens confrontés à la crise violente.

Pour ceux qui aiment sa musique, l’album est réussi musicalement. Pour les paroles ben euuh… tonton Bruce appuie sur la gâchette, mais vise à coté. Entendons nous bien : Des vraies chansons mélodieuses pour décrire la vie quotidienne des classes moyennes, ça lave les oreilles du fleuve de niaiseries standardisées qui constituent une large partie de la production actuelle.

De même, des artistes engagés ont bien sûr le droit d’exprimer leurs opinions par leur art, surtout lorsqu’ils dépassent le niveau « fuck les keufs, j’vais prendre mon gun pour aller cramer l’école » auquel certains rappeurs soucieux du bien commun nous ont habitué. Et sinon oui, il y a une crise aux conséquences dramatiques, et re-oui cette crise n’est pas le fruit du hasard mais d’un dérèglement massif de la sphère monétaire, financière et étatique dont certains ont profité.

Le chanteur engagé. Même disque rayé depuis 50 ans.

En fait, ce qui pose problème, c’est que l’ « artiste engagé », de ce coté-ci de l’Atlantique comme du coté des « born in USA »,  semble avoir la vitesse bloquée depuis 50 ans sur une vision marxisante de la société.

Et c’est trop facile. Trop facile de faire semblant, comme dirait un chanteur belge surdoué, et qui lui n’a jamais sombré dans la facilité. Trop facile, parce que tirer indistinctement sur les « riches » alors que l’on est soi-même multimillionnaire, est tout de même troublant. Springsteen fait parti des 1% et il lui est facile d’arrêter de l’être : il lui suffit de donner sa fortune.

Soit il considère que tous les « 1% » ont fait fortune en spoliant les pauvres et détruisant le bien commun, et il est plus que temps qu’il accorde ses paroles et ses actes, en sortant symboliquement de ce club de crapules cupides. Soit il considère que tous les « 1% » n’ont pas fait fortune en spoliant les pauvres et il serait peut être courageux –Et il met souvent en avant son intégrité- de le dire ou en l’occurrence de le chanter. Bref, il serait temps que les chanteurs multimillionnaires « engagés » s’engagent derrière l’étendard du vrai capitalisme libéral.

Capitalisme libéral, la vraie cause pour les séquences « briquets dans les stades » ?

Car pour un vrai libéral, la propriété est légitime lorsqu’elle a l’une de ses trois origines : le don volontaire, l’échange volontaire et le fruit du travail. (La quatrième, la première appropriation des terres n’est plus tellement d’actualité avant la colonisation de Mars…).

Cette propriété légitime exclut donc naturellement le vol ou l’escroquerie, des actes illégaux, mais aussi une large partie des transferts « légaux mais pas légitimes » de propriété effectués par la classe politique qui passe son temps à prendre à Pierre pour donner à Paul, à condition que Paul vote pour elle. Cela va des subventions ou monopoles d’Etat en passant par les politiques de redistribution.

Cette propriété légitime exclut aussi les transferts sournois de richesse par l’intermédiaire de la monnaie et de la planche à billets de la banque centrale. L’inflation est du vol, du vol au dépens des salariés comme des épargnants et au profit de ceux qui utilisent en premier la nouvelle monnaie : les Etats surendettés et les grandes banques. Accessoirement, ce mécanisme entraine des bulles et des crises violentes... Ce vol légal est d’ailleurs dénoncé avec beaucoup de cohérence depuis plusieurs décennies par l’Ecole Autrichienne (très libérale) d’économie.

Bruce n’est pas un voleur, légal ou pas.

La fortune de Bruce Springsteen est donc bien sûr légitime : elle est basée sur son travail et sur des échanges libres avec tout ceux qui ont acheté ses albums ou payé ses places de concert. Personne n’a été spolié dans l’échange, ses fans en ont eu pour leur échange libre (En plus, le Boss est une bête de scène.)

Mais la fortune des artistes  n’est pas la seule à être légitime. Des entrepreneurs ont aussi fait fortune en échangeant librement avec des millions d’individus pour proposer des biens ou des services que ces individus souhaitaient. Ces entrepreneurs ont aussi créé des produits qui n’auraient pas simplement pas existé sans eux.

De même des capitalistes en dirigeant l’épargne vers les entreprises les plus utiles à la société de demain (et en prenant donc un risque aujourd’hui) ont acquis une propriété légitime. Ces individus ont de fait amélioré la vie de millions de leur concitoyens. –Contrairement à des « faux » capitalistes/entrepreneurs qui se sont enrichis avec les bulles artificielles de la banque centrale ou des subventions/réglementations taillées sur mesure grâce une amitié bien placée.

Faire parti des « 1% » n’est donc pas un critère pour subir les foudres d’un chanteur engagé multimillionnaire, même si la fortune de certains « 1% » n’est pas légitime d’un point de vue libéral (tout en étant légale –ou pas-).

Une bonne chanson engagée devrait plutôt s’attaquer à ceux qui ont acquis leur propriété avec des échanges non-consentis, du vol jusqu’au capitalisme de connivence. Ou beaucoup plus cohérent, elle devrait s’attaquer aux institutions qui permettent la spoliation légale. Enfin en le disant de façon plus percutante, je ne suis pas rock star moi.

Frédéric Bastiat rocks.

Bruce Springsteen, si tu me lis, un conseil pour ton prochain album, arrête Marx, et commence à lire l’un des plus grands auteurs libéral classique, Frédéric Bastiat. Ca sera toujours aussi bon musicalement, tu serviras une cause juste et nécessaire, et on peut dire que pour le coup, tu innoveras en matière de chanteur engagé.

 « La Loi prend quelquefois parti pour [la spoliation]. Quelquefois elle l'accomplit de ses propres mains, afin d'en épargner au bénéficiaire la honte, le danger et le scrupule. Quelquefois elle met tout cet appareil de magistrature, police, gendarmerie et prison au service du spoliateur, et traite en criminel le spolié qui se défend. En un mot, il y a la spoliation légale… »

- Frédéric Bastiat, La loi -

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