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L'ordre de Saint-Louis : la distinction rarissime que tous les militaires enviaient
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Bonnes feuilles

Pour la première fois, Bertrand Galimard Flavigny raconte comment, étape après étape, s'est mis peu à peu en place le système des récompenses honorifiques et ses évolutions jusqu'à nos jours. Extrait de "Histoire des décorations" de Bertrand Galimard Flavigny, publié aux Editions Perrin 1/2.

Bertrand  Galimard Flavigny

Bertrand Galimard Flavigny

Bertrand Galimard Flavigny est journaliste en bibliophilie et auteur.

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Tous les historiens s’accordent sur le fait que l’ordre de Saint-Louis fut un des éléments du redressement militaire de la fin du règne de Louis XIV. Les officiers, mal payés, quand ils l’étaient, ignorés de Versailles mais tout au service du roi, avaient perdu tout courage. «Saint-Louis le leur rendit. Le roi pensait à eux.» Le Roi-Soleil ne distingua en fait que 1 850 officiers en une vingtaine d’années, alors que le royaume avait été secoué par les guerres, notamment celle de la guerre de Succession d’Espagne. Depuis sa création, l’histoire de l’ordre s’est néanmoins confondue avec celle des armées. En cent trente-sept ans d’existence, l’ordre a décoré environ 60000 militaires. Ce nombre, faible au regard de la Légion d’honneur, a paradoxalement accru davantage le prestige de cette rare distinction. A telle enseigne que certains officiers demandèrent d’échanger des pensions pécuniaires dont ils étaient investis contre cette distinction personnelle. Christophe Guimaraes rapporte qu’«un officier qui jouissait d’une pension considérable, ayant déclaré qu’il en ferait volontiers l’abandon en échange de la croix, Louis XIV répondit avec la majesté offensée d’un roi législateur : “Je le crois bien” ». Bonaparte lui-même qui étudia à l’Ecole militaire de Brienne de 1779 à 1784 n’a pu manquer de contempler celles portées par quelques-uns de ses professeurs.

(…)

La construction de l’ordre royal de Saint-Louis, premier ordre de mérite, comportait déjà tout ce qui fera et fait une récompense honorifique. Nous l’avons vu, les insignes, depuis la dimension du premier grade jusqu’à celui du plus haut dignitaire, étaient codifiés. Leur port a été précisé, quitte à nous répéter en citant l’article 3 de l’édit d’avril 1693 : «Voulons que tous ceux qui composeront ledit ordre de Saint-Louis portent une croix d’or, sur laquelle il y aura l’image de Saint Louis, avec cette différence que les grands-croix la porteront attachée à un ruban large couleur de feu, qu’ils mettront en écharpe et auront encore une croix en broderie d’or, sur le justaucorps et sur le manteau; les commandeurs porteront seulement le ruban en écharpe, avec la croix qui y sera attachée, sans qu’ils puissent porter la croix en broderie d’or sur le justaucorps ni sur le manteau; et les simples chevaliers ne pourront porter le ruban en écharpe, mais seulement la croix d’or attachée sur l’estomac, avec un petit ruban couleur de feu.» Nous avons là la grand-croix et la plaque, le sautoir des commandeurs et enfin le simple ruban, correspondant à une graduation. Le temps requis pour éventuellement obtenir une promotion était également prévu, étant entendu que nul, à l’exception des princes, ne pouvait sauter un grade. L’ordre n’était pas décerné à titre posthume. C’est ainsi que le chevalier d’Assas qui avertit son régiment de l’arrivée de l’ennemi par son cri devenu célèbre : «A moi, Auvergne ; c’est l’ennemi!» ne put, malgré son héroïsme, être décoré.

Extrait de "Histoire des décorations" de Bertrand Galimard Flavigny, publié aux Editions Perrin

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