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Sortir de la zone euro : stratégie ou folie ?
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Dangeuro

En septembre 2011, tous les yeux sont tournés vers la Grèce. Depuis, une interrogation hante les esprits : et si la Grèce sortait de la zone euro ? Éclairage de Marc Touati dans "Quand la zone euro explosera..." (Extrait 2/2).

Marc Touati

Marc Touati

Marc Touati est économiste et président fondateur du cabinet ACDEFI (aux commandes de l'économie et de la finance). Il s'agit du premier cabinet de conseil économique et financier indépendant au service des entreprises et des professionnels.

Il a lancé en avril 2013 la pétition en ligne Sauvez La France.com pour diminuer "les impôts", les "dépenses publiques superflues" et "retrouver le chemin de la croissance" afin de "sortir par le haut de cette crise".

Il est également l'auteur de Quand la zone euro explosera, paru en mars 2012 aux Editions du Moment. Son dernier livre est Le dictionnaire terrifiant de la dette (Editions du moment, mars 2013).
 

 

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Comme d’habitude, les dirigeants européens et notamment français ont refusé de regarder la réalité en face. Ils étaient persuadés que leur relance budgétaire suffirait pour sortir définitivement de la crise. Ils étaient très loin du compte.

Tout au long de l’année 2011, une question a hanté les esprits, des plus élevés aux plus modestes : et si l’euro disparaissait ?

« Je crains que l’euro ne traverse dans les prochaines années
une phase très difficile
. »

Qui a bien pu dire cela ? Un eurosceptique invétéré ? Un monétariste orthodoxe qui se souvient que son père spirituel, Milton Friedman, n’a eu de cesse de souligner que la zone euro ne survivrait pas à sa première grande crise économique ? Un dirigeant politique tchèque, hongrois ou polonais qui veut dissuader son pays de s’engager trop vite dans la zone euro ? Non. Cette phrase à la fois inquiétante et réaliste a tout simplement été prononcée par Angela Merkel début 2011. Passée presque inaperçue et même retirée du site Internet sur lequel elle avait été mentionnée, la déclaration de la chancelière allemande avait pourtant de quoi choquer. Et pour cause : nous sommes très loin des discours des autorités allemandes de juillet 2009, soulignant que, quelles que soient les menaces pesant sur la Grèce et sa dette publique, l’Allemagne resterait solidaire de sa petite sœur du Sud. Ces promesses avaient alors suffi à calmer les esprits et coupaient l’herbe sous le pied de ceux qui spéculaient sur une sortie de la Grèce de la zone euro. Le taux d’intérêt à dix ans de la dette publique grecque était alors passé de 5,6 % à 4,5 % en cinq semaines.

Seulement voilà, six mois plus tard, non seulement la situation grecque ne s’était pas améliorée, mais elle s’était au contraire dégradée : la récession était toujours là, la stabilité politico-sociale demeurait aléatoire et la dette publique atteignait de nouveaux sommets historiques.

La plus grande suspicion pesait sur les statistiques grecques et sur les dérapages des comptes publics, qui seraient donc encore plus graves que ceux déjà annoncés. Résultat : le taux grec à dix ans a dépassé les 6 % en janvier 2011. Pis, les dettes publiques de l’Espagne, de l’Italie et du Portugal inquiétaient de plus en plus, non seulement par leur niveau, mais surtout par la rapidité de leur augmentation. Ainsi, l’Espagne affichait un ratio de dette publique/PIB de « seulement » 67 % en 2010, mais contre 36,2 % en 2007.

Il est clair qu’avec une baisse de 3,6%de son PIB en 2009 et de 0,1 % en 2010 et avec un taux de chômage stabilisé autour des 20%en 2010, l’Espagne commençait à faire peur.

Que dire alors de l’Italie avec une dette publique de 120 %, du Portugal ou de la France ? Car, même si le gouvernement français se voulait réconfortant, en annonçant une baisse de son déficit public pour 2010 et 2011, celui-ci atteindra tout de même plus de 6 % du PIB, ce qui se traduira par un ratio dette publique/PIB d’environ 82%dès 2010.

Dans ces conditions de haute voltige, l’Allemagne commençait donc à s’inquiéter et n’hésitait plus à en faire état. Bien entendu, il était exclu d’évoquer une possible remise en question de la zone euro, ni même une sortie d’un ou plusieurs pays. Relayant ce sentiment, Jean-Claude Trichet, président de la BCE, n’a pas manqué de rappeler qu’une sortie de la zone serait une folie pour le pays en question, tout en spécifiant cependant que les autorités de l’Euroland, en particulier monétaires, ne prendraient aucune mesure d’exception à l’égard de la Grèce. Cette dernière était donc dos au mur : elle ne pouvait pas sortir de la zone euro et elle ne pouvait pas non plus compter sur celle-ci pour l’aider.

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Extrait de Quand la zone euro explosera,EDITIONS DU MOMENT (8 mars 2012)

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