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Pourquoi voter PS, LR et Macron quand on est entrepreneur ?
©Reuters

Les entrepreneurs parlent aux Français

Les législatives pourraient ainsi donner une majorité absolue à un Président qui mérite une chance. Et nous aussi !

Denis Jacquet

Denis Jacquet

Denis Jacquet est fondateur du Day One Movement. Il a publié Covid: le début de la peur, la fin d'une démocratie aux éditions Eyrolles.  

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Pourquoi un entrepreneur plutôt libéral pourrait il voter en 2017 pour le PS, ou les Républicains, aux élections législatives prochaines ? Comment trouver une raison valide de donner un quelconque crédit à des partis dont la politique ou plutôt l’absence de politique, de courage, de vision et de talent, a conduit la France au bord de cette explosion qui a conduit les extrêmes aux portes du pouvoir ? Comment ne pas se réjouir de la mort annoncée de ces partis rentiers, qui pensaient que chaque élection leur permettrait, en alternance, un retour automatique au pouvoir en utilisant une version à peine rafraîchie des promesses non tenues de l’élection précédente ? Comment ne pas crier de joie de voir leur arrogance et leur suffisance transformée en cauchemar, un cauchemar inenvisageable il y a encore 24 mois et qui a pris le visage d’un homme poupin aux yeux clairs, dont le sourire a ravagé les clivages et porté un renouvellement probable au pouvoir ?

Cette élection doit porter en elle 2 objectifs :

Le premier sera de donner au président, que nous ayons ou non voté pour lui, une majorité lui permettant, si il est honnête, d’appliquer son programme. Ce serait déjà un exploit unique si l’on considère le mensonge qui a présidé aux 5 dernières élections. Hériter, après un séisme électoral, d’une souris sous majoritaire serait vraiment gâcher une occasion unique. Ce serait se refuser d’ouvrir un cadeau que l’on se serait offert à soi-même. La seule chance que nous ayons de changer ce pays c’est d’essayer « l’outil » que nous nous sommes achetés il y 3 semaines. Si il est inutilisable, nous aurons un beau changement en vitrine, mais sans vie. L’urgence de réformer ce pays nécessite un pouvoir fort et stable et non les sables mouvants de majorités de circonstance, qui se formeront et se déformeront en fonction d’un marchandage permanent, sans cohérence ni ligne directrice. Ce serait le « souk de Marrakech » en lieu et place de l’hémicycle de l’assemblée nationale. Evitons nous cela !

Le second restera de donner aux partis traditionnels l’occasion de se reconstituer. Mais surtout pas avec les mêmes. C’est l’occasion de se débarrasser d’une classe politique, elle aussi d’occasion, pour s’en offrir une neuve. Des gens frais, dotés d’une vision nouvelle, capable de réformer chacun de leurs appareils respectifs. C’est pourquoi je serais capable de voter PS ou LR, afin de mettre au pouvoir une jeune classe ouverte qui donnera au pays des forces d’alternance qu’exige tout débat démocratique et philosophique.

En tant qu’entrepreneur, j’aurais envie de croire non les paroles, mais de récompenser les actes. J’aurais aussi envie d’investir sur un business plan qui me paraisse porteur. Chaque nouveau projet comporte un risque, notamment celui d’être trahi et déçu. Mais c’est au prix d’un risque calculé que l’on s’offre quelques victoires. Cela me donnerait donc plusieurs raisons, de voter pour quelques PS et LR. Voter pour introduire la graine de la rénovation et le vent de l’expulsion. La rénovation en votant pour des talents potentiels. L’expulsion en leur permettant de prendre le pouvoir dans chacun de leur appareil en se débarrassant des vieux lions, devenus épouvantails pour les Français qui n’en veulent plus.

Les législatives pourraient ainsi donner une majorité absolue à un Président qui mérite une chance. Et nous aussi ! Les législatives permettraient d’envoyer à une retraite mal méritée mais indispensable, les ténors qui chantent faux depuis trop longtemps et de faire place aux jeunes. Les législatives seraient l’occasion d’un renouveau démocratique, qui est la condition indispensable du retour à la niche des extrêmes. Enfin, une majorité absolue permettrait une réforme institutionnelle indispensable, notamment sur le nombre de renouvellement des mandats, ou le nombre de députés. Sans elle, nous raterons l’occasion de réformer au fonds, car changer les hommes n’est qu’une partie du chemin. Changer les hommes sans changer le système ne rapportera qu’un changement à la marge, pour un pays qui deviendra alors marginal.

C’est pourquoi si j’habitais Dijon et qu’il se représentait (ce qu’il a annoncé ne pas faire, pour tenir sa promesse faite à 28 ans de ne faire que 2 mandats, ce qui devrait être la norme pour tous les députés), je voterais PS. Pour Laurent Grandguillaume. Intègre, droit, libéral pour l’entreprise, social pour l’homme. Courageux, car il aura affronté la médiation VTC/Taxi qui était proche du suicide politique. Si j’étais à Londres et que j’aimais y habiter pour son esprit d’entreprise, son financement du numérique, je voterais pour Axelle Lemaire (PS). Un bilan à défendre, et un bon. Une action remarquable et non des promesses. Du tangible plutôt que du vent. Une réalité palpable et non une étiquette. Axelle fait partie de cette remarquable génération au PS qui aime les entrepreneurs et l’a prouvé largement tout au long de son action d’autant plus méritante, qu’aucun de ses 2 Ministres de tutelle ne lui a laissé la place que son talent méritait, Macron compris.

Si il se présentait je voterais également pour Thierry Mandon (PS). Et si elle n’était pas décédée, je voterais à Lannion, pour la magnifique Corinne Ehrel (PS). Il est à noter que ces PS là avaient été les premiers à défendre les entrepreneurs, en se fendant d’une tribune courageuse dans le Monde, au moment où le gouvernement voulait taxer à bras le corps tout ce qui ressemblait à un profit. Au moment des pigeons, leur Tribune avait redonné espoir dans cette partie du PS. Idem dans le 94 pour Corinne Narassiguin, jeune, libérale et sociale, qui pousse à une réflexion tous azimuts, y compris sur le droit du travail en France, et en aucun cas pour précariser les plus faibles.

Et au final, je serais ravi de ne pas voter pour Manuel Valls qui a cru que ne jamais sourire était un programme politique. Qui a cru trop longtemps, lors de débats avec son camarade Copé qu’ils étaient en répétition pour la présidentielle. Ironique. La chute est souvent dure pour les vaniteux. Le bûcher des vanités en a fait des cendres. Je ne voterai pas pour le nouveau secrétaire d’Etat au numérique, car cela ressemble trop à de l’opportunisme, d’une part, de profiter d’une petite notoriété « ministérielle » pour aller grignoter un poste de plus du fromage politique (pas très nouvelle économie tout cela) et surtout quand on est au Gouvernement on bosse. Sur un sujet aussi clé pour l’avenir de la France, perdre 1 mois sur les marchés à serrer des mains n’est pas de bonne augure pour la révolution numérique Française.

Je voterais aussi pour NKM. Il faut des femmes dans cette vie politique française. Indispensable de faire passer un vent de fraîcheur dans ces brumes intellectuelles distillées par des hommes de plus de 55 ans, blancs et en costume sombre. Je voterais aussi pour quelques jeunes comme Jonas Haddad qui se présente dans ce qu’un bas normand comme moi appelait encore récemment la Haute Normandie. Jeune, assoiffé d’entrepreneuriat et de digital, il incarne la nouvelle génération qui écoute et agit, et se désespérait de l’immobilisme de ses anciens. Et si il se présentait je voterai aussi pour Christophe Béchu (LR), Maire d’Angers, qui préside à la Cité des Objets Connectés, qui a intelligemment fait grandir son jumelage avec Austin (Texas) où se déroule le plus gros festival mondial autour du jeu vidéo, du digital. Si il était candidat je voterais bien entendu pour Jean Dominique Sénard, patron de Michelin. Un de ces dirigeants d’entreprises exemplaire, humaniste et social, brillant leader d’un groupe familial qui prouve que la famille est la clé d’une réussite à long terme, loin devant le capitalisme boursier.

Voilà, mais je suis conscient que mon avis compte peu. Et pourtant j’en suis persuadé, nous devrions tous nous faire une liste des 10 ou 20 personnes clés, pour chaque parti, capables de rénover leur mouvement afin de donner à la France un spectacle enfin décent de la politique à la Française. Leur donner l’élan pour recomposer, rafraîchir et reconstruire. Nous devrions mettre cette liste en commun et les faire élire. Mais pour le reste, nous devons donner une majorité à Macron, car nous n’avons pas d’autres choix que de soutenir un homme plutôt que le combattre pendant 5 ans, ce qui ne fera qu’une seule victime : La France. Ses entreprises. Ses hommes. Son avenir.

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