Les ressources de la planète ne sont pas limitées de la façon que nous croyons<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
International
Les ressources de la planète ne sont pas limitées de la façon que nous croyons
©

Bonnes feuilles

Chaque jour, à la télévision, dans la presse, sur Internet et dans la bouche des hommes politiques, nous sommes abreuvés du même discours catastrophiste : le chômage, la pauvreté, les désastres environnementaux, la faim, la maladie et la guerre sont partout. Et pourtant… Pourtant, l’humanité a fait davantage de progrès au cours des cent dernières années que depuis l’apparition d’Homo sapiens. Pourtant, l’espérance de vie a plus que doublé au XXe siècle, alors qu’elle n’avait pas significativement évolué auparavant. Pourtant, la pauvreté a davantage reculé au cours des cinquante dernières années que pendant les cinq siècles qui ont précédé. Quel que soit le critère considéré, on peut sans conteste affirmer que « c’est mieux maintenant ». Et il y a même toutes les raisons de croire que ce sera encore mieux… demain. (Extrait de "Non ce n'était pas mieux avant" de Johan Norberg, publié aux éditions Plon 2/2)

Johan Norberg

Johan Norberg

Johan Norberg est un écrivain, journaliste et conférencier suédois. Il s’intéresse particulièrement aux thématiques de l’économie, du capitalisme, de la libre-entreprise et des libertés individuelles, avec une approche vulgarisatrice. Il a été rédacteur en chef du magazine suédois Nyliberalen, et est l’auteur de nombreux ouvrages et documentaires télévisés, notamment pour Channel 4. Il est actuellement chargé d’études au Cato Institute, un think tank libéral basé à Washington. Il est notamment l'auteur de Plaidoyer pour la mondialisation capitaliste (2004) paru chez Plon.
Voir la bio »

Il y a des inconnues : beaucoup d’espèces disparaissent alors que nous n’avons même pas de nom pour les désigner. Mais nous savons aussi de façon certaine que, s’il n’y avait pas eu l’urbanisation, la protection des forêts et l’efficacité accrue de l’agriculture, la situation serait aujourd’hui bien plus grave. Beaucoup des zones les plus intéressantes, qui offrent le maximum de diversité biologique, sont à présent protégées. Entre 1990 et 2013, les zones ainsi mises à l’abri ont presque doublé, passant de 8,5 % à 14,3 % de la surface totale de la planète. Une superficie équivalant à deux fois les Etats-Unis est désormais protégée.

Il semble maintenant que la technologie et la richesse ne soient pas des obstacles à la durabilité écologique, mais plutôt des conditions requises. Les lieux les plus pollués de la Terre ne sont pas Londres, New York et Paris, mais des villes comme Pékin et New Delhi. L’indice de performance environnementale tente de mesurer la viabilité écologique dans le monde, en se concentrant sur vingt indicateurs répartis en neuf domaines thématiques. « La richesse apparaît comme un déterminant majeur de la performance environnementale », telle fut l’une de ses premières conclusions. Plus un pays est riche, plus il fait d’efforts pour nettoyer l’environnement et pour le rendre sain pour l’homme. Des pays comme l’Australie, l’Allemagne, la Suède et la Grande-Bretagne arrivent en tête, alors que la queue du classement est occupée par Haïti, le Soudan, le Liberia et la Somalie.

Que s’est-il passé ? Pourquoi l’écodésastre prévu n’est il pas encore arrivé ? D’abord, les priorités ont changé tandis que les conditions de vie s’amélioraient. Si l’on vous demande de choisir entre les perspectives à long terme de la forêt ou de la rivière voisine, ou la survie immédiate et le bien-être de vos enfants, il n’y a pas vraiment à hésiter. Mais à mesure que la richesse augmentait, que les enfants survivaient et que les parents pouvaient se permettre d’investir dans leur avenir, la question s’est posée de savoir s’ils préféraient avoir un peu plus d’argent dans leur porte-monnaie ou une forêt ou une rivière durable. Dès que la qualité de vie est correcte, beaucoup de gens optent pour la seconde solution. L’essor du mouvement écologiste depuis les années 1970 est en soi un résultat de ce changement de point de vue. L’attention prêtée aux risques nous a incités à agir, en tant que consommateurs et électeurs. Le « Grand Smog » de 1952 a poussé les politiciens britanniques à voter le Clean Air Act de 1956, qui introduisit des zones de contrôle des fumées et qui a accéléré le passage du charbon sale à des combustibles plus propres comme l’électricité et le gaz.

En même temps, le progrès technologique a créé de nouvelles occasions de production et de transport respectueuses de la nature. Le traitement des eaux usées et la gestion des déchets solides ont également limité les dégâts infligés à l’environnement. L’usage de filtres, d’épurateurs laveurs, d’absorbeurs et de procédés plus ingénieux a réduit l’émission de gaz des usines. Les voitures sont devenues plus propres. Etonnamment, une voiture moderne en mouvement cause moins de pollution que n’en causait en 1970 une voiture garée, moteur coupé, à cause des vapeurs d’essence.

De même, l’épidémie de cancer tant redoutée et tant débattue n’a jamais eu lieu. Si les cancers sont aujourd’hui plus fréquents, cela vient du fait que nous sommes plus nombreux à vieillir. Comme le souligne aux Etats-Unis l’Institut national du cancer, il s’agit en réalité d’un signe positif : « L’augmentation n’est qu’apparente, et les cancers nouveaux se multiplient simplement parce que la population augmente et vieillit. » L’âge médian auquel un cancer est diagnostiqué est de soixante-cinq ans. En 1900, l’espérance de vie tournait autour de cinquante ans dans les pays les plus riches. Davantage de gens sont atteints du cancer parce que, autrefois, on ne vivait pas assez longtemps pour en être frappé.

Et dans presque tous les groupes d’âge, le taux d’incidence diminue. Des institutions comme l’OMS estiment que la pollution et les produits chimiques répandus dans l’environnement expliquent à peine plus de 3 % de tous les cancers, et il s’agit pour la plupart d’individus exposés à des émissions très toxiques dans leur cadre professionnel. L’Académie des sciences des Etats-Unis conclut que les composants synthétiques de notre alimentation pourraient même être moins dangereux que les composants naturels20. L’idée que le naturel est bon et que l’artificiel est mauvais n’a aucun fondement scientifique. Après tout, le tabac est naturel.

Nous sous-estimons constamment notre propre créativité. La crainte d’épuiser les ressources de la planète reposait sur un modèle simple et intuitif, selon lequel nous utilisons une certaine quantité de matériau brut (le charbon, par exemple) pour obtenir ce que nous voulons (l’énergie, par exemple). Nous avons une quantité fixe de charbon, nous avons besoin d’une proportion constante de charbon pour obtenir l’énergie que nous utilisons, et, à mesure que la population croît, nous employons de plus en plus d’énergie. Donc le charbon s’épuisera. C’est le modèle popularisé par le Club de Rome.

Pour l’économiste Julian Simon, cette théorie était erronée dans presque tous ses aspects. Oui, il existe une certaine quantité de telles ressources, mais les quantités ne sont pas limitées de la façon que nous croyons. Il reste des réserves à découvrir, certaines réserves identifiées ne sont pas encore économiquement viables, et il est également possible de recycler. Nous n’utilisons pas les ressources en proportion constante ; au contraire, nous utilisons une quantité toujours plus faible par unité de production. De plus, la demande ne concerne pas la ressource en soi, mais ce que nous en faisons, et, grâce aux nouvelles technologies et à notre ingéniosité, nous pourrons trouver d’autres ressources jusqu’ici insoupçonnées pour satisfaire nos besoins. Si le marché est relativement libre, une pénurie entraîne une hausse des prix, auquel cas nous économiserons davantage le matériau brut ; si une ressource vient à manquer, nous inventerons de quoi la remplacer. La ressource la plus importante est le cerveau humain, ressource qu’il est en outre fort agréable de contribuer à reproduire.

Julian Simon avait raison. Les stocks de presque toutes les ressources pour lesquelles s’inquiétait le Club de Rome ont augmenté. Plusieurs ont quadruplé. En 1972, les modèles informatiques du Club prévoyaient que les réserves de cuivre connues s’épuiseraient en trente-six ans, surtout si les Chinois se lançaient dans la téléphonie. C’était il y a plus de quarante ans, donc il ne devrait plus rester de cuivre à l’heure qu’il est. A l’époque, on estimait que les réserves accessibles de cuivre s’élevaient à environ 280 millions de tonnes. Depuis, nous avons consommé près de 480 millions de tonnes, soit plus que les réserves initiales, et l’on estime que les réserves mondiales représentent encore plus du double, avec 700 millions de tonnes. Si nous incluons les gisements probables, nous avons sans doute encore un ou deux siècles de cuivre devant nous21.

Nous utilisons les ressources de manière plus efficace, de nouveaux gisements ont été découverts, et les nouvelles technologies permettent d’exploiter des gisements jusque là inaccessibles.

Extrait de "Non ce n'était pas mieux avant" de Johan Norberg, publié aux éditions Plon

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !