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Festival de Cannes - "Happy End" :  Michael Haneke nous avait habitué à beaucoup mieux
©REUTERS/Lee Celano

Atlanti-culture

Le réalisateur d'"Amour", ce philosophe du désespoir, revient à Cannes avec un film, "Happy end", qui n'a pas grand chose à voir avec son titre. Un film sur la bourgeoisie, plus que décevant.

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin pour Culture-Tops

François Quenin est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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CINEMA
FESTIVAL DE CANNES
Happy end
De Michael Haneke
Avec Isabelle Huppert, Jean-Louis Trintignant, Mathieu Kassovitz, Fantine Harduin, Franz Rogowski, Laura Verlinden, Toby Jones
RECOMMANDATION : A LA RIGUEUR
THEME
Ève (Fantine Harduin) a bientôt treize ans et cet âge est sans pitié. Quand commence « Happy end », Ève envoie sa mère à l’hôpital après avoir surdosé en douce sa prise de médicaments, geste qu’elle a filmé avec son portable… Du coup, en attendant que sa mère revienne, si elle revient, Ève retourne chez son chirurgien de père, Thomas Laurent (Mathieu Kassovitz), qui vit à Calais avec sa nouvelle femme et leur bébé…
…Sans oublier le reste de cette grande famille d’entrepreneurs qui s’ébat dans une vaste demeure avec domestiques. Il y a la sœur de Thomas, Anne Laurent (Isabelle Huppert) qui a repris avec son fils Pierre,  un grand incapable ce Pierre, l’affaire du père très âgé, Georges Laurent (Jean-Louis Trintignant), qui aimerait bien qu’on l’aide à mourir… Nous sommes dans le monde dur et sombre de Michael Haneke, un cinéaste qui ne brille pas par l’espérance folle qui nous console de tomber du nid, comme chante le poète.
POINTS FORTS
- « Happy end » débute et se termine par des images filmées sur le portable d’Eva, fillette mutique qui, comme on l’a dit, envoie sa mère à l’hôpital au début et tente d’aider son grand-père à se suicider à la fin. Et au milieu coule une rivière aux eaux troublées par des passions perverses. Ces grands bourgeois ont des comportements erratiques.
- La mise en scène est d’un classicisme sans faille. Presque tout est filmé en plans larges, remarquablement d’ailleurs, pour épingler ces bourgeois de Calais. Sous la surface lisse de ces existences réglées par les dîners pris en commun, la vie des uns et des autres se délite. Le père d’Ève n’est pas plus clair avec sa nouvelle femme qu’il l’était avec la précédente. Le fils qui a repris l’affaire avec sa mère fait preuve d’un comportement zigzaguant.
- L’un des moments fort est un dialogue sans concession entre le vieil homme et l’adolescente. L’ado ne triche pas, le grand-père ne triche plus. Ils sont dans la vie brute et brutale à l’image de ce film brut.
POINTS FAIBLES
- Et pas plus dans ce film que dans ses précédents, Michael Haneke aide son spectateur, il se complaît plutôt à l’égarer. On met du temps à deviner qui fait quoi dans cette famille. D’autant que ce récit romanesque nous conduit dans une sorte d’impasse décevante, sans doute de par la volonté du cinéaste qui veut montrer l’inanité de tout arrangement avec les choses de la vie. Ce n’est pas le déclin de l’empire américain mais celui de la bourgeoisie occidentale.
- On regrettera que tout cela se fasse sans humour contrairement aux films de Chabrol sur les mêmes thèmes. Car si l’on prend du plaisir à contempler la virtuosité technique du cinéaste, la banalité du propos finit par bloquer toute réflexion. C’est vrai, les bourgeois de Haneke sont étrangers aux gens qui ne sont pas de leur condition. Faut-il pour autant en faire une généralité et un film un peu plat ? Dur, dur de rebondir après la belle palme d’or de 2012 pour « Amour ».
EN DEUX MOTS
Le vieil homme joué par Trintignant raconte à l’adolescente les derniers moments de vie de sa femme malade. Et l’on retrouve exactement ce qui s’est passé dans le film précédent du cinéaste, « Amour », comme une sorte de continuité dans le désespoir tranquille ou dans l’inutilité de se révolter contre notre condition humaine. Le cinéma d’Haneke distille un pessimisme sans recours, d’une lucidité tranchante. Haneke est un philosophe du désespoir.
LE RÉALISATEUR
À  75 ans, Michael Haneke doit beaucoup au Festival de Cannes qui a sélectionné tous ses films et qui l’a couronné plusieurs fois : en 2001, grand prix du jury pour « La pianiste »; en 2005, prix de la mise en scène pour « Caché ». De plus, le cinéaste autrichien fait partie du cénacle restreint des réalisateurs qui ont obtenu deux fois la palme d’or, pour « Le ruban blanc » en 2009 et pour « Amour » qui a également décroché l’oscar 2013 du meilleur film en langue étrangère.

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