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Cloclo, le (pas si) mal Aimé
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Alexandrie ... et puis s'en va !

Mercredi, Claude François, l'icône de toute une génération emprunte les traits de Jérémie Renier pour hanter les salles de cinéma. En ce 11 mars, l'anniversaire de sa mort est l'occasion de revenir sur un phénomène qui a su traverser les époques sans prendre une ride.

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Alors que les inoubliables Clodettes se rebiffent, que les hommages, les émissions spéciales, les avis de recherche sur le Chanteur Mal Aimé se multiplient, et que la France entière est recouverte des affiches du film Cloclo, il était nécessaire de faire le point sur l'héritage que notre Claude François national a légué à la population féminine française. 

Le jour de la mort de Cloclo est un souvenir que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Peu importe que notre célébrissime blondinet se fut bêtement électrocuté dans sa baignoire. Cloclo était mort et l'onde de choc de ce drame se propage encore aujourd'hui. Depuis ce fatidique 11 mars 1978, il n'est pas une boum, pas un enterrement de vie de jeune fille, pas un banquet de mariage ou un karaoké de lycéennes sans que les invitées ne braillent Alexandrie Alexandra à tue-tête. Il n'est pas une seule fille qui ne sache faire un moulinet des avant-bras ou un lever de cuisse/taper de pied au sol comme une véritable Clodette. Pas une seule habitante de Marseille, d'Auxerre ou de Saint Dié de 7 à 77 ans qui ne connaisse par cœur les paroles de la Chanson Populaire, du Lundi au Soleil ou de Belinda.

Quel est donc le secret de notre idole pour réaliser encore de nos jours une telle unanimité ?

Cloclo, c'est un truc de filles. Une icône nationale, qui le restera à jamais. Car au fond de chacune d'entre nous, il y a une majorette qui sommeille, prête à s'emparer de n'importe quel micro HF qui passe à portée de main. Paroles faciles à retenir, mélodies faciles à chanter, gaité facilement collective et intergénérationnelle, possibilité de danser et de se déguiser en Clodette : les combinaisons de divertissement sont infinies. Comme celui d'Abba, l'univers de Cloclo est un monde enchanté de gloss rose, de fard à paupières bleu, de shorts à paillettes et de bottes en strass à semelles compensées façon Barbie, de chemises à jabots de toutes les couleurs, de talonnettes vernies et de cols pelle à tarte et pantalons pattes d'eph de Ken auxquelles aucune nana normalement constituée ne peut résister.

Sans oublier le fond :  la constante préoccupation capillaire dans ses textes « Je suis blond et tu es blond » « Et je me demande qui touche tes cheveux » « on danserait tous les deux mes doigts dans tes cheveux » « ma main caresse tes cheveux … presque malgré moi » en fait la figure de proue incontestée de générations de professionnelles de la coiffure et de maniaques du brushing. Ceci combiné à une précision horlogère et un sens du timing "la pendule de l'entrée s'est arrêtée sur midi" ou alors : "regarde ta montre il est déjà huit heures", qui flattent agréablement nos égo de mères de famille working girls hyperorganisées.

Les chansons de Cloclo évoquent également une époque révolue… et c'est avec nostalgie que l'on se souvient que le téléphone portable, les RTT et les réseaux sociaux n'ont pas toujours existé.

Avec quatre opérateurs nationaux de téléphonie mobile, impossible aujourd'hui de dire à sa fille que l'on ne pourra plus l'appeler « car je serai demain au fond d'un train » . Surtout juste après avoir vainement pleuré sur d'impossibles vacances à l'Hôtel de la Plage de Sainte Maxime. A notre époque, la mère indigne qui refuserait ainsi la garde partagée serait immédiatement assignée par le collectif national des papas agissant pour une autorité parentale et une résidence alternée équitables. A l'heure bénie des RTT, passer un lundi au soleil couchés seuls dans les genêts fait partie des options réalisables pour les amoureux qui veulent s'échapper de derrière les carreaux. Enfin, avec les réseaux sociaux, plus la peine de chercher partout Belinda. Suffit de lui envoyer un DM, de la mitrailler de sms ou de la poker sur facebook. De nos jours on peut même, quand elle tremble, faire livrer des magnolias à son ex ou à quelqu'un qui lui ressemble avec un simple numéro de carte bancaire. 

N'oublions pas, enfin, de rendre à Cloclo César ce qui lui appartient et que beaucoup ignorent : Claude François, notre Cloco, n'est rien moins que l'interprète original du tube mondial et interplanétaire Comme d'habitude, composé en 1967 avec Jacques Revaux et repompé sans vergogne par Paul Anka et Frank Sinatra sous le titre « My Way ». Tant de gloire outre-atlantique, c'est un peu comme si Jean Dujardin gagnait un Oscar, par exemple.

Alors, Cloclo, viens à la maison ! Y a le printemps qui chante ... et puis même si tu revenais (et si j'avais un marteau), ca s'en va et ca revient, et ce serait sur une musique américaine qu'on danserait tous les deux.

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