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Sommet militaire de l'OTAN : l'Occident est-il encore capable de concevoir une stratégie pour gérer les défis du monde actuel ?
©Reuters

Stratégie

Le prochain somment de l'OTAN aura lieu le 25 mai prochain, à Bruxelles.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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Atlantico : Dans quelle mesure peut-on considérer que les actuelles "tempêtes" politiques ne produisent que peu d'effets sur la construction d'une nouvelle approche occidentale, dans un monde qui ne ressemble plus à ce qu'il était il y a encore 10 ans ?

Frédéric Encel : Peu d'effets car peu de tempêtes ! Ou plus exactement des grains pas très nouveaux et d'une ampleur raisonnable. Si vous prenez le cas nord-coréen, par exemple, vous constatez que les rodomontades du régime de Pyongyang sont récurrentes et, du reste, Pékin à cette fois fait les gros yeux aux côtés des Occidentaux. Prenez le conflit en Syrie ; rien de très nouveau depuis au moins 2013 et, lorsque les Américains ont récemment frappé une base d'Assad, les Russes ont réagi très prudemment. Quant à Trump, il disait pis que pendre de l'OTAN durant sa campagne, mais plus rien de bien négatif depuis son investiture... Je résumerais en vous disant que le "camp" occidental demeure à la fois relativement uni et épargné par des crises ailleurs dans le monde bien plus graves. 

Quelles ont été les faiblesses de l'Occident, au cours de ces dernières années ? Quels ont été les faits majeurs qui auraient dû, ou pu être à l'origine d'une nouvelle stratégie ?

J'ai toujours considéré que la reculade d'Obama sur sa propre ligne rouge face à Assad, en août 2013, avait été catastrophique. Non seulement la crédibilité des États Unis en avait pâti - et jusqu'en Asie pacifique - mais encore le president prenait la lourde responsabilité de fissurer la confiance que les plus proches et les plus puissants parmi ses alliés, le Royaume Uni et la France, lui témoignaient. De fait, en passant subitement un accord sur le gaz de combat syrien avec la Russie (accord manifestement non respecté puisque Damas a de nouveau employé cette arme prohibée récemment), il abandonnait en rase campagne Francois Hollande. Sachant qu'en outre, les Communes avaient refusé à David Cameron de se joindre à des frappes contre Assad. Sur un autre plan, l'économique, la première des faiblesses concerne ce fameux seuil des 2% du PIB que chaque membre de l'OTAN devrait atteindre, nombre d'entre eux ne s'y soumettant pas. Cela dit, on devrait s'y acheminer ces prochaines années. S'agissant de la France notamment, je suis convaincu qu'on peut faire confiance au Président Macron pour contribuer à renforcer le poids de la France dans l'OTAN, voire à donner à celle-ci des orientations constructives. 

Quels sont les défis futurs qui devraient permettre, justement, de réorienter la stratégie des occidentaux ? Dans la mesure où ces défis seraient pris en compte, vers quelle OTAN pourrait on se diriger ? 

Bien sûr, la Russie reste en ligne de mire, mais Poutine présente au moins une qualité géopolitique majeure : le pragmatisme. A condition s'assumer le sempiternel "jeu" des rapports de force - qu'il assume parfaitement lui-même - je ne crois pas à un risque d'escalade, ni en Ukraine, ni en Syrie ni ailleurs. 

Je serais bien plus inquiet sur la Turquie. Tant la stratégie que les objectifs du president Erdogan (sans même parler de sa personnalité aux tendances ubuesques) me semblent aller a l'encontre des intérêts de l'OTAN alors même que ce pays en fait partie. La quasi-confiscation de la grande base d'Incirlik, les revirements pro-russes d'Erdogan, sa lutte brutale contre les Kurdes, sa politique agressive vis à vis de la Grèce, de Chypre, de l'Armenie, d'Israël ou de l'UE... ; tout cela pose problème. Ankara est soit dedans soit dehors et il faudrait le dire avec force.

Mais à l'heure actuelle, l'un des plus grands défis posés à l'OTAN (sinon au monde) s'appelle... Donald Trump ! L'inconséquence et/ou l'imprévisibilité du nouveau president américain commence à poser de réels problèmes, et il faudra tout le doigté et la pondération d'un Macron ou d'une Merkel pour "gérer" ce problème...

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