Edito
Pourquoi Emmanuel Macron a besoin d’un audit sur la situation exacte de la maison France
La particularité de la campagne électorale avec l’avènement d’un nouveau concept, ni droite ni gauche, a masqué la situation exacte devant laquelle se trouve la nouvelle équipe dirigeante du pays.
Plus que jamais la nécessité s’avère de faire le bilan du quinquennat écoulé au moment où François Hollande a pris les devants à sa manière en affirmant que la France se trouvait aujourd’hui dans un état bien meilleur que celui qu’il avait trouvé à son arrivée à l’Elysée. On mesure les controverses qui pourraient surgir si une campagne organisée en ce sens venait à s’élever. Emmanuel Macron, soucieux de promouvoir l’apaisement dans un pays où les colères sont susceptibles de se rallumer à chaque instant, a choisi son juge de paix, en demandant à la Cour des Comptes d’opérer un audit d’ici la mi-juin pour dresser un bilan impartial de l’héritage. Au demeurant, Bruxelles vient de mettre la pression en formulant des prévisions pessimistes concernant l’évolution des finances publiques : selon la Commission européenne, les déficits atteindraient 3% cette année (au lieu de 2,9% annoncés par le gouvernement) et progresseraient encore l’an prochain à 3,2%, faisant de la France la lanterne rouge de la zone euro.
En fait, notre pays est englué depuis des années dans une quasi-stagnation qui témoigne de la gravité de la situation. Le quinquennat de François Hollande n’a pas connu la crise internationale qui avait marqué la période Sarkozy à partir de 2008. Le climat était au contraire orienté vers une amélioration de la conjoncture dont ont profité tous nos partenaires. Alors que le taux de chômage au premier trimestre de cette année est toujours au même niveau de 9,3% qui était celui de l’arrivée au pouvoir de François Hollande, il est seulement de 3,9% en Allemagne... Mais entre temps, le nombre de chômeurs a progressé chez nous de cinq à six cent mille, compte tenu de l’évolution démographique, avec un stock qui ne cesse de se gonfler au fil des ans de chômeurs non qualifiés en raison des lacunes de l’enseignement scolaire et de la faiblesse de la formation professionnelle. Car la politique menée ces dernières années s’est révélée de plus en plus comme un contresens. Au lieu de lutter contre l’excès de dépenses publiques comme le faisaient nos partenaires avec succès, François Hollande a procédé au cours des deux premières années de son quinquennat à l’un des matraquages fiscaux les plus violents que le pays ait connu, tandis que la construction a été sabordée au nom de l’idéologie, au point que la production de logements est inférieure aujourd’hui à ce qu’elle était il y a cinq ans. Parla suite, François Hollande a commencé à revenir sur certains dispositifs, mais de façon trop modeste pour amorcer un véritable changement. De sorte que la croissance représente toujours une sorte d’encéphalogramme plat avec à peine plus de un pour cent toujours estimé pour 2016, alors que le chiffre a même dû être révisé en baisse pour 2015, à un chiffre comparable.
Conséquence : rien n’est plus difficile que de maîtriser la dépense publique, qui a été revue à la hausse à 56,4% du produit intérieur brut l’an dernier, tandis que la dette a représenté 96,3%, en hausse de 0,3% sur les prévisions. Un endettement qu’il s’agit aujourd’hui de contenir si l’on veut obtenir une attitude plus compréhensive de nos partenaires. En clair il s’agit pour Emmanuel Macron de continuer à détricoter un certain nombre de dispositions nocives édictées sous le quinquennat précédent en retirant ce qui avait été mis en place pour des raisons purement idéologiques. Une tâche redoutable, car les foyers hostiles au changement demeurent nombreux à travers le pays. Emmanuel Macron va tenter la méthode douce, à l’inverse de ce qu’avait préconisé François Filon, mais cela demandera plus de temps et beaucoup de psychologie pour faire tourner notre économie au rythme des horloges du monde.
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