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Vie politique et militantisme :
où sont les femmes ?
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Zone franche

Les femmes s’intéressent-elles vraiment à la politique ? Et le machisme est-il le seul frein à leur participation à la vie militante ? Cette chronique ne répond pas à ces questions.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Spontanément, je suis à fond pour la parité hommes-femmes dans la vie politique. Dans la vie politique comme dans les autres, d’ailleurs. Si les femmes représentent la moitié de l’humanité et ne prennent pas le destin de cette dernière en charge à égalité avec les hommes, c’est sans doute qu’il y a un truc qui ne va pas.

Mais je me pose tout de même une question sotto voce ― question que je n’aurais certainement pas osé formuler hier 8 mars (bon, en fait j’aurais pu, mais on m’a demandé de ne pas le faire parce qu’il y avait déjà un papier sur la journée de la femme sur le site et qu’un deuxième, ça faisait opportuniste et flagorneur) : les femmes s’intéressent-elles vraiment autant que les hommes à la politique ? Et la faiblesse de leur représentation numérique au gouvernement ou dans les assemblées ne reflète-t-elle pas, au moins partiellement, leur absence de passion pour ce type d’activité ?

Père de deux filles que j’élève en leur rabâchant que le monde leur appartient et qu’elles peuvent bien devenir astronautes ou présidentes de la République si ça leur chante, je ne repère pas chez elles d’excitation particulière à l’approche de la présidentielle. Elles sont au courant, elles ont un avis, mais, pour le reste, c’est tout juste si elles lisent mes chroniques à l’occasion les ingrates…

Notez qu’elles sont peut-être les victimes inconscientes d’une société patriarcale les bombardant de signaux subliminaux sexistes :

« Passe la serpillière ! Fais les courses ! Repasse ! Moque-toi d’Éva Joly lorsqu’elle est à la télé ! Ne cherche pas à comprendre les ressorts de la crise budgétaire, tu vas te faire mal à la tête ! ».

Hum, c’est possible, mais j’en doute un peu. D’abord parce que si elles voient quelqu’un jouer de la serpillière à la maison, c’est bien leur paternel, et ensuite parce que personne ne repasse plus rien chez nous depuis que les Chinois abreuvent nos sillons de textile synthétique à bon marché et viennent jusque dans nos bras égorger nos couturières et nos brodeuses.

« Organisez une réunion politique, c’est cinq femmes sur cinquante personnes ! »

« Dans mon expérience personnelle, explique d’ailleurs David Poryngier, président du Mouvement des Libéraux de Gauche, il y aurait même plutôt une certaine forme de discrimination positive dans les partis pour faire venir des femmes. Mais organisez une réunion publique quelconque et sur cinquante personnes, vous aurez cinq femmes au mieux ».

C’est certain, pour de grands partis comme le PS ou l’UMP, dont les adhérents se comptent par dizaines de milliers, trouver des nanas de qualité à mettre en position éligible sur une liste ou à asseoir à la table du Conseil des ministres, ce n’est pas si difficile. Mais pour une petite formation dont les effectifs se comptent sur les doigts d’un menuisier maladroit, c’est un immense casse-tête :

« Croyez-moi, ne serait-ce que pour aller prendre un pot avec elles après une réunion, les militants seraient ravis d’être rejoints par des militantes à parité et même au-delà », se marre encore Poryngier.

Et tiens, prenez les blogs politiques, qui pullulent et n’exigent pas pour être ouverts d’être stimulés par décret : pour une blogueuse inspirée par le flip-flopping de Manuel Valls sur la TVA sociale, c’est soixante-douze blogueurs qui s’écharpent sur la pertinence d’un défaut partiel de la Grèce sur sa dette privée ! Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est parce qu’elles ont les gosses à aller chercher à l’école : le blogueur politique moyen, il en sort à peine lui-même, de l’école…

Dans la vie, il semble qu’il y ait des convictions que l’on soit condamné à faire entrer au chausse-pied dans le réel. Les femmes en politique, c’est génial, il en faut, mais elles s’en foutent royalement pour la plupart, du moins au point de s’impliquer pour de bon en prenant sur leur temps libre, et personne ne peut vraiment me dire pourquoi. Ou alors pas de manière convaincante.

Non franchement, plus j’avance en âge et plus je me dis que les hommes et les femmes sont différents. Punaise, je dois devenir réactionnaire !

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