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Ce discret bras de fer entre Matignon et l'Elysée pour dessiner les contours de la future majorité
©Reuters

Rapport de force

C'est une chose de se faire élire en un temps record à la tête de l'Etat. Emmanuel Macron l'a réussi avec une maestria dont ses opposants mettront du temps à se remettre. Mais bâtir une majorité parlementaire répondant simultanément aux critères de parité, probité, et renouvellement en est une autre.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Pour cette autre tâche titanesque, Emmanuel Macron avait mis sur pied une Commission d'investiture flanquée d'une Commission éthique chargée de valider les personnalités (- qui avaient postulé par Internet), sélectionnées pour porter le label République en Marche. Bel affichage.mis à mal par le principe de réalité.  Après avoir annoncé que la liste des 577 candidats, la commission d'investiture a dû revoir ses ambitions à la baisse avec le forcing de François Bayrou qui réclamait plus d'investitures MODEM, s'estimant mal servi au regard de l'immense service qu'il rendu au candidat victorieux .La nomination d'un premier Ministre de Droite, chef théorique de la majorité et  le quasi ralliement, voire la "bienveillance" des élus entrainés par Thierry Solère, Gérald Darmanin, Frank Riester, Bruno Le Maire appelant à " saisir la main tendue" par Emmanuel Macron  a provoqué la zizanie à droite mais aussi à la République En Marche, qui doit maintenant retirer des candidats pour faire place nette aux nouveaux amis, ce qui provoque naturellement des aigreurs dans ses rangs. 

Alors que l'appel à la "main tendue", qualifié " d'irresponsable" par les dirigeants de Les Républicains, a déjà recueilli plus 170 signatures des élus déjà cités, auxquels sont venus s'ajouter de nombreux élus locaux, le Bureau Politique de L.R. a adopté un texte, dont il affirme qu'il est signé par l'ensemble des 577 candidats LR et UDI, qui rappelle leur "engagement à défendre résolument les valeurs et le projet politique de la droite et du centre durant la campagne qui s’ouvre. Ce projet n’est évidemment pas celui des candidats en Marche"... partisans d'"une augmentation des impôts", souligne encore le texte du Bureau Politique. Mais puisqu'il y a des félons dans les rangs de LR, le texte ne pouvait évidemment pas être signé par tous ses candidats aux législatives. Bernard Accoyer, les secrétaires généraux du mouvement et François Baroin, le chef de file pour les législatives, ne parlent pas de les exclure, mais expliquent qu'ils se mettent en eux même hors Les Républicains. Mais les choses ne sont pas si simples, car tous ceux qui refusent l'opposition systématique au nouveau pouvoir, se revendique toujours de droite. Ils pourraient devenir la garde rapprochée du nouveau premier Ministre, Edouard Philippe qui s'emploie évidemment à se constituer lui aussi des troupes, pour voter les réformes voulues par le Président de la République, bien sûr, mais aussi, -qui sait pour peser un jour face à Emmanuel Macron si les deux hommes venaient à être en désaccord sur un  projet? Cette hypothèse est bien sûr prématurée. Mais elle est dans certaines têtes. On sait qu'il a imposé ses propres collaborateurs .Edouard Philippe aurait également obtenu la nomination de deux ou trois ministres proches de lui.. Aujourd'hui, Edouard Philippe qui revendique sa qualité d'homme de droite, souhaite l'élection d'un maximum de députés issus des rangs de sa famille politique . En attendant, ses collaborateurs prennent discrètement langue avec des élus et des candidats LR bien implantés et jugés macro compatibles pour tester leur éventuelle bienveillance non pas avant, mais après les législatives. Cette bonne volonté serait assortie d'une discrétion voire d'un retrait des candidats de la République En Marche qui n'ont guère de chance d'être élus. Beaucoup de candidats de droite ne veulent pas s'enfermer dans une opposition stérile et veulent "laisser à Emmanuel Macron une chance de réussir là où nous avons échoué !". Pour l'heure les investitures ne sont pas closes (-elles le seront vendredi soir), et la campagne n'est pas commencé. On ne sait pas quelle part entend y prendre Emmanuel Macron lui-même. Personne aujourd'hui ne croit à la victoire de la droite qui obtiendrait une majorité absolue à l'Assemblée Nationale, mais pour l'heure il également impossible de tabler sur une majorité composée exclusivement d'élus République en Marche, compte tenu de la nouveauté du mouvement . Cette majorité va vraisemblablement se construire progressivement. Voilà pourquoi l'apport d'élus de droite " bienveillants" sera indispensable au futur gouvernement. Reste à savoir si les élus macro compatibles et ceux qui ne le sont pas, continueront de cohabiter dans le même groupe politique. Les spécialistes en doutent et c'est pourquoi Edouard Philippe s'emploie à bâtir les fondations d'un groupe de droite distinct de la République en Marche tout en étant macro compatible... 

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