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Femmes : la journée fatale !
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Womanizer

La Journée de la Femme, rendez-vous consensuel et attendu, est l'occasion non de se plaindre sur la situation féminine, mais de remarquer les libertés acquises par les Françaises.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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C’est à qui organisera son évènement, mettra sa pouliche en valeur, s’indignera contre l’exploitation salariale des femmes, réclamera des crèches, hurlera contre l’utilisation de l’image sexy des femmes, hurlera contre les modèles des mannequins anorexiques qui menacent nos ados, etc.

Je suis un peu fatiguée par ce marronnier qui permet, entre autre, d’être plutôt indifférent à ces questions les 364 autres jours de l’année !
Mais ne boudons pas les commémorations, ces journées dédiées ont au moins le mérite de faire la une des journaux sur des sujets qu’il convient d’aborder.

Sur le fond, la question est beaucoup plus complexe ; on ne peut pas parler « des femmes » en général et en tous les cas, on ne peut pas assimiler la place des femmes en France (quelles que soient leurs difficultés) avec la souffrance des femmes dans certains pays du monde.

Quitte à être à contre-courant, je dirais que nous les Françaises sommes des femmes gâtées. J’entends d’ici les cris indignés et tous les cas poignants et révoltants, certes, de femmes harcelées, victimes de coups, sous-payées, cumulant les charges familiales et professionnelles assignées au mi-temps… Tout cela est vrai aussi, y compris notre pourcentage minable au sein des Conseils d’Administration, et de notre toute aussi minable représentativité politique….

Et pourtant, nous les Françaises, « je persiste et signe » : sommes des femmes privilégiées, et j’ai envie de m’en réjouir.

Oui, c’est vrai, on nous installe encore avec des talons aiguilles et des minis jupes sur les capots des voitures au salon de l’Auto… parce que nous faisons vendre !

Oui, c’est vrai, les magazines féminins regorgent (c’est le cas de le dire) de lingeries affriolantes et de recettes pour être des blondes (de préférence) irrésistibles.

Oui, c’est vrai, nous devons être jolies, souriantes, disponibles, maternelles, aimantes et Wonder Women.

Oui, c’est vrai, l’espèce humaine est ainsi faite : nous sommes souvent victimes de violences masculines, et c’est intolérable.

Oui, c’est vrai, on nous fait parfois savoir que notre avancement peut se faire sur le canapé…

Mais, je suis heureuse de pouvoir en France afficher ma féminité ; heureuse que nos ministres femmes puissent s’autoriser à rivaliser avec des gravures de mode, tout en étant capables de donner le plan parfait d’une centrale nucléaire. Je ne prends pas un éventuel baise mains en salle de réunion pour un acte machiste, je trouve les hommes professionnellement sympathiques et non discriminatoires à mon égard.

Je suis heureuse que nous ayons un des pays au monde où la natalité est florissante sans nuire au taux de présence des femmes dans la vie professionnelle.

Je n’envie pas la femme américaine avec laquelle le mâle américain a peur de se retrouver dans l’ascenseur ou seul dans un bureau. Je n’ai pas envie qu’on n’ose plus me faire la cour de peur que je ne porte plainte pour harcèlement.

J’ai le sentiment que les Françaises vivent une vie de femme plutôt épanouie et équilibrée, et j’ai peur en disant tout cela de susciter l’indignation des féministes professionnelles.

Je suis en revanche disposée à me battre pour défendre les vraies victimes. Je suis surtout prête à lutter pour celles qui sont les dernières esclaves dans le monde, ces femmes voilées et même masquées (certains affirment que c’est parce qu’elles le veulent bien !), à qui l’on refuse de conduire, de se faire soigner, d’être éduquées, qu’on lapide au nom d’une fidélité conjugale à sens unique… Alors, oui, pour moi, la cause des femmes est universelle mais je supporte mal que l’on tombe dans une forme de misérabilisme une fois par an.

Une journée des femmes « fourre tout », que chacun interprète à sa façon, il y a ceux qui me souhaitent une bonne fête et qui m’envoient une rose (c’est toujours bon à prendre), il y a celles qui manifestent, les syndicats ou les partis politiques qui « récupèrent », et en ce moment gageons que pas un candidat ne s’affranchira d’un couplet lyrique sur les places qu’il faut nous laisser, l’égalité qu’on nous refuse, etc.

Ce sera le moment de sortir les statistiques : un progrès insignifiant malgré la loi dans la plupart des domaines ! Et ces mêmes élus préfèreront payer une amende plutôt que de nous voir nous présenter à leur place.

Ainsi va la vie… Saluons de bonne guerre, ces éternelles militantes et leurs associations qui font avancer les choses (comme « Parole de Femmes »), saluons toutes les bonnes volontés, mais surtout soyons fières de ce que nous sommes.

Et enfin, mes amies les femmes, ne serez-vous pas presque toutes d’accord pour reconnaître que nous sommes souvent nos meilleures ennemies ?

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