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Des Paroles et des Actes : 
Nicolas Sarkozy à son meilleur 
dans une opération vérité
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Plateau télé

Sophie de Menthon était devant son poste de télévision mardi soir lors du passage de Nicolas Sarkozy sur France 2 dans des Paroles et des actes face à Laurent Fabius. Et la grande gueule de RMC, présidente d'Ethic, a été conquise...

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Fallait il commencer par les sondages ? On sent le candidat président exaspéré par ce qui se joue autour de sa personnalité, des critiques sur sa personne. Il tente de se rallier les Français en jouant la complicité contre la rumeur, contre les médias, contre les sondages.

Il vit  mal ce sentiment d’injustice, le dit sans détours et fait passer sa détermination et sa confiance en lui même, une certaine émotion vérité, il a besoin de se libérer, de remercier ceux qui le soutiennent.

On soupire avec lui lorsque David Pujadas lui demande où il fêterait son hypothétique victoire… Ah ! Le Fouquet’s, jusqu’à quand va-t-on nous en rabattre les oreilles ?

Quoi que l’on pense du personnage, il est habité par sa fonction de Président, il se passionne pour Israël ou Angela Merkel.

Il parle de son caractère et avec son caractère ; personne ne peut contester le portrait qu’il fait de lui même. Il est très sympathique dans sa façon de se décrire avec ses faiblesses et son émotivité. On a un peu honte parfois de l’indigence de certaines questions du type : "et n’auriez vous pas une ambition personnelle ?". Sans blague ! Il s’en tire mieux que bien, convaincant, cherchant à être honnête, revenant sur des moments personnels difficiles, il perce l’abcès ; dommage qu’il ne l’ait pas fait avant ; il n’aurait peut être pas trainé ce "passif " si longtemps.

On le met sur le divan et c’est un peu gênant cette forme de voyeurisme ; les "psys" alignent des questions qui reflètent une certaine jalousie sociale, une forme de ressentiments ressassés pas très nobles... Mais au moins cela lui donne l’occasion d’être clair sur son rapport à l’argent, il assume et les Français en ont besoin au moment ou de partout on fustige les "riches". Les passages choisis de vidéo flashback nous montrent tous les "écarts" de langage ou la familiarité avec les grands et cette trop grande familiarité parfois qui le fait réagir dans un français moyen quand on l’agresse… et là encore on se sent libéré par la réponse claire à ces ratiocinages permanents sur les mêmes griefs. En fait, toute la première partie consiste à tenter de le faire s’excuser sur son style ; il trouve le ton juste, il ne s’excuse pas, s’accepte finalement avec une certaine humilité reconnaît quand même des maladresses. On a quand même le sentiment que les Français ont un Président qui leur ressemble avec toutes les qualités et les défauts assortis.

Et si justement ce rejet violent de la personnalité de Nicolas Sarkozy n’était que le reflet  de ce malaise que nous ressentons vis à vis de nous même ? Le reflet de nos contradictions qui nous font osciller entre un ego cocorico et la plus forte consommation d’anxiolytiques !

Et François Lenglet arriva… ouf ! On élève quand même le débat, l’occasion d’approfondir la perspective de l’instauration de la TVA sociale. On allège la feuille de paye du salarié pour 7 millions de salariés… Le chômage : comment expliquer la hausse ?  Sarkozy relativise car en dehors de l’Allemagne, tous les pays y compris les Etats-Unis ont vu le chômage croître. Laurent  Fabius en embuscade sourit à l’évocation des fluctuations de la gauche. Difficile de se faire une opinion entre la technicité maîtrisée et posée de François Lenglet et la force de persuasion du candidat.

Les comptes publics… La vraie question que les candidats éludent TOUS. On vise l’équilibre en 2016, 115 milliards à trouver d’économies. Ah ! un scoop : un nouvel impôt sur les bénéfices minimum des grands groupes, ce qui ne devrait faire pleurer personne ! Le point faible du candidat président est clairement de ne pas être crédible sur la réduction des dépenses publiques. François Lenglet pousse le candidat dans ses retranchements et on reste sur sa faim… de régime.

On revient sur le "Président des riches" qui a allégé l’ISF ;  Nicolas Sarkozy bondit car dit-il, nous sommes le seul pays à avoir gardé l’ISF, on évoque sur le fond la question de la fiscalité sur ce qui constitue le "carburant" de l’économie par rapport a un allégement d'une fiscalité sur des revenus improductifs.

On revient sur les questions de sociétés et les scories du moment. Nous n’éviterons pas le halal et l’abattage rituel… Franchement, là encore la réponse de Nicolas Sarkozy est  imparable et désamorce les critiques de droitisation excessive ; la réponse est frappée au coin du bon sens. Ce qui apparaît quand on écoute avec un vrai souci d’objectivité les arguments développés c’est que les médias relèvent et choisissent la phrase ou la réplique qui fera débat… dans ces mêmes médias ! Est-ce que le jugement sévère et mérité que portent les Français sur le "niveau" de la campagne n’est pas le résultat de l’écume médiatique racoleuse que nous subissons. Le processus est toujours le même : on relève la petite phares, on la balance hors contexte, on la commente, on exige de l’opposition qu’elle fasse à son tour un commentaire, l’occasion est évidemment trop belle… et l’emballement médiatique est parti. En écoutant Nicolas Sarkozy, les accusations se délitent, sur de nombreux points on ne comprend plus ou est l’objet du scandale. Franchement il est très bon !

Et Fabius s’installe… Sarkozy est déjà chaud ! Fabius est laborieux dans les premiers instants. Il se fait renvoyer dans ses buts illico. Mais l’ancien Premier ministre de la France est un homme courtois.  Retour vers le passé, on se balance du Chirac contre du Mitterrand. On se lance quelques compliments dilués dans les piques, on s’accorde souvent, pour mieux marquer un point. "Votre bilan c’est votre boulet", une jolie formule pour Fabius qui l’attaque sur ses paroles et ses actes.

Le jeu est convenu et un peu ennuyeux. Il n’y a rien a attendre de deux opposants qui veulent à tout prix sortir gagnant du duel à fleuret moucheté qu'ils engagent. Aucune chance qu’ils s’accordent sur la moindre chose, c’est la faute de l’autre… Rien à attendre du face à face. Nicolas Sarkozy met toute sa force de conviction à défendre son bilan et Fabius toute son habilité impassible et professorale à expliquer à Sarkozy combien il a échoué… on décroche un peu. Ils se renvoient les chiffres et les mauvais points. Laurent Fabius visiblement jouit du plaisir d’être là, finalement cela lui donne une stature présidentielle, on croit lire dans ses pensées : c’est lui qui devrait effectivement être le concurrent du président sortant. On se souvient du "vous parlez au premier ministre de la France", nostalgie !

Mauvaise foi contre incompétence… Vous n’avez pas voté les investissements d’avenir, dit Sarkozy. On se traite de Tartuffe, Fabius croit bon  de préciser qu’il s’agit de Molière. Sarko ricane… Un quizz sur les pourcentages d’augmentation de prix… c’est faux dit l’un, vous avez tort dit l’autre. Le débat a  peu d’intérêt car les deux hommes sont de bon niveau et l’auditeur n’a pas d’autre choix que de croire son champion.

Fabius utilise son joker de choix du thème en revenant sur le style de la présidence ; il fait un portrait soft de dictateur… Selon lui François Hollande sera un président plus républicain. En réponse, Nicolas Sarkozy défend ses réformes qui ont permis de donner plus de droit à l'opposition et  Fabius se voit reprocher son soutien à Strauss-Kahn. Les donneurs de leçon de vertu (Fabius) sont en reste par rapport à la démocratie dixit Sarkozy.

Fabius rate sa sortie, son effet de manche tombe à plat : il avait prévu de lire un texte de Nicolas Sarkozy relevé à l’occasion d’une émission avec Arlette chabot mais le texte a déjà été passé plus tôt dans l’émission ! Et Nicolas Sarkozy a déjà répondu. Le mot de la fin est à l’avantage du candidat président  qui accuse Fabius et ses amis: "vous êtes drogués à la dépense publique".

On va finir par Franz Olivier Giesbert, le candidat président a été vraiment passé à tabac ! il s’en sort vraiment bien, l’adversité le stimule… de l’avis même de FOG.

Nicolas Sarkozy est libéré, souriant, content de sa prestation. Quelle énergie, quelle envie d‘en découdre !

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