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L’antisémitisme de gauche, cette matrice parmi d'autres de l’antisémitisme islamiste
©wikipédia

Bonnes feuilles

Depuis la fin du XIXe siècle en France, l’immobilisme est le grand vainqueur des luttes vives qui ont marqué l’histoire de notre pays. Entre opposition de doctrines, combats de personnes mais aussi subversion des mots et captation d’influences, les dérives historiographiques s’avèrent à tel point impertinentes qu’il est urgent de les dénoncer. Car ce n’est rien de moins que la mutilation de l’histoire qui est ici en jeu. Extrait de "Antagonismes français" de Marc Crapez, aux Editions du Cerf (1/2).

Marc Crapez

Marc Crapez

Marc Crapez est politologue et chroniqueur (voir son site).

Il est politologue associé à Sophiapol  (Paris - X). Il est l'auteur de La gauche réactionnaire (Berg International  Editeurs), Défense du bon sens (Editions du Rocher) et Un  besoin de certitudes (Michalon).

 

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L’antisémitisme de gauche a été l’une des matrices de l’antisémitisme islamiste. Insultes, intimidations, violences et terrorisme, engendrent un sentiment de vulnérabilité, indéniable et inadmissible. Comme l’explique le journaliste Gideon Kouts : « En Israël aussi, il y a beaucoup d’insécurité mais elle n’est pas du même ordre. Là-bas, les juifs se sentent appartenir à une société qui subit le même sort. En France, les forces armées patrouillent devant les écoles juives –  pas devant les autres18 ». 

La thématique générale du racisme est pleine de paradoxes. En France, nombre d’écrivains classés à gauche sont peu ou prou antisémites, tels Jules Vallès, Georges Darien, Hugo, Zola, Maupassant, Renard, Gide, Duhamel, Genet. Ailleurs, l’étude de Victor Teboul, Mythe et images du Juif au Québec, publiée en 1975, montre dans maints romans québécois des stéréotypes antisémites.

Les choses sont complexes. Les paradoxes abondent. Il n’y a pas toujours de logique d’ensemble, ni de solidarité entre les victimes de discrimination ou, du moins, de groupes plus ou moins lésés à certains moments historiques. Une thèse s’intitule « Retorica de la Misoginia Y El Antisemitismo En la Ficcion Medieval ». Mais cette association ne va pas toujours de soi. Historiquement, on pourrait s’attendre à ce que les fortes personnalités féminines, généralement féministes, se soient opposées au racisme… mais on trouve, en réalité, de très nombreux exemples en sens inverse ! Mentionnons, par ailleurs, Gide et Genet, qu’on pourrait qualifier d’écrivains homosexuels à tendances antisémites. 

Outre les changements en cours de route (ainsi Georges Darien, qui a cessé d’être antisémite), on pourrait énumérer des cas de figure qui ne sont pas seulement des exceptions confirmant la règle : des racistes non antisémites (Gobineau) ; des antisémites non racistes (Zola) ; des xénophobes antiracistes (Barrère) ; des racistes théoriques mais pas effectifs (Jules Verne véhicule tous les poncifs antisémites et certains négrophobes, mais prend position contre l’esclavage à l’occasion de la guerre de Sécession et quoiqu’antidreyfusard plaide pour la révision). Sans oublier les racistes effectifs non-théoriciens, voire censément anti-antisémites. Bernard Lewis formule un paradoxe qui, dit-il, peut surprendre, sinon choquer. À savoir qu’il est parfaitement possible de haïr et de persécuter les Juifs sans nécessairement être antisémite.

Extrait de "Antagonismes français" de Marc Crapez, aux Editions du Cerf

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